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Les conseillers d’État font des tas de conseillers (privés)

 

 

Publié le 1 février 2019 par werdna01

Le Canard enchaîné – 23/01/2019 – Odile Benyahia-Kouider –

Les conseillers d’État font des tas de conseillers (privés)

Pour les GAFA, c’est une belle prise de guerre. Amazon France vient de recruter Yohann Bénard, 44 ans, maître des requêtes au Conseil d’État, passé par les cabinets de François Fillon et Christine Lagarde, au poste de directeur de la stratégie (La Lettre A), 19/12/18),  En quatre ans de cabinet ministériel, à Matignon d’abord puis Bercy, Yohann Bénard a vu défiler une bonne partie du CAC 40. Ce rapporteur de la section du contentieux, après un détour chez Nokia, va pouvoir doubler ou tripler son humble salaire…

Google, Orange, Bouygues Télécom, Unibail-Rodamco, Nexity, Engie, Casino, Carrefour… tous ces géants (plus quelques banques) comptent des magistrats administratifs à leur tableau de chasse. Ces recrues connaissent bien les rouages des ministères et ont d’excellents juristes. Quels meilleurs lobbyistes pour contrer l’État ? 

« Ce mouvements ne croît pas, tempère Bruno Lasserre, vice-président du Conseil d’État. Au 1er janvier, 22 membres de notre institution exerçaient dans le secteur privé, sur 346 membres au total, soit 6,4 % des effectifs. En 2011, ils étaient 39 membres. »

Il ne s’agit ici que de « mises en disponibilité », et pas de départs définitifs. Ainsi, en 2018, trois membres du Conseil d’État, Frédéric Salat-Baroux, Henri Savoie et Stéphane Austry, ont demandé leur radiation des cadres après avoir épuisé leur dix années de disponibilité.

 

Factures d’État

En septembre, le recrutement par Orrick – un grand cabinet d’affaires américain – de Laurent Olléon (« L’Obs » 13/09/18) a fait tousser.

Membre influent de la commission des infractions fiscales, le conseiller d’État Laurent Olléon vient d’être recruté comme… avocat fiscaliste par un important cabinet anglo-saxon – au grand bonheur de ses clients. Laurent Olléon et son épouse Fleur Pellerin. (Anne-Christine POUJOULAT / AFP)

Membre influent de la commission des infractions fiscales, le conseiller d’État Laurent Olléon vient d’être recruté comme… avocat fiscaliste par un important cabinet anglo-saxon – au grand bonheur de ses clients. Laurent Olléon et son épouse Fleur Pellerin. (Anne-Christine POUJOULAT / AFP)

 Classé à gauche, l’époux de l’ex-ministre de la Culture Fleur Pellerin présidait, en tant que suppléant, la commission des Infractions fiscales, chargée d’engager les poursuites contre les fraudeurs. Désormais, il conseille les gros clients que le fisc rend nerveux… « Les intéressés ne doivent pas présenter des requêtes ou mémoires devant le Conseil d’État pendant trois ans », objecte Bruno Lasserre. Pas très réaliste : comment les empêcher de tenir la plume d’un confrère avocat ? 

Preuve par l’absurde que le phénomène prospère : le gouvernement d’Édouard Philipe a mandaté le cabinet international Dentons afin de sous-traiter la rédaction de l' « exposé des motifs » de la loi Mobilités ! (« Le Monde », 29/11/18). Et qui dirige le bureau parisien de Dentons ? Marc Fornacciari, ex-maître des requêtes du Conseil d’État, spécialiste des transports.

Ce ne sont pas les bébés Macron, biberonnés aux allers retours public-privé, qui lui jetteront la pierre…

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