Un chantier de nuit sur la ligne Pau-Dax. Si on arrête de payer pour la LGV, concentrons-nous sur les liaisons quotidiennes locales, ont suggéré hier plusieurs élus (photo thierry suire)
Publié le 13/07/2013 à 06h00 | Mise à jour : 13/07/2013 à 16h25
Par JEAN-JACQUES NICOMETTE
Non à la LGV, oui, à la proximité. Tel est le message du Département, qui arrête de financer le tronçon LGV entre Tours et Bordeaux, en attendant des jours meilleurs.
Si elle se fait un jour, la LGV Bordeaux-Espagne ne sera pas réalisée avant 2030. Mais Georges Labazée, le président socialiste du Conseil général, veut croire en cette liaison. Ce qui ne l’empêche pas de prendre acte des choix différents faits par le Premier ministre pour des raisons d’économie. Et de prendre, lui aussi, ses responsabilités.
Devant les conseillers généraux réunis hier à Pau, il a fait connaître sa décision : le département des Pyrénées-Atlantiques suspendra ses paiements pour la ligne à grande vitesse Tours-Bordeaux. Du moins tant que les travaux de la LGV Bordeaux-Espagne n’auront pas débuté. Les sommes en jeu sont conséquentes. Jusqu’à présent, le Conseil général a versé plus de 30 millions d’euros pour le tronçon Tours-Bordeaux. Et il lui reste encore 70 millions à payer.
En revanche, il participera financièrement aux études et aux acquisitions foncières qui continueront à être menées pour le tronçon Bordeaux-Espagne. Le message est clair : quand vous penserez à nous, nous penserons à vous.
Aucun vote n’a été organisé hier sur le sujet. On attendra le mois d’octobre pour cela. Les réactions n’ont cependant pas manqué.
« Le Sud-Aquitaine est sacrifié. Notre territoire est abandonné », a déploré l’UMP Max Brisson. Avant de saisir la mitrailleuse lourde, et affirmer que le coup d’arrêt mis chez nous à la LGV était un échec personnel pour Alain Rousset, président PS du Conseil régional, mais aussi pour Georges Labazée. Un élu qui, selon lui, suit trop le président aquitain dans la roue, en ne songeant pas assez aux intérêts de son propre département. Ambiance.
Comme d’habitude, le Modem Jean-Jacques Lasserre a formulé ses reproches sur un ton plus mesuré. Si le groupe Forces 64 a toujours été favorable à une desserte de Pau et de Bayonne par la LGV, il a aussi refusé qu’on la réalise n’importe comment, rappelle-t-il. C’est-à-dire en acceptant un « mauvais montage financier » qui faisait appel à 59 collectivités locales. Un contrat dans lequel « les conditions de réciprocité n’ont jamais été évoquées ».
« Nous avons perdu la partie quand on a accepté le tracé commun vers Toulouse, à la place du tracé littoral qui était prévu à l’origine », a ajouté l’élu du canton de Bidache. « On s’est placé en concurrence avec Toulouse qui, aujourd’hui, dame le pion à notre département. »
Échange de bons procédés, Georges Labazée a rappelé à l’opposition que le choix de solliciter 59 collectivités territoriales pour financer la Tours-Bordeaux avait reçu à l’époque la bénédiction du gouvernement Sarkozy.
Des élus de gauche sont par ailleurs montés au créneau pour dire leur confiance dans l’avenir, et défendre les choix faits sur la LGV. Bernard Molères (PS, Orthez) d’abord, qui regrette le retard pris par le projet, mais estime que celui-ci n’est pas enterré pour autant. « Nous assumons pleinement la décision qui a été prise. Mais la partie est loin d’être jouée. »
Margot Triep-Capdeville (PS, Billère), ensuite, soucieuse de voir le gouvernement renvoyer aujourd’hui la balle aux Pyrénées-Atlantiques : « Si ce n’est pas la LGV, notre département doit bénéficier de son aide pour d’autres infrastructures sur lesquelles on est en retard ou faible. »
Cet argument de la priorité à accorder aux liaisons locales venait d’être évoqué par Alain Iriart (AB, Saint-Pierre-d’Irube), mais pour de tout autres raisons.
« On s’est fourvoyé sur la prétendue modernité liée à la grande vitesse alors que l’on a des infrastructures et des services de qualité à développer dans ce département. Le simple fait d’entretenir le réseau existant demande des millions d’euros. Il faut arrêter de financer des projets qui nous mènent dans le mur, et qui sont un puits sans fond. Je suis d’accord avec Jean-Marc Ayrault : une priorité doit être donnée au quotidien. »
Le propos a été écouté avec attention par Jacques Pedehontaa (Forces 64, Navarrenx). Car ce dernier a toujours plaidé pour une amélioration de la voie existante entre Lourdes et Dax dans le cadre de l’association LGV Orthez Oui. Il a également été entendu par André Duchateau (PS, Pau), favorable à une remise en état des voies classiques. Tandis que Bernard Dupont (Forces 64, Arzacq) souhaite que l’argent économisé avec l’arrêt des versements pour la LGV soit utilisé sur d’autres dossiers : la Pau- Oloron, la voie ferrée Pau-Dax ou l’aéroport Pau-Pyrénées par exemple.
On en reparle à la rentrée.
Source: http://www.sudouest.fr/2013/07/13/paiements-suspendus-1113763-2780.php