Le projet prévoit la construction d’une plateforme de béton de 100 hectares et de docks de près de 2 700 m. (photo DR)
Publié le 11/05/2013 à 06h00
Par Edith Anselme avec Px.D.
«J’émets un avis défavorable sur la viabilité environnementale du Plan directeur d’infrastructure du port de Pasajes ». Voilà la décision sans ambiguïté formulée, il y a quelques semaines, par Maïté Arrieta, commissaire enquêteur désignée par le tribunal administratif, au terme d’une consultation transfrontalière menée par le biais d’une enquête publique.
Une enquête publique diligentée à l’appel des associations de défense pour l’environnement Cade et ACE Hendaye, auprès de plaisanciers, de pêcheurs, de surfeurs et de scientifiques, mais aussi du Conseil général, de la Communauté d’agglomération Sud Pays basque et des élus du Pays basque français.
RÉNOVER LA BAIE SANS ATTENDRE LE SUPER-PORT
Le Parlement basque - avec les votes des députés du PNV, PSOE et PP - a adopté, jeudi, un amendement dans lequel l’institution assure que la construction du projet de super-port dépendra de « sa viabilité économique, financière, sociale et environnementale ». Et de conclure qu’il est indispensable dans ce cas d’attendre les conclusions du « Plan directeur du port ».
Ce texte incite également les administrations compétentes - Gouvernement basque, Diputación, mairie de Pasajes et ministère des Transports - de ne pas attendre que ce projet pharaonique se matérialise pour restructurer la baie.
600 remarques « contre »
Au regard des conclusions de l’enquête publique, au Nord de la Bidassoa, l’opposition à ce projet - qui prévoit la construction d’une plateforme de béton de 100 hectares et de docks de près de 2 700 mètres, le tout amarré à plus de 40 mètres dans les eaux de Pasajes - est totale.
600 remarques ont été collectées entre le 27 décembre 2012 et le 28 janvier. Toutes opposées au « super-port ». Ce qui inquiète ce sont les « nombreuses altérations et répercussions sur la Côte basque ». Craintes partagées par Maryvonne Gervaise, farouche opposante au projet et responsable de ACE Hendaye, qui juge ce projet « complètement écocidaire ».
« Il touchera aussi bien la terre que la mer du fait que les dégâts environnementaux causés côté mer pèseront également côté terre et vice versa. La construction et l’exploitation du port extérieur de Pasaia influeront sur la dynamique marine, le régime des courants, les sédiments de la plateforme côtière, le désensablement de la plage d’Hendaye. De nombreuses et sévères nuisances, pollutions et altérations seront engendrées tout comme notre patrimoine naturel que beaucoup de monde nous envie », assure-t-elle.
Parmi ces centaines de contributeurs, bon nombre s’alarment des répercussions de ce projet sur l’économie liée aux activités maritimes. « Le port extérieur de Pasaia va perturber tout ce qui a trait à l’économie de la mer et notamment à celle de la glisse profondément liée à l’état du milieu marin. Cette filière représente 700 salariés. Son chiffre d’affaires de 1,1 milliard d’euros pour l’année 2005 équivaut à 50 % du chiffre d’affaires européen pour l’année 2005. En 2010, ce chiffre est passé à 1,7 milliard d’euros (soit près de 80 % du chiffre d’affaires européen). C’est dire l’importance de la Côte basque au niveau de l’économie de la glisse ! », explique Maryvonne Gervaise.
Position ambiguë de Gasteiz
Au Sud des Pyrénées, la construction de ce port artificiel adossé aux flancs du Jaizkibel est plébiscitée par le gouvernement espagnol. De son côté, l’exécutif basque a prévenu : il ne défendra pas ce projet pharaonique, dont la réalisation devrait coûter près de 750 millions d’euros, car « l’urgence est ailleurs », estime-t-il.
Pourtant, la représentante d’ACE Hendaye craint que ce projet aboutisse quand même. « Parallèlement à la position du gouvernement basque, Ana Oregi, conseillère de l’Environnement et de l’Aménagement du territoire du gouvernement basque, a préconisé des investissements de l’ordre de 594 millions d’euros au niveau des plateformes logistiques d’Euskadi dont celle de Lezo-Pasaia et ces démarches sont passées totalement inaperçues. Lors du Forum Europe Tribune Euskadi, elle a réitéré son discours concernant l’intermodalité des transports et de la logistique. » Un serpent de mer qui n’a pas fini de faire trembler les écologistes du Pays basque.
Source : http://www.sudouest.fr/2013/05/11/le-super-port-retoque-1050494-4171.php