Par Jean-Yves Guerin Mis à jour le 04/12/2015 à 19:04
Un pont en construction sur la Dordogne pour la future ligne LGV Tours-Bordeaux. Crédits photo : NICOLAS TUCAT/AFP
INFO LE FIGARO - juge illégal le montant des péages qu'encaissera, à chaque passage de train, Lisea, la filiale de Vinci, chargée d'exploiter cette ligne.
Voilà qui va encore dégrader les relations entre Vinci et la SNCF qui s'affrontent sur la nouvelle LGV (ligne à grande vitesse) Tours-Bordeaux, dont l'ouverture est prévue mi-2017. Selon nos informations, SNCF Mobilités (entreprise ferroviaire) a envoyé le 30 novembre un courrier explosif à SNCF Réseau (gestionnaire des infrastructures), l'autre branche du groupe public. SNCF Mobilités juge illégal le montant des péages qu'encaissera, à chaque passage de train, Lisea, la filiale de Vinci, chargée d'exploiter cette ligne. «Cette tarification ne respecte pas les principes en vigueur», lit-on dans ce courrier que le Figaro a consulté.
Cette accusation intervient dans un contexte tendu. Vinci, qui tablait sur une vingtaine d'allers-retours directs Paris-Bordeaux par jour, fait pression pour que l'État force la SNCF à faire circuler plus des 16,5 allers-retours directs Paris-Bordeaux prévus. Sans un coup de pouce, la faillite de Lisea interviendrait en 2017 ou 2018, selon son patron. Du coup, les banquiers de ce projet à 7,8 milliards d'euros n'ont pas versé la mensualité de novembre (70 millions d'euros). Ils décideront le 20 décembre s'ils continueront à débloquer les prêts pour la construction de cette LGV.
«Pas de recours judiciaire contre les péages»
Ce doute sur la légalité des péages intervient au plus mauvais moment pour Lisea, déjà fragilisé par la perspective d'un trafic insuffisant de TGV. La filiale de Vinci peut craindre que ce coup incite les banquiers à mettre fin aux prêts dans quinze jours.
La SNCF, de son côté, s'attache à éteindre l'incendie. «SNCF Mobilités ne fera pas de recours judiciaire contre les péages, explique-t-on chez le groupe ferroviaire. SNCF Réseau lui a répondu que les tarifs seraient appliqués tels quels car ils ont été validés par l'Arafer, autorité de régulation ferroviaire.»