Transports Publié le mercredi 9 octobre 2013
A l'initiative d'Eurosud Transport, une association qui milite en faveur d'une nouvelle traversée ferroviaire des Pyrénées, une centaine d'élus ont participé le 9 octobre à une conférence dont les conclusions sont sans détour : que la LGV Bordeaux-Toulouse soit réalisée avant 2030 est une bonne chose ; pour autant, la perspective reste incomplète.
Pour le Sud-Ouest, l'enjeu est énorme. Ce message, les élus qui ont fait le déplacement le 9 octobre à Paris, avec parmi eux les trois présidents des régions (Midi-Pyrénées, Aquitaine et Languedoc-Roussillon) et les deux maires des villes les plus directement concernées (Bordeaux et Toulouse), n'ont cessé de le marteler. Dans la région, la grande vitesse se fait attendre. "Grande oubliée de la grande vitesse ferroviaire" - l'expression est d'Alain Rousset, à la tête de la région Aquitaine – ce grand quart Sud-Ouest affiche pourtant des atouts, sa croissance démographique et économique surtout, qui font que la desserte TGV y a été évoquée dès les années 1990. Le sujet est depuis comme un serpent de mer qui ressort périodiquement. S'il avait buté jusque-là sur la gouvernance et le financement, le projet a été remis sur le tapis il y a cinq ans, à l'occasion des débats sur le schéma national des infrastructures de transport (Snit). Conçu par le précédent gouvernement, les orientations de ce schéma ont été retravaillées par la commission Mobilité 21 pilotée par le député PS du Calvados Philippe Duron, qui a rendu son rapport en juin dernier. En juillet, une délégation de grands élus aquitains rencontrait le ministre des Transports Frédéric Cuvillier pour lui demander de ne pas suivre les préconisations inscrites dans ce rapport. Bingo : le Premier ministre en a tenu compte dans ses arbitrages et retenu dans le plan d'investissements d'avenir le fait qu'une seule ligne à grande vitesse soit construite d'ici 2030, sur l'axe Bordeaux-Toulouse. "Une décision qui donne à cette quatrième ville du pays qu'est Toulouse des perspectives à la hauteur de ses enjeux de développement. Enfin, des assurances et des perspectives claires ont été données pour mettre en place cette LGV", applaudit Jean-Louis Chauzy, président du Conseil économique, social et environnemental de Midi-Pyrénées et d'Eurosud Transport. Plus en détail, les travaux devraient être programmés entre 2018 et 2030, pour un coût d'environ 7 milliards d'euros et un temps de trajet Paris-Toulouse de trois heures (contre plus de cinq heures actuellement). Une cinquantaine de collectivités participent au financement du chantier.
Il persiste néanmoins une ombre au tableau : selon Jean-Louis Chauzy, l'axe Bordeaux-Toulouse n'est ainsi qu'une "première phase d'un projet plus global et ne doit pas faire oublier l'importance majeure des connexions européennes que sont Bordeaux-Espagne, Montpellier-Perpignan et Toulouse-Narbonne". Un constat partagé par Alain Rousset, qui défend bec et ongles la ligne Bordeaux-Hendaye, dans les Pyrénées-Atlantiques, et rappelle que les études se poursuivent sur la liaison pour l'Espagne, avec un dossier toujours ouvert mais qui avance lentement. Manifestement unis dans cette volonté d'interconnecter plus de villes, dont Dax et Perpignan, par la grande vitesse, les élus présents dégainent également l'argument du financement européen. "La conversion à la grande vitesse de ces portions de lignes européennes est financée à hauteur de 30 à 35%, il faut donc de l'ambition !", conclut Jean-Louis Chauzy. Avec l'appui de ces élus qui font bloc, Eurosud Transport sollicitera dans les prochains jours un entretien sur le sujet avec le ministre de l'Ecologie, Philippe Martin.
Morgan Boëdec / Victoires éditions