Manifestation du 11 décembre 2010 Bayonne (photo ACE)
Mr François TELLIER Urrugne le 1er Février 2011
770, chemin de Kanpobaita
64122 Urrugne
Mr Laurent NUÑEZ
Sous-préfet de Bayonne
2 Allées Marines
64100 Bayonne
Objet : GPSO ligne nouvelle Bordeaux Hendaye
Monsieur le Sous-préfet,
La forte mobilisation des populations du 11 Décembre 2010 contre le projet de ligne nouvelle n’a fait l’objet d’aucune réponse de nature à apaiser les esprits, pire, les sondages qui se mettent en place ont suscité une vive émotion qui peu à peu se transforme en véritable colère.
Permettez-moi de venir vers vous sur 2 points qui me paraissent fondamentaux :
La saturation annoncée de la ligne existante : selon les propres termes du ministre en date du 27 Septembre 2010, lorsque la ligne existante ne permettra plus de répondre aux besoins de trafic, une nouvelle ligne sera mise en service.
Lors du débat public de 2006, RFF avait fixé à 2020 la date de saturation de la ligne existante, s’appuyant sur des prévisions qui se sont avérées complètement fausses. En effet, le chiffre de 160 trains de fret quotidiens sur la ligne nouvelle et 49 sur la ligne existante, en provenance ou en direction de la péninsule Ibérique avait été avancé, alors qu’aucune étude de trafic au sein de la CAPV ne venait étayer ces données.
A la suite du débat public, en Février 2008, le gouvernement autonome basque faisait paraître un rapport estimant l’incidence du Y basque en construction, sur le transport des marchandises au sein de la communauté autonome. Il apparaît très clairement dans ce rapport que le nouveau réseau servira prioritairement à satisfaire les besoins de mobilité de la population basque, et seule la capacité résiduelle (60 trains quotidiens) sera affectée au transport de marchandises. Ce nouveau réseau libérera des sillons sur les voies existantes en Euskadi, lesquelles rénovées réaménagées modernisées et mises aux normes européennes, permettront un trafic fret plus important grâce à un matériel roulant compatible. L’ensemble de ce nouveau trafic 2 réseaux réunis et à saturation (Y + conventionnel mis aux normes européennes) est évalué à 94 trains quotidiens (54 autoroute ferroviaire + 40 TC) qui franchiront la Bidassoa, 2 sens confondus, à l’horizon 2020. C’est le chiffre qui a été avancé par RFF auprès de Mme Meaux, avec lequel nous serions plutôt en accord (notre souhait serait de parvenir à 10 millions de t/an avec 41 trains longs conditionnés à Hendaye transportant en moyenne 800t nettes). Cela représenterait 16% du transport terrestre ce qui « serait déjà un beau succès » selon le rapport du Conseil Général de l’Environnement et du développement Durable de septembre.
Pour rappel, en 2010 le trafic à Hendaye atteint une baisse historique avec 1,1 millions de t/an pour la SNCF et 0,55 pour le privé, et le lobby des régions de l’arc atlantique récemment mis en place, ambitionne de passer de 4 actuellement à 8% la part ferroviaire du fret terrestre dans l’état espagnol après mise aux normes européennes du réseau.
Nous sommes très loin de la saturation annoncée, d’autant que la rénovation des voies existantes s’annonce plus problématique que prévu, étant donné la situation économique de l’Espagne.
La volonté de RFF de saturer artificiellement les voies existantes ne s’arrête pas là, en effet, dans le rapport intitulé : Mission de médiation au Pays Basque on voit apparaître une demande de 80 sillons pour les TER alors que, lors du débat public cette demande n’était que de 50 sillons. A défaut d’apparaître irréaliste ce chiffre est complètement farfelu, il faut pour cela se pencher sur les données objectives du réseau régional. En 2009 après l’ajout de 4 trains supplémentaires et la mise en place d’un cadencement par la région, force est de constater un recul de la fréquentation sur la ligne Bordeaux –Hendaye, pire, le remplissage moyen sur cette ligne est de l’ordre de 30 à 40 voyageurs par train ! Quand on sait que la région s’apprête à acquérir du matériel roulant pouvant contenir jusqu’à 1000 passagers selon les configurations ; les marges de progression sont tout à fait conséquentes sans recourir à des trains supplémentaires.
Toutes ces données sont connues des populations (pas toutes malheureusement) et les pousse à l’exaspération devant ce que l’on peut appeler un véritable détournement de l’argent public consacré à l’élaboration de ce projet, en ces périodes difficiles pour beaucoup.
Pour ces raisons (qui ne sont pas les seules) nous demandons qu’un moratoire soit apposé sur ce projet inutile, ruineux et élaboré à partir de données mensongères.
La progression du trafic ferroviaire va voir les nuisances augmenter considérablement sur la ligne existante puisque elle accueillera l’intégralité de ce trafic. Les propositions avancées par nos associations (pont sur l’Adour à 3 voies « envisagé par RFF dans les documents du débat public : scénario de mixité courte », afin d’éviter le cisaillement par les trains de Pau ou St Jean pied de port, et préserver l’intégralité de la capacité de la ligne pour le trafic Bdx-Hendaye, réhabilitation des voies d’évitement qui ont été supprimées, réduisant ainsi les capacités etc… bref, un vrai sabotage de la ligne) n’ont eu aucun échos. Pire, lorsque l’on a demandé à RFF (en présence de Mr le Préfet lors de la présentation par Mme Meaux de son rapport) s’ils étaient astreints aux mêmes exigences en matière de captage des bruits sur les lignes nouvelles et lors du réaménagement de la ligne existante, aucune réponse n’a été apportée malgré la promesse qui en avait été faite. Tous ces éléments font naître une inquiétude légitime chez les riverains qui vient s’ajouter à l’exaspération des populations.
C’est pourquoi nous demandons qu’un débat soit ouvert sur la modernisation, l’aménagement capacitaire et la protection des riverains des voies existantes, et ce, sur des bases sérieuses et crédibles.
J’ose espérer Monsieur le sous-Préfet, que ma requête qui est aussi celle de milliers de personnes soucieuses de l’état dans lequel nous laisserons notre environnement aux générations futures, rencontrera un écho favorable. Alors qu’une remise en cause de ces projets faramineux se met en place au niveau national, la participation citoyenne à la décision publique préconisée par le Grenelle de l’environnement fait cruellement défaut. On peut d’autre part, s’interroger sur le caractère européen de ce projet, sachant qu’il ne sera ni à grande vitesse dans son tronçon transfrontalier, ni doté du système européen de contrôle des trains (ERTMS). Il est urgent d’examiner avec soin les possibilités de la ligne existante et confirmer j’en suis convaincu, qu’elle peut aussi jouer efficacement le rôle de trait d’union partiel entre la péninsule Ibérique et le reste de l’Europe ; ce qui nous amènera à lever le moratoire et à abandonner ce projet de ligne nouvelle dans la sérénité enfin retrouvée.
Dans l’attente de votre réponse, veuillez agréer Monsieur le sous-Préfet, mes salutations les plus respectueuses.
Mr F. TELLIER
Président de l’association Nivelle Bidassoa
Vice-president du CADE
Copie des présentes est envoyée à Mr le Préfet coordonnateur, Mr le Président de la Région Aquitaine ainsi qu’à la presse