Oct. 2020|Catégories : Écosystème forestier
Découvrez la méthode Miyawaki, cette fabuleuse technique de plantation qui permet de créer des écosystèmes de forêts centenaires en quelques dizaines d’années !
Qui est le professeur Miyawaki ?
Le Pr. Akira MIYAWAKI, né en 1928 est un botaniste Japonais expert en écologie rétrospective appliquée à la restauration des forêts indigènes.
Dans les années 1970, il a développé une méthode de reforestation se référant à la « végétation naturelle potentielle ». Cette méthode qu’il a testé et affiné dans le monde entier, porte désormais son nom : la méthode Miyawaki.
Elle permet de restaurer des forêts natives, exclusivement composées d’essences d’arbres indigènes. Et ce, quelques soient les conditions de sol et de climat. Effectivement, le professeur Miyawaki a montré au cours de ces recherches et expériences, que les plantations dont la composition et la structure sont les plus proches de ce qu’elles seraient en forêt (en l’absence d’activités humaines) ont une excellente résilience écologique et poussent très rapidement. (Voir article «Akira Miyawaki, l’origine de sa méthode de reforestation »)
En 2006, les travaux du Pr. Miyawaki ont été récompensés par le Prix Blue Planet, qui est l’équivalent du Prix Nobel d’écologie. Il a également été professeur émérite de l’Université de Yokohama et directeur honoraire du centre japonais d’études internationales en écologie.
Grâce à la méthode Miyawaki, à ce jour plus de 40 millions d’arbres ont été plantés dans le monde. Ce qui représente environ plus de 3000 forêts natives.
Les principes de la méthode Miyawaki
L’intention derrière la méthode Miyawaki est de créer, à partir de plantations, des forêts natives multi-strates, denses et résilientes.
Ces forêts ont donc une finalité très différente des méthodes classiques, tels que :
- la plantation ornementale à partir de sélection variétale ou transformées,
- la sylviculture traditionnelle pour la production de bois (plantation en monoculture de conifères ou essences exotiques à croissance rapide).
Elles joueront plutôt le rôle d’îlots de fraicheur et de biodiversité en zones urbaines et péri-urbaine. Ou permettront encore de réensauvager des zones rurales avec des essences indigènes, anciennement présentent.
La méthode Miyawaki se décompose en 4 étapes à suivre rigoureusement afin de garantir les résultats attendus :
Étape 1 : concevoir la future forêt native.
C’est l’étape la plus importante d’un projet de plantation. Elle consiste à observer et analyser la zone à reforester afin de déterminer la nature du sol présent, et d’identifier la végétation naturelle potentielle du site. L’objectif ici est d’établir la liste des essences indigènes (qui étaient présente autrefois et/ou qui pousseraient spontanément sans intervention humaine) de cet environnement donné.
Pour composer la future forêt, une trentaine de ces essences indigènes seront sélectionnés et réparties en proportions données en fonction de leur strate de végétation : arbustive, arborescente et canopée (ou grands arbres).
La plantation d’essence exclusivement indigène (ou native) à la zone reforester permet d’assurer la bonne résilience de la forêt native. Effectivement, ces essences ont évolué depuis des milliers d’années pour s’adapter aux conditions climatique et environnementale de leur milieu.
Étape 2 : faciliter le développement racinaire et la croissance des jeunes arbres
L’un des facteurs déterminant à la croissance des végétaux et à leur bonne santé est la qualité du sol. Jouant le rôle de support pour les jeunes arbres, il doit présenter une qualité optimale pour un bon enracinement et ainsi favoriser leur croissance.
Selon la nature du sol présent en place, et après l’avoir analysé, le terrain doit être aéré et amendé. Il est ainsi décompacté sur une profondeur de plus ou moins cinquante centimètres et enrichi d’amendements naturels requis (fumier, compost, paillage…).
Ce travail préliminaire de préparation du sol permet aux jeunes plants d’avoir à disposition tous les éléments nutritifs nécessaire, et de pouvoir croitre dans des conditions favorables dès les premières années.
Étape 3 : planter « aléatoirement » et densément
L’une des particularités de la méthode Miyawaki est la densité de plantation. Effectivement, l’objectif est de recréer les conditions de répartition et de croissance qui s’opèrent spontanément dans la nature. Et lorsque l’on observe une forêt inexploitée, la densité de végétation est relativement importante.
Partant de ce principe, en région tempéré, l’objectif est de planter aléatoirement trois arbres par mètres carrés. Et de répartir dans chaque mètre carré les trois strates de végétation (arbustive, arborescente et canopée) qui composent les forêts naturelles.
Cette densification par strate génère une compétition saine pour capter les apports de lumière, favorisant ainsi la croissance des jeunes arbres. Une coopération entre différentes essences complémentaire s’opère également.
Pour favoriser la survie de la plantation dès les premières années, ne sont plantés que des jeunes plants d’un à deux ans (30 à 60cm de hauteur) et majoritairement issus de semis.
Étape 4 : Entretien et autonomie
L’une des particularités majeures de la méthode Miyawaki est que les forêts ainsi créées s’autogèrent très rapidement.
Un léger entretien de la plantation doit avoir lieu pendant les deux à trois premières années seulement. Après cette période, les forêts natives dépassent généralement les trois mètres de hauteur et leur densité est optimale. Elles deviennent ainsi autonomes et aucune intervention n’est requise.
Ces petits écosystèmes forestiers vont continuer à se développer et s’autoréguler de manière naturelle. Apportant ainsi de nombreux bénéfices environnementaux, qui profiteront directement à la faune locale et aux générations présentes et futures.
Les avantages de la méthode Miyawaki
Comme nous l’avons évoqué précédemment, de par la densité de plantation, la méthode Miyawaki permet de recréer des forêts natives sur des surfaces réduites. On considère que 100m² suffisent pour restaurer un petit écosystème forestier riche et résilient.
Des forêts en zone urbaine
A partir de là, ces petits poumons verts peuvent être aisément introduit en zone urbaine. Une mini forêt urbaine pour remplacer 9 places de parking, ne serait-ce pas une bonne idée ?
Car oui, grâce à la méthode Miyawaki, il est tout à fait possible de restaurer des sols dégradés, autrefois recouvert de béton. Un tel atout qui permet ainsi de favoriser l’infiltration des eaux de ruissellement, d’éviter les inondations, de recharger plus efficacement les nappes phréatiques et d’éviter l’érosion des sols !
Introduite dans un tel environnement, elles agissent rapidement et efficacement sur la qualité de l’air. Elles peuvent faire diminuer considérablement les particules fines, d’environ 50%. Elles jouent aussi le rôle de centrale de stockage de Carbone, qu’elles viendront transformer en bois et stocker dans le sol. Tout en restituant une importante quantité d’Oxygène en contrepartie dans l’atmosphère, grâce au fabuleux phénomène de photosynthèse.
Dans ce contexte, elles agissent également en véritable régulateur de température. En été, elles peuvent faire diminuer de plusieurs degrés la température (au moins 2°C) dans l’environnement immédiat. Et ce, par le phénomène d’évapotranspiration des feuilles.
Une croissance 10 fois plus rapide
Ces forêts natives ont également la particularité de croitre relativement rapidement, d’environ un mètre chaque année. Ce qui leur permet d’être autonome au bout de deux à trois ans et de ne nécessiter aucun entretien après cette période.
Effectivement, l’un des objectifs majeurs de la méthode Miyawaki est de recréer des écosystèmes forestiers primaires dix fois plus vite qu’avec la succession écologique. Ce terme désigne « le processus naturel d’évolution et de développement d’un écosystème en une succession de stades : de la recolonisation initiale à un stade théorique d’équilibre dit climacique ». Dans les régions tempérées, le climax est un stade forestier, qui tend à devenir forêt primaire après 700 à 1000ans.
Cette rapidité de croissance permet donc de bénéficier à court terme de brise-vent, brise-vue ou encore barrière acoustique naturelle. De profiter d’une abondance de ressources comestibles produite par diverse essences fruitières. Et également d’agir rapidement pour la préservation de la faune grâce au rôle d’îlots de biodiversité résilients et pérennes que jouent ces forêts natives.
Résumé des bénéfices de la méthode Miyawaki
Les bénéfices générés par les forêts natives sont donc nombreux et touchent différents secteurs : environnemental, économique, social.
Voici une liste non exhaustive des bénéfices que procurent la méthode Miyawaki :
- Surface de plantation réduite (100m²),
- Croissance rapide d’un mètre par an,
- Amélioration de la qualité de l’air (stockage de CO2, production d’oxygène, réduction des particules fines),
- Régulation de la température (-2°C dans l’environnement proche en été),
- Îlots de biodiversité,
- Restauration et protection des sols de l’érosion,
- Infiltration des eaux de ruissellement et limitation des inondations,
- Brise-vent, brise-vue et barrière acoustique naturelle,
- Production de nourriture,
- Réduction des frais d’entretien d’espace vert,
- Valorisation du foncier,
- Augmentation du bien-être et réduction du stress,