Le tribunal administratif de Grenoble a annulé jeudi 16 juillet l’arrêté qui permettait de déroger à la loi sur l’eau. Les travaux du Center Parcs de Roybon ne peuvent pas reprendre.
Victoire de l’environnement à Roybon : le projet de Center Parcs est recalé par le tribunal
17 juillet 2015 / Clémentine Méténier (Reporterre) Grenoble, correspondance
Cette fois-ci, le projet de construction du Center Parcs de Roybon est bel et bien suspendu. Jeudi 16 juillet, le tribunal administratif de Grenoble a annulé l’arrêté préfectoral déposé le 3 octobre 2014 par la Préfecture de l’Isère qui autorisait le projet de construction au titre de la loi sur l’eau. Cette décision rend illégale la poursuite des travaux dans la forêt de Chambaran (Isère). Elle va dans le sens de celle rendue par le rapporteur public en charge du dossier, le 2 juillet dernier.
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En effet, ce dernier estimait que les mesures proposées par le groupe Pierre et Vacances pour compenser les dommages environnementaux du chantier n’étaient pas suffisantes. Il demandait au tribunal administratif « l’annulation totale, immédiate et rétroactive » de l’arrêté du 3 octobre. C’est donc chose faite avec l’avis rendu par le tribunal. Un seul des deux arrêtés préfectoraux mis en cause par les opposants au projet (associations écologistes, habitants, pêcheurs), celui relatif à la loi sur l’eau, a toutefois été annulé ; l’autre recours, engagé contre l’autorisation de destruction d’espèces protégées, a en effet été rejeté.
« Les dommages écologiques seraient énormes »
Malgré ce rejet, cette décision est bel et bien ressentie comme un succès par les opposants. Pour le porte-parole de la FRAPNA (Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature), « c’est une victoire ». Il s’agit même « d’une remise en question du modèle des Center Parcs », estime Benoît Hartman, porte-parole de France Nature Environnement. « Est-il nécessaire d’artificialiser la nature pour la faire aimer ? Préférons l’éco-tourisme qui valorise le patrimoine naturel et culturel de la France sans le détruire. »
Les pêcheurs ont également leur mot à dire. Christian Brély, président de la Fédération de la Drôme pour la pêche, réagit : « En accord avec notre mission de défense des milieux aquatiques, nous avons toujours dit que ce lieu n’était pas le bon et que les dommages écologiques seraient énormes. Nous avons été les premiers à alerter et à emprunter des voies légales il y a plus dix ans. »
Au cœur de la forêt de Chambaran, il s’agit de construire 990 habitations autour d’une « bulle tropicale » d’au moins 200 hectares.
De son côté, le groupe Pierre et Vacances, « convaincu du bien-fondé économique et environnemental du projet sur lequel il est engagé depuis sept ans », déclare vouloir faire appel. L’association de soutien Vivre en Chambaran, quant à elle, ne désarme pas. Pour son président Christian Lucciani, « le projet verra le jour car c’est une question de survie pour ce village ». Selon lui, le rejet du deuxième recours concernant les espèces protégées pourrait permettre de continuer le défrichement, déjà réalisé sur 40 des 80 hectares de forêt concernés. Mais, dit M. Lucciani, « la saison n’est pas appropriée et le défrichement ne pourrait reprendre que pendant l’hiver ». Une analyse contredite par Stéphane Peron, de l’association Pour les Chambaran sans Center Parcs : « Le défrichement est normalement interdit à l’issue de cette décision, tout est lié, car un défrichement aura une atteinte sur les zones humides. »
Sur place, le chantier de destruction est à l’arrêt et les zadistes occupent toujours la maison forestière dite "La Marquise", échappant à l’évacuation de la zone qu’avait annoncée Jean-Paul Bonnetain, préfet de l’Isère.
Depuis le 15 juillet, un festival bat son plein à La Marquise, sous le thème "Enracinons la résistance".
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Photos : © Andrea Barolini/Reporterre
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