Suite à l’alerte que nous a fait parvenir Surfrider fondation au sujet d’une pollution par des microdéchets de la baie de Txingudi à Hendaye, nous (ACE* ; ADNPB** et CADE***) partons visiter cet espace naturel et ceci dans le(s) but(s) de voir :
- Ce qu’il en est réellement.
- L’état de conservation de cette zone de protection des oiseaux sauvages classée ZICO et SPS sous le statut juridique Natura 2000****.
Arrivés sur les lieux, un vol important de goélands et mouettes tournoyant au dessus de la zone nous indique l’emplacement des macrodéchets. Ces oiseaux marins sont bien connus des décharges à ciel ouvert qu’ils prospectent à la recherche de nourriture.
Des monticules de macrodéchets sont « installés » et regroupés à l’abri des regards au bout de la « plage « du club nautique et des engins lourds sont en pleine activité sur tout le périmètre de la dite plage:
a) Une pelleteuse racle le sable qu’elle met dans une benne où se trouve des gravats et non des galets. Les cailloux ont les bords anguleux signe qu’ils ne proviennent pas de la mer où les galets sont ronds, aplatis et aux bords émoussés, mais qu’ils proviennent d’un chantier, d’une voierie et/ou de toute autre démolition.
b) Un engin, style énorme pelleteuse, s’active en dégageant grosso modo des souches d’arbres, des branches et racines du sable et en fait des tas. Un tracteur nettoyeur des plages prend la relève et passe au tamis tout ces « déchets ».
c) Une pelleteuse déverse des racines et tronc d’arbres dans une benne qui sera par la suite chargée sur un camion et bâchée.
Ces macrodéchets ne sont pas des échouages venus avec des laisses sur la plage mais proviennent de chantier de démolition. On y trouve des tuyaux de conduits de câbles, un casque orange de chantier, du bois non flotté telles que des traverses de chemin de fer et des planches d’échafaudages etc…etc….
L’activité des engins est très importante et bruyante sur cette plage découverte à marée basse contrairement à ce qu’attendent les oiseaux (la remontée d’une microfaune émergeant de ces sables profondément remués) et elle est néfaste pour eux car le tassement et le piétinement dus à ces engins très lourds suppriment toute possibilité de renouvellement de la microfaune du sol. Les sables deviendront azoïques et il y aura un manque de ressources naturelles pour les oiseaux.
Nous ne connaissons pas le pourquoi d’une telle activité ?! Dans quels buts ?! Aucun panneau ne signale ces travaux en cours alors que celui signalant que nous sommes dans une réserve d’oiseaux est toujours en place et où il est d’ailleurs souligné que « Tout dérangement (est) néfaste au niveau de la faune »….
Quel est le devenir de cette zone qui ne cesse d’être dégradée et anthropisée ?! Quel est l’avenir du Tournepierre (Arenaria Interpres) qui cherche en vain sa nourriture (puces de mer et petits vers de vase) ?! Va-t-on lui dire sous les pavés la plage ?!
En conclusion, à la suite de nos observations et de l’inventaire du matériel utilisé : Une pelleteuse qui sert normalement aux travaux de terrassement, d'extraction, de manutention, d'assainissement, de démolition...Une machine dénommée « chargeur », en termes de BTP, qui dispose à l’avant d'une benne de grande taille (godet). On utilise cet engin principalement dans les chantiers de terrassement, au chargement des camions, ou encore pour créer, modifier, et déplacer de manière rapide des tas de terres excavées. Un gros tracteur, style nettoyeur des plages, avec à l’arrière un « tamiseur cribleur « qui élimine totalement le sable tout en collectant les déchets de toute nature et à l’avant une énorme fourche spécialement conçue pour le ramassage des algues et de tous autres détritus (bois, filets, fûts, plastic…) tout en enlevant un minimum de sable. Deux camions vont et viennent, et 2 bennes sont déposées au fond à l’orée de la plage du club nautique. Tous ces engins s’activent frénétiquement. Ce spectacle est totalement irréel et inacceptable sur une zone Natura 2000…….. Nous n’avons nullement l’intention de polémiquer stérilement sur le fait de qui à fait quoi et n’attendons aucune justification oiseuse. Tout commentaire relativisant ou justifiant cet acte de pur vandalisme serait une insulte à l’intelligence de tout quidam.
Nous demandons, nous exigeons :
- Un sérieux état des lieux de la baie de Txingudi considéré comme un milieu naturel exceptionnel et une réserve naturelle d'oiseaux classée Natura 2000.
- L’adoption d'un plan de gestion de la baie de Txingudi, qui tienne compte des exigences de conservation imposées par les deux directives européennes transcrites dans le droit français citées précédemment.
- Un engagement ferme de réhabilitation, en dehors de tout discours néo-écologique, cette baie est un lieu de repos pour les oiseaux et doit le redevenir.
ACE* Action Citoyenne Environnementale
ADNPB** Association des Naturalistes du Pays Basque
CADE ***Collectif des Associations de Défense de l’Environnement Pays Basque Sud des Landes
Natura 2000 **** Natura 2000 repose sur deux directives européennes transcrites dans le droit français. La directive Habitat 92/43/CEE du 11 mai 92 et la directive oiseaux 79/409//CEE du 2 avril 1979.