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6 novembre 2012 2 06 /11 /novembre /2012 16:54

 

 

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Par Myriam Chauvot et Pierre de Gasquet | 06/11 | 07:00 | mis à jour à 10:50

 

La Cour préférerait une amélioration de la liaison actuelle, à cette nouvelle ligne ferroviaire à grande vitesse de 26 milliards d'euros. D'autant que le trafic de fret n'a pas connu l'envolée prédite depuis vingt ans sur cet axe. Mais le projet est politique.

Depuis l'accord franco-italien de 2001, le projet de ligne ferroviaire à grande vitesse (LGV) entre Lyon et Turin est un serpent de mer qui ne refait surface que pour mieux replonger. D'où, peut être, le scepticisme transpirant du rapport que lui a consacré cet été la Cour des comptes. et qui vient d'être mis en ligne.

 « Le projet a connu une dynamique propre », constate, pince-sans-rire, la Cour des comptes face à l'explosion du coût prévisionnel du projet. Il est passé de 12 milliards d'euros en 2002 à 24 milliards en 2011 et 26 milliards aujourd'hui.

 Il faut dire que la France et l'Italie n'ont pas mégoté : pour franchir les pré-Alpes et les Alpes françaises, les deux pays ont choisi la solution la plus onéreuse, celle d'un tunnel de très grande longueur, « alors que d'autres Etats (Slovénie, Hongrie) ont opté, pour des raisons financières, pour une modernisation progressive des lignes existantes, souligne la Cour des comptes. Il apparaît que d'autres solutions techniques alternatives moins coûteuses ont été écartées ».

 Comment justifier un tel coût ? Par des prévisions d'explosion des besoins de fret. Problème : déjà en 1993, la direction des routes estimait les prévisions surestimées et « depuis 1999, les trafics de marchandises ont diminué dans les Alpes françaises », remarque la Cour. Selon l'accord franco-italien de 2001, la nouvelle liaison Lyon-Turin doit entrer en service à l'horizon de saturation des infrastructures existantes. Soit 2025 pour le tunnel, si les travaux débutent fin 2012, comme prévu. Or les études de trafic ne prévoient de saturation de la ligne historique qu'en 2035. Autant dire qu'il n'y a plus de raison de démarrer ce projet. Pour ceux qui n'auraient pas saisi le message, la Cour a conclu son référé par des paragraphes intitulés « une faible rentabilité socio-économique » et « un financement non-défini » avant de recommander de ne pas fermer la porte à une alternative qui serait l'amélioration de la ligne existante.

 Des « engagements internationaux »

Matignon a répondu, point par point, dans une note très technique, où le véritable enjeu n'apparaît finalement qu'à la dernière page : « l'action du gouvernement dans la conduite de ce projet s'inscrit dans le cadre d'engagements internationaux qui ont été récemment renouvelés ». C'est un projet intergouvernemental, donc politique. Du reste, la commission mise en place récemment pour passer au crible le schéma national des infrastructures de transport a précisé d'emblée que Lyon-Turin n'était pas de sa compétence. De fait, ce rapport, dit « référé », risque de surprendre les autorités italiennes. A cinq mois des élections législatives, le gouvernement Monti a décidé d'allouer 790 millions sur trois ans à la phase d'étude concrète de la ligne dans son projet de budget 2013, en examen au Parlement. Il s'est aussi engagé à poursuivre le projet Lyon-Turin, garantissant « la continuité de l'action dans le temps, indépendamment de qui sera au gouvernement » après 2013. Enfin, c'est l'un des principaux dossiers qui seront examinés au prochain sommet franco-italien du 3 décembre à Lyon.

 « Avis consultatif »

Selon le calendrier annoncé par le commissaire du gouvernement Mario Virano, président de l'observatoire sur la haute vitesse, le projet de tracé final devrait être prêt le 9 janvier 2013, un délai de 6 à 8 mois étant encore nécessaire pour son approbation définitive et le lancement des appels d'offres avant la fin 2013. Avec les 790 millions d'euros de la phase d'études (comportant le percement de galeries), la quote-part italienne de l'enveloppe globale du projet est estimée à 2,4 milliards d'euros. Le référé de la Cour des comptes garde la valeur d'un « avis consultatif », note un observateur à Rome et reflète bien les propos de François Hollande, lors du dernier sommet franco-italien : « concilier la chaleur de nos engagements et la tiédeur de nos conseillers budgétaires ».


 

Source: http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/auto-transport/actu/0202365583659-la-cour-des-comptes-critique-vertement-le-projet-lyon-turin-507491.php

 

 

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