Rédaction - 15/11/2010 | eitb.com |
Le CADE vient de communiquer à la presse la totalité de la contre-étude de sa pollution radioactive, que la Région Aquitaine ne semblait pas bien pressée de communiquer, et que eitb.com met en ligne.
A l'origine de la dénonciation publique en 1997 de la contamination radioactive de l'ancienne usine Fertiladour du Boucau (Port de Bayonne), le CADE (Collectif d'associations pour la défense de l'environnement) vient de communiquer par mail à la presse la totalité de la contre-étude menée pendant l'été 2010 par le laboratoire ACRO et en possession de la Région Aquitaine depuis le 1er octobre.
A l'origine de cette initiative, le silence de l'exécutif aquitain, qui a commandité cette étude suite aux nombreuses alertes lancées par le CADE, mais qui n'a pas répondu à la demande de sa communication que ce collectif a adressé à Bordeaux le 8 octobre dernier.
Une attitude incompréhensible pour ce collectif qui a grandement contribué par ses dénonciations à éviter à la Région de se rendre acquéreur des terrains de Fertiladour mais également de sa pollution, dont le traitement "à un niveau normal" est aujourd'hui estimé à 25 millions d'euros.
Heureusement, se félicite le CADE avec le sourire, "la Région n'est pas totalement étanche", ce qui lui a permis de mettre la main sur ce document.
Dans cette contre-étude, que la rédaction d'eitb.com met en ligne, se trouve la confirmation de tout ce qui a été dénoncé depuis plus de 13 ans par ces militants, que cela soit la notion de dépollution au rabais ou l'opération de maquillage par l'industriel des terres contaminées que l'on retrouve encore massivement dans plus de 2 hectares du site.
Pour le CADE, l'arrêt des négociations pour l'acquisition des terrains de Fertiladour ne doit pas signifier que le dossier est clos, "nous considérons que le temps des occultations doit cesser", insiste leur communiqué.
Le 4 novembre dernier, le conseiller régional socialiste de Bayonne, Mathieu Bergé, s'était insurgé contre l'initiative d'Europe Ecologie-Les Verts d'en dévoiler partiellement les conclusions la veille.
Pour le nouvel élu de la Région, cette pratique reflétait "une irresponsabilité certaine" vis à vis d'un "dossier qui mérite les plus grandes précautions tant dans le domaine technique que dans la manière d’informer". Et Mathieu Bergé de mettre en garde contre "une divulgation sans aucun contrôle d'informations, de nature non seulement à semer le trouble dans l'opinion publique mais surtout à mettre en cause la probité d'agents assermentés de l'Etat et d'agents territoriaux au service quotidien de l'intérêt général".
Une réaction proche de celle, très fraîche, qui accompagna la publication de notre article sur l'existence d'un "cabinet noir" à la Région, qui œuvra plusieurs mois durant pour accélérer l'achat "en aveugle" des terrains pour 6 millions d'euros. En estimant que "les dernières révélations d'EITB sur le broyage de monazite venant d'usines d'armement américaines" étaient de nature à exiger toute la lumière possible sur ce dossier, le CADE entend bien rappeler à la Région Aquitaine que "les citoyens ont droit à l'information".
Un "droit" que, dans la semaine, nous nous ferons également le "devoir" de compléter.
Les principaux enseignements de la contre-étude de l'ACRO
Les mesures de radioactivité sur le terrain dépassent en certains points la valeur de 0,5 µSv/h retenue comme seuil par l'injonction préfectorale de juin 1998, et ce en contradiction avec les affirmations de l'industriel en juillet dernier, dans son dossier de cessation d'activités que la DREAL (ex-DRIRE) n'avait pas contestées.
Un "bouclier de confinement" constitué de graviers et de scories ne permet pas de caractériser les niveaux de pollution des sols en fonction de la profondeur, mais une modélisation physico-radiologique permet de supposer que la pollution réelle est très largement supérieure aux injonctions de 5 becquerels par gramme de terre fixées par arrêté préfectoral.
"Le confinement réalisé par l'industriel n'est en aucune manière une solution pour le moyen et le long terme car si elle masque momentanément la pollution résiduelle, elle ne l'élimine pas pour autant", peut-on lire dans la contre-étude.
Le rapport pointe la présence de niveaux radiologiques anormalement élevés dans des structures bétonnées, ce qui pose le problème de "la sécurité des opérateurs" chargés du démantèlement de l'usine, et de la "gestion correcte des déchets".
Il pointe également la nécessité d'une étude impliquant un suivi de la santé des anciens salariés, un aspect important mais pourtant largement évacué par le dossier officiel de cessation d'activité.
La question des riverains de l'usine est également posée "afin de s'assurer que la monazite n'a pas été cédée ou récupérée dans le voisinage comme simple matière première (sable)".