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19 juin 2014 4 19 /06 /juin /2014 15:24

 

 

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vendredi 13 juin 2014


On le sait, à force de gaver d’antibiotiques les animaux d’élevage, on a rendu les bactéries super-résistantes. Rappelons que les trois quarts des molécules fabriquées par l’industrie pharmaceutique se retrouvent dans la gamelle des cochons, veaux, vaches et autres poulets… Il faut dire que non seulement ces médocs soignent le bétail mais qu’en plus ils le font pousser plus vite.


Si, en 2006, l’Europe a bien interdit l’utilisation des antibios comme « stimulateurs de croissance », elle autorise toujours les éleveurs à en saupoudrer la pitance de leur bétail, histoire de prévenir les flambées infectieuses favorisées par la promiscuité dans les poulaillers et porcheries industrielles. Les médecins ont beau crier au fou, rien n’y fait. Résultat : de plus en plus de malades passent l’arme à gauche à cause de l’atterrissage dans leur assiette d’un Escherichia Coli ou d’un staphylocoque doré devenu super coriace. Rien qu’en Europe, l’antibiorésistance provoquerait 25 000 morts par an !


Une équipe de l’hôpital de Besançon vient de découvrir que la situation est pire qu’on ne l’imaginait. Étonnés de voir arriver des flopées de malades hospitalisés pour cause d’infections urinaires carabinées, provoquées par une souche d’Escherichia Coli résistante aux bêta-lactamines - une importante famille d’antibiotiques – les bactériologues ont, pendant trois mois, multiplié les prélèvements dans le réseau d’assainissement de la ville… Et retrouvé la bactérie en pagaille dans l’eau du Doubs, à la sortie des stations d’épuration.


Les chercheurs ont calculé que, chaque jour, ce sont plus de 6 milliards de gènes d’Escherichia Coli, capables de tenir tête aux bêta-lactamines, qui partent ainsi à la baille. Pourquoi ? Parce que, si les stations d’épuration éradiquent peu ou prou les agents microbiens qui pullulent dans les eaux usées des hôpitaux, elles laissent allègrement filer leurs gènes de résistance. Ce dont personne ne s’était douté jusqu’à présent. Le meilleur étant que les boues d’épuration issues de ces stations sont utilisées comme engrais par les maraîchers du coin. Dommage, elles font le plein d’Escherichia Coli ultra-résistantes à raison de 200 000 par gramme !


Et nos scientifiques de s’apercevoir, effarés, que ce n’est donc pas seulement la viande qui transporte des gènes des résistance aux antibiotiques mais aussi les carottes, salades, et autres légumes. Un cercle vicieux, qui, selon eux, expliquerait la fameuse épidémie d’Escherichia Coli antibiorésistantes. C’est ce qu’on appelle des plats de résistance…


 

Le Canard EnchaînéN° 4885 du 11 juin 2014

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