Sujet à la une
02/09/2009
Didier RICHÉ / Directeur de l'aéroport de Biarritz
Comme les autres aéroports, celui de Biarritz-Anglet-Bayonne aussi souffre de la baisse du trafic aérien. La crise n'a pas que des incidences sur les chiffres, elle modifie en outre les demandes des clients. Précédemment directeur d'exploitation de l'aéroport de Toulouse, à Biarritz depuis cinq ans, le directeur de l'aéroport Didier Riché compte bien réagir à cette nouvelle donne en mettant en place, notamment, ce qu'il appelle «le projet social».
Vous avez entamé une phase de réflexion, ou audit, à l'aéroport de Biarritz. Pouvez-vous expliquer cette démarche ?
Il ne s'agit pas d'un audit, mais d'une action engagée il y a six mois environ appelée Projet social. Il vise à améliorer la réponse de l'aéroport au client tout en préservant, bien évidemment, les aspects sociaux. Pourquoi ? Parce que notre système n'a pas suivi les adaptations nécessaires au fil des années pour donner la meilleure réponse aux compagnies aériennes en qualité de service, mais aussi, en terme de coûts.
Et comment se déroule cette réflexion ?
Nous avons organisé une série d'entretiens avec le personnel de l'entreprise par le biais d'un cabinet spécialisé en ressources humaines. Il s'agit d'entretiens individuels réalisés avec 100 % du personnel. Nous devrions arriver à un accord pour le mois de février.
Quelles sont les nouvelles attentes des voyageurs ?
On s'aperçoit de plus en plus que leur demande vise une diversification des destinations, des lignes, mais surtout les voyageurs recherchent ces destinations à des coûts acceptables. Cette réponse a principalement été assurée par les compagnies low cost et grâce à Air France. Cette dernière a bien réagi à l'arrivée des low cost, en proposant une meilleure offre sur Paris en particulier.
Quel est le rythme de la demande ?
On a des phénomènes saisonniers, entre la saison hiver et la saison été il y a un rapport d'un à deux sur le volume de voyageurs à traiter. Cela veut donc dire que nous devons être plus présents et avoir des ressources plus importantes en juillet, et non pas l'inverse. C'est tellement évident que de le dire paraît presque curieux. Et à partir du moment où notre offre doit s'adapter au client, il faut que notre structure s'adapte au client.
Un autre phénomène est que les compagnies cherchent à remplir de plus en plus leurs avions, donc nous avons réduit le nombre d'avion. Cette année, depuis trois ou quatre mois, nous observons une réduction de 25 % du nombre des vols et une réduction du nombre de passagers qui reste encore acceptable, entre 3 % et 5 %. Il y a donc une différence entre les variations du nombre d'avion et du nombre de passagers. Cela veut dire que nous devrons nous adapter avec encore plus d'assiduité à cela aux vols qui n'évolueront plus au rythme que nous connaissions jusqu'à présent.
Comment se traduit cette adaptation pour les salariés ? Avec plus de flexibilité des horaires ?
Oui, certainement. Si l'on prend l'exemple du supermarché : on imagine mal aller au supermarché à une heure où il n'y a pas de caissière ; on n'imagine pas non plus qu'un supermarché ouvre à une heure de pointe sans caissière. A l'aéroport, c'est exactement le même principe, il s'agit d'être présent au moment où les voyageurs seront là. Effectivement, le fait d'avoir plus de voyageurs dans moins d'avion signifie qu'il faudra être présents moins souvent et plus nombreux.
Allez-vous pour cela faire appel plus souvent aux intérimaires ?
C'est quelque chose que nous ne souhaitons pas. Le premier but du projet social, c'est préserver les emplois actuels. Après il y a d'autres objectifs tels que celui de mettre les clients au centre de nos préoccupations, par exemple. Donc, aujourd'hui, plus de flexibilité de notre personnel va peut-être permettre de leur sauvegarder du travail au détriment de l'intérim.
Ces changements vont-ils être accompagnés de compensations ?
Cela fait partie du Projet social et de la démarche de négociation que nous allons entreprendre à la rentrée. Des compensations peuvent être financières ou peuvent se traduire par des jours de récupération...
Comment voyez-vous l'avenir ?
On ne connaît pas la capacité des compagnies aériennes, à se réorganiser dans le mois qui viennent et quelle sera la disposition des voyageurs à voyager. On a vu les premiers effets de la crise de manière très claire, bien que sur l'aéroport de Biarritz nous ayons été touchés plus tard ; le début d'année avait été plutôt bon.
Recherchez-vous de nouvelles compagnies ?
C'est notre lot quotidien que d'essayer de trouver de nouvelles destinations ou mieux encore des provenances, vu notre politique. Cette année, les échanges avec Helsinki à travers la compagnie Blue 1 ont été un succès, le taux de remplissage a été supérieur à 80 %. Nous nous attendons à les retrouver l'an prochain et, j'espère, sur une période un peu plus longue.
Marseille est une ligne qui marche très bien. Nous sommes sur une ligne équilibrée avec de l'import et de l'export. Nous allons, par ailleurs, la maintenir cet hiver, passant de trois vols hebdomadaires à cinq vols.
Dans le paysage aérien, on a pourtant tendance à réduire le nombre de vols. Nous sommes parmi les aéroports qui souffrent mais pas trop. Effectivement les compagnies ont du mal à prendre des risques et pour cause, nous avons observé une baisse de voyageurs irlandais et anglais. A l'inverse, l'accueil d'avions privés russes a connu une petite hausse que nous devrons suivre de près à l'avenir.
Où en sont les discussions avec la compagnie espagnole Iberia ?
C'est une affaire qui pour l'instant ressort du domaine politique. Avant de parler d'Iberia, je pense qu'il faut parler de politique de chaque région, et cela sort de mon cadre.
Elles dépendent donc des projets de l'aéroport de Gipuzkoa ?
Oui. Iberia reverra sa stratégie en fonction du développement de l'aéroport de Fontarrabie ou d'un autre.
Vous seriez intéressé ?
Oui, parce que cela créerait de l'emploi direct sur la région.
Goizeder TABERNA
Source : http://www.lejpb.com/paperezkoa/20090902/154563/fr/Toujours-plus-flexibles