Sujet à la une
19/04/2011
Les représentants des régions de l'arc Atlantique ont signé, selon le quotidien gipuzkoar Diario Vasco, un manifeste jeudi dernier, à Bruxelles, en faveur d'un axe ferroviaire de marchandise. Ce qui reviendrait à encourager la réalisation de la ligne à grande vitesse, même si elle est présentée comme un mode de transport pour les voyageurs au Pays Basque Sud et pour le fret au Pays Basque Nord.
A la tête de cette initiative, la Région Aquitaine et la Communauté autonome basque. Elles ont été suivies par plusieurs régions de la péninsule ibérique, de l'Hexagone, d'Irlande, du Portugal, ainsi que de parlementaires européens de différents pays et partis, chambres de commerce, ports et associations de patrons.
Le texte demande aux autorités européennes et aux Etats que l'arc Atlantique soit considéré comme axe prioritaire du réseau de transport transeuropéen, que la Commission européenne compte réviser en juin. En outre, il impulse la création d'un couloir ferroviaire allant de Rotterdam à Lisbonne. Il propose pour cela une série d'investissements «intelligents en infrastructures» pour promouvoir le transport ferroviaire et sa connexion avec les ports et plateformes intermodales.
Y basque pour 2016
Pour la Communauté autonome basque, cette dynamique favoriserait la mise en conformité, au moins en Gipuzkoa, de l'espacement des rails afin que l'Y basque soit connecté avec le réseau français dès sa réalisation, en 2016.
L'idée de développer l'arc Atlantique a reçu le soutien des Etats français et espagnol. Il a pour but d'en finir avec le déséquilibre modal qui existe entre les échanges effectués dans cet axe atlantique, principalement entre la péninsule et l'Hexagone. Ainsi, sa raison d'être serait de privilégier le transport ferroviaire et maritime, au détriment de la route.
Le niveau d'avancement de l'axe méditerranéen, où un projet de couloir ferroviaire existe, menace le transfert des flux. Derrière cela, sont en jeu les investissements, les subventions européennes et la localisation des entreprises, selon les promoteurs de l'axe Atlantique.
Une opposition sur les rails
Si à Bruxelles les promoteurs de l’axe ferroviaire pour les marchandises font pression, c’est que la volonté initiale n’est pas tellement claire. C’est du moins ce qu’affirment les élus basques opposés à la nouvelle ligne à grande vitesse.
“Le professeur Cecchi, coordonnateur du projet à la Commission européenne, nous a confirmé que la création d’une ligne nouvelle entre la frontière et Bayonne n’était en aucun cas une demande européenne. Au contraire, le projet initial, approuvé par la Commission européenne, prévoyait une remise en état des lignes existantes”, avancent les élus.
A la suite de la réunion avec le préfet jeudi dernier, ils maintiennent donc la demande d’étude transparente sur l’utilisation des voies existantes. Ils exigent également “l’annulation des arrêtés préfectoraux du 15 octobre 2010 dit ‘arrêté de sondages’ et du 26 octobre 2010 dit ‘arrêté de sursis à statuer’, et la nomination d’un collège de personnalités indépendantes avec pour mission de superviser une étude de l’utilisation des voies existantes entre Bayonne et Hendaye, étude qui devra être conduite par un ou des, cabinets indépendants de RFF”.
Face à la décision du gouvernement français de réaliser les forages sur les terrains touchés par le projet de LGV malgré l’opposition, les élus soutiennent qu’ils accepteront que des sondages soient effectués dans leurs territoires lorsqu’il leur sera démontré “que l’utilisation des voies existantes est une option non viable, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui”.
Jean-Jaques Lasserre
Dans un autre registre, Jean-Jacques Lasserre, président du groupe Forces 64 au Parlement de Navarre, a annoncé hier qu’il ne votera pas le rapport préparé par la nouvelle majorité socialiste du Conseil général sur la LGV.
Le 28 avril se tiendra le débat sur la participation des Basques et des Béarnais dans le financement du tronçon Tours-Bordeaux, qui s’élève à près de 80 millions d’euros (79 millions d’euros, valeur de 2009).
Participation “trop excessive” et “garanties pas valables”, la proposition des socialistes ne lui convient pas, lui qui est pour une nouvelle LGV qui arriverait jusqu’à Bayonne, mais pas au-delà.
Il compare la somme que doit verser le Conseil général des Pyrénées-Atlantiques avec celle que devra débourser celui de Haute-Garonne, qui s’élève à 68 millions d’euros, pour en déduire que les critères de définition de la participation ne sont pas pertinents. Ils se basent, notamment, sur le budget d’investissement du Conseil général, or, celui des Pyrénées-Atlantiques est bon élève en la matière.
J.-J. Lasserre considère que “les intérêts des habitants du département ne sont pas entendus” et ce point de vue est partagé dans d’autres départements ou régions touchés par le projet Sud Europe Atlantique.