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26 janvier 2014 7 26 /01 /janvier /2014 12:00

 

 

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Jeudi 23 janvier 2014 par Yann Fiévet


Les abeilles peuvent encore témoigner… Une toute récente étude s’alarme de la comparaison des capacités de pollinisations des abeilles domestiques (Apis mellifera) et des surfaces agricoles européennes. [1] Près de 13,4 millions de colonies d’abeilles manqueraient pour assurer une pollinisation optimale des cultures des 41 pays observés. Entre 2005 et 2010 , les besoins en pollinisation ont augmenté cinq fois plus rapidement que le nombre de colonies d’abeilles. Cet écart considérable serait en large partie dû à la forte progression des surfaces de cultures oléagineuses, comme le colza et le tournesol, liées à la politique européenne de développement des agro-carburants. Les pays où le déficit est le plus grand sont la Moldavie, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne et l’Italie. Les scientifiques mettent en exergue le fait que désormais l’agriculture européenne est de plus en plus tributaire d’autres types de pollinisateurs tels les abeilles sauvages, les bourdons, les syrphes…


Ils soulignent qu’aucune réelle politique, aussi bien agricole qu’environnementale, n’est mise en œuvre pour assurer la protection de ces pollinisateurs dits sauvages. Le professeur Simon Potts, qui a mené l’étude, a déclaré : « Nous allons vers une catastrophe. » Les choses ne vont pas s’arranger. Le 14 juin 2013, la Commission européenne a reçu mandat de l’ensemble des États membres afin de négocier avec les États-Unis le Transatlantic free trade area (TAFTA). Cet accord aura pour but d’instaurer un vaste marché de libre-échange, allant au-delà des accords de l’OMC. Ce projet de Grand marché transatlantique, négocié en toute absence de transparence, vise le démantèlement des droits de douane restants, entre autres dans le secteur agricole, et plus grave encore, la suppression des "barrières non tarifaires". Ceci ne pourrait qu’amplifier la concurrence débridée et empêcherait la relocalisation des activités économiques. Il conduirait à un nivellement par le bas des règles sociales, économiques, sanitaires, culturelles et environnementales, aussi bien en Europe qu’aux États-Unis, par l’extension territoriale du droit américain si peu protecteur. Un exemple ? Au début de cette année, la Cour suprême des États-Unis a de nouveau donné raison à Monsanto en refusant de se saisir de la plainte d’un groupement d’agriculteurs bio. La haute Cour, qui s’était déjà rangée du côté de Monsanto en mai 2013, a rejeté, sans commentaire, la requête de dizaines de fermiers pratiquant la culture bio et conventionnelle ainsi que des producteurs de semences organiques, qui réclamaient que le groupe américain s’engage à ne pas poursuivre les propriétaires des cultures de soja, coton, maïs, qui auraient été contaminées par ses semences transgéniques acheminés par les vents ou les pluies.


Comment la biodiversité pourrait-elle survivre à un tel obscurantisme ? Le Canada, qui préfère se voiler la face, pourrait devenir un exemple. Divers chercheurs disent y avoir assisté ces derniers mois à la perte d’un patrimoine scientifique inestimable. Décidé à démanteler, pour des raisons budgétaires, plusieurs bibliothèques scientifiques, le gouvernement canadien est accusé d’avoir dispersé ou mis au pilon des documents rares, certains irremplaçables pour la recherche en sciences de l’environnement. On assiste également à des fermetures de laboratoires, à des suppressions de programmes scientifiques touchant le climat, la sécurité sanitaire, la qualité de l’eau, la surveillance du secteur pétrolier, pêches et océans, etc.


Au Canada, l’agence fédérale chargée des affaires maritimes, a décidé en avril dernier la fermeture de sept de ses onze bibliothèques scientifiques. L’argument budgétaire ne parvient pas à convaincre la communauté scientifique. Le biologiste Daniel Pauly, professeur à l’université de Colombie Britannique, qui est aussi une autorité mondiale en gestion des ressources marines, ne décolère pas : « Stephen Harper a fondé toute sa politique économique sur les sables bitumineux de l’Alberta, dont l’exploitation est désastreuse pour l’environnement : le gouvernement n’a d’autre choix que mentir pour cacher ce désastre. Par exemple, pour éviter que des découvertes gênantes ne soient faites sur l’exploitation des hydrocarbures, on ferme les laboratoires d’éco-toxicologie. Cela fonctionne désormais comme cela au Canada et c’est extrêmement grave. Nous dérivons vers une pétro-dictature. » [2]


Comme nous aimerions le détromper à l’heure où les pétroliers convoitent le sous-sol européen !

 


 

[1] Publiée par le journal d’information scientifique en ligne « PLOS ONE » le 8 janvier 2014

[2] Le Monde du 8 janvier 2014

 


 

Source : Le Peuple Breton N° 595 – Février 2014

 

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