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24 mai 2014 6 24 /05 /mai /2014 14:13

 

 

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© creativenature.nl

 

Lors d'une journée technique tenue le 20 mai à Lyon, différents opérateurs ont présenté leurs retours d'expérience d'une gestion alternative des eaux pluviales. Ces techniques répondent aux enjeux d'évolution des réseaux et de changement climatique.


Eau  |  22 mai 2014  |  Actu-Environnement.com Dorothée Laperche


"Nous observons un retour du cycle de l'eau dans la ville", a constaté Jérôme Champres, chef de projet paysage, écologie urbaine et urbanisme au Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema), lors de la journée technique du 20 mai à Lyon "Osons désimperméabiliser les sols". "Les techniques sont simples, l'innovation est plutôt dans le concept", ajoute le professionnel. Car si les techniques déployées pour infiltrer les eaux pluviales sont en effet aujourd'hui bien connues, leurs prises en compte et intégration depuis quelques années dans la ville marquent un tournant par rapport à une conception où le tout réseau prédominait.


Au vu des enjeux du changement climatique et de la densification urbaine, ce changement de cap s'avère essentiel. Les espaces végétalisés et points d'eau constituent en effet une des solutions pour lutter contre l'effet "îlots de chaleur" des surfaces urbaines (qui réfléchissent une grande partie du rayonnement solaire au lieu de l'absorber). "Nous avons constaté une différence de 10°C entre le quartier d'affaire de la Part-Dieu et le long des quais du Rhône ou de la Saône, les jours de canicule", illustre Martin Guespereau, directeur de l'agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse (RMC).


Autre apport de cette approche alternative : elle limite l'engorgement des réseaux d'assainissement et les risques d'inondations avec une eau polluée lors d'épisodes pluvieux.


"200 villes de plus de 2.000 habitants du bassin doivent faire face à un débordement même sous de faibles pluies, jusqu'à parfois deux jours sur trois", déplore Martin Guespereau.


Sur ce point, le très attendu projet de révision de l'arrêté du 22 juin 2007 a été relancé au début du mois de mai.


Distribution de kits de jardins de pluie pour encourager l'infiltration 

Afin de développer l'infiltration de l'eau de pluie en ville, des initiatives émergent. Ainsi, nos voisins anglo-saxons encouragent ces approches à travers la distribution de kits de "Raingardens" ou "jardins de pluie" (Programme "10.000 jardins de pluie" en Australie).


En France, les  outils d'incitations passent par des dispositifs réglementaires comme l'application de la directive cadre sur l'eau, le plan national nature en ville (qui mentionne les jardins de pluie), la trame verte et bleue, etc.  Ainsi certaines villes, comme Aix-les- Bains ont choisi d'introduire une limite dans leur plan local d'urbanisme (PLU) : le débit de fuite devra être inférieur à 3 litres par seconde et par hectare pour tout projet supérieur à 500 m2 de surface de plancher créant une surface nouvelle imperméabilisée. Un seuil qui encourage l'infiltration à la parcelle.


Initier un aménagement qui recourt à une gestion alternative de l'eau pluviale demande une concertation des acteurs impliqués, selon les intervenants de la journée technique.


Le parc de Ouagadougou à Grenoble a ainsi bénéficié de plusieurs ateliers participatifs pour intégrer les habitants au projet. Reposant sur une ancienne friche industrielle, ce dernier utilise l'eau de pluie collectée sur les voiries et les toitures des habitations construites à proximité (Zac de Teisseire) pour irriguer ses jardins (collecte à ciel ouvert).


L'espace a été aménagé de manière à permettre un écoulement gravitaire de l'eau (le parc a été creusé et le remblai utilisé pour faire une prairie en pente). Une zone humide, située en contrebas, permet d'absorber l'excédent d'eau en cas de très fortes pluies.


Autre illustration d'une nécessaire concertation : l'espace est géré à la fois par les services de la voirie et des espaces verts.


La ville de Grenoble s'est également adaptée aux contraintes particulières de ce parc : pour éviter d'endommager les plantes, en guise de salage des voiries, des coquilles des noix (spécialité locale) sont pulvérisées afin d'éviter les glissades.


Le projet a dû toutefois faire face à une difficulté liée à la fois au planning et à la communication : les logements de la Zac Teisseire ne prévoyaient pas les dispositifs nécessaires à la récupération de l'eau de pluie des toitures. Et leur phase de construction était prévue en amont de celle du parc. Les concepteurs du parc ont toutefois pu réaliser le projet initial, fonctionnel, grâce au retard pris dans la conception de certains bâtiments : ils ont pu intégrer, dans ces derniers, les dispositifs de récupération des eaux pluviales.


Une gestion du risque à prévoir 

Si les espaces créés présentent une dimension récréative et paysagère, les opérateurs doivent toutefois prendre en compte la problématique "gestion du risque et comment s'en prémunir" (accès autorisé lors d'une faible hauteur d'eau, restriction à déterminer en cas de risque de noyade).


Outre la nécessité de savoir quels sont les services concernés par l'entretien, les ouvrages, peuvent également rencontrer des difficultés inattendues : le curage des noues peut ainsi se compliquer lors de l'apparition d'espèces protégées.


"Nous n'avons rencontré aucun problème de curage des ouvrages : qui n'ont jamais été curés ni vidangés sans que les sédiments ne saturent les noues", constate toutefois Elisabeth Sibeud, responsable du service étude de la direction de l'eau du Grand Lyon à propos de l'aménagement de Porte des Alpes. Le site du parc technologique de 250 hectares présente la particularité de ne pas pouvoir être raccordé aux réseaux de collecte de l'agglomération tout en disposant d'un sol imperméable.


Le Grand Lyon a donc opté par une combinaison de dispositifs alternatifs pour gérer ses eaux pluviales : noues, tranchées drainantes, bassins de rétention et d'infiltration par drains enterrés. Un collecteur de 4 km en sortie des lacs achemine à débit régulé l'ensemble des eaux collectées vers des ouvrages d'infiltration situés sur une zone plus propice.


Un bilan écologique est réalisé tous les cinq ans par le Grand Lyon. "La biodiversité s'est développée", assure Elisabeth Sibeud. Au niveau national, des projets sont précisément en cours pour évaluer les services rendus par l'infiltration de l'eau de pluie.


Au niveau des coûts, l'opération semble également gagnante. "L'aménagement s'est avéré trois fois moins cher que si nous avions installé des tuyaux", précise Elisabeth Sibeud.

 


 

Source : http://www.actu-environnement.com/ae/news/gestion-eaux-pluie-infiltration-solution-demain-21721.php4#xtor=ES-6

 

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