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20 mars 2014 4 20 /03 /mars /2014 08:39

 

 

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La multiplication des résidences fait parfois débat dans le quartier. © Photo archives J.-D. Chopin


Publié le 20/03/2014 à 06h00 par Thomas Villepreux


En cette période propice au lobbyisme, un collectif s’érige contre un nouveau projet de résidence. Prétexte à dire qu’une uniformisation du paysage nuit à la qualité de vie.


Toutes proportions gardées, Saint-Esprit est à Bayonne ce que la rive droite était encore à Bordeaux il y a peu : un quartier en devenir. Le foncier, jusqu'alors abordable, y prendra certainement de la valeur lorsque les services, les associations et autres commerces auront ici trouvé leur place, aux côtés des habitants. Aussi, cette mutation titille les investisseurs, qu'ils soient entrepreneurs ou particuliers. Et pendant ce temps, des réticences se font jour.


La vingtaine de membres du collectif Magnolia veille sur « son » quartier. Surtout depuis novembre et l'apparition d'un panneau annonçant la construction prochaine de 25 logements dans la rue Pellot. Une résidence qualifiée d'« intimiste », terme jugé « provocateur » par Olivier et Sandrine (1). « En face de mon domicile, il y a une villa, un jardin, un magnolia… Et à côté, une maison basque ancienne pour l'association Oraï-Bat, décrit le premier. Tout ça cède la place à un immeuble de plus. »


De l'identité spiritaine

Ce projet s'ajoute en effet aux résidences récemment livrées à proximité de l'école Jules-Ferry, ainsi qu'aux logements envisagés ailleurs à Saint-Esprit, pour ne citer que quelques exemples. « On réduit les espaces de vie et la verdure, déplore Olivier. La villa des Tilleuls est unique. Dès lors, pourquoi la vendre ? De même, pourquoi la mairie se sépare-t-elle de ses bijoux de famille ? Le bâti ancien donne au quartier son identité. Du coup, il est dommage d'en arriver là. »


Les membres du collectif Magnolia espèrent faire entendre leur voix, être « plus souvent consultés » et avoir « [leur] mot à dire à propos du Plan local d'urbanisme ». Bref, ils ne manquent pas d'ambition… Ou de culot, c'est selon. Car des réunions publiques ont déjà eu lieu à Saint-Esprit, de même qu'il existe un moyen de bichonner sa ville : la constitution d'une liste lors des élections municipales.


Magnolia ayant raté le wagon en 2014, elle se contentera d'un lobbying de circonstance. Et d'un peu d'imagination. Car le 2 avril, le collectif envisage un « happening » devant la villa, pour défendre sa cause. Une initiative qui fait suite au faux bureau de vente (une table et deux tréteaux sur le trottoir) installé en février devant le site du futur immeuble. « Nous avions inscrit des slogans humoristiques sur une quarantaine de cartons pour sensibiliser les gens à notre cause », raconte Olivier.


Cette cause, le Cade (2) l'a aussi épousée. Mais elle semble perdue d'avance. Après un courrier à la mairie et au promoteur, un recours d'Olivier a fait chou blanc. « Il fallait indiquer les gênes causées, précise-t-il. On a évoqué l'ombre, le bruit, la densification de la circulation que causerait la résidence… Mais nous ne râlons pas pour des raisons personnelles. Les immeubles se multiplient et se ressemblent tous. Cette uniformisation n'améliore pas le cadre de vie. Nous aimerions que cela change. Et nous ne sommes pas les seuls. »


Romantisme

En effet, la pétition Magnolia compte à ce jour 200 signataires, décidés à empêcher la construction de cette nouvelle résidence. Or l'autre procédure de contestation existante engage le requérant en cas de rejet. « Le promoteur peut nous réclamer plusieurs milliers d'euros », indique Olivier. Autrement dit, là s'éteignent les espoirs de Magnolia, qui n'espère désormais qu'une décision politique.


« À l'avenir, nous aimerions que la Ville prenne nos demandes en compte, glisse Sandrine. Des gens n'étant pas de la région nous disaient récemment qu'ils ne voyaient que les grues et les immeubles en arrivant à Bayonne. Pas les oiseaux ni les arbres. »


Le romantisme est-il une cause perdue ? À l'heure où les promesses fleurissent et doivent engagent ceux qui les tiennent, il faut voir…

 


(1) Ils n'ont pas souhaité communiquer leurs noms. (2) Le Collectif d'associations de défense de l'environnement.


 

 

Source : http://www.sudouest.fr/2014/03/20/l-evolution-du-quartier-saint-esprit-peut-effrayer-1497099-4018.php

 

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