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19 avril 2013 5 19 /04 /avril /2013 16:32

 

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jeudi 18 avril 2013

Par Yves Paccalet

Je viens de lire un bouquin très triste et par conséquent très drôle : Vive la malbouffe, à bas le bio !, aux éditions Hoëbeke. Ses auteurs sont trois journalistes, Christophe Labbé et Olivia Recasens, du Point, et Jean-Luc Porquet, du Canard Enchaîné ; le livre est agrémenté de dessins de Wozniak, du même Canard Enchaîné. On comprend, bien sûr, que le titre est une antiphrase. On saisit l’ironie du propos, qui se résume en une phrase : « Amis de la malbouffe, réjouissons-nous : notre cause avance à pas de géant ! » 


L’argumentaire déglingue, sur le mode du rire jaune ou de l’humour marron foncé, voire noir-noir, l’industrie de l’agroalimentaire, laquelle (au nom du « progrès » et de la grasse rémunération de ses actionnaires) nous gave de bœuf au cheval et de vache folle, de fromage sans lait, de frite pré-aromatisée, de carotte chimiquement colorée, de yaourts aux ferments délirants, de bonbons astiqués au dioxyde de titane, de nouilles à l’aluminium, d’épinards aux nitrates, de laitues à la dioxine, de légumes aux PCB, de ketchup aux nanoparticules et de pesticides à toutes les sauces, en attendant les OGM partout, la cuisine moléculaire en direct du laboratoire, le hachis Parmentier à base d’insectes ou le steak garanti d’origine in vitro veritas


Comme si cela n’était pas assez de dénoncer ces juteuses arnaques qui nous détruisent l’intestin et la tête (alouette !) ; comme si cela ne suffisait pas de démonter ces combines financières ou de peindre les interventions des lobbies de Bruxelles, les auteurs nous entraînent sur le terrain du « bio ». Et ce n’est pas triste non plus ! « Mieux encore, écrivent-ils (démonstration à l’appui) le bio, dans lequel certains hurluberlus voyaient leur salut, est en train de rejoindre nos rangs. Fraudes massives, contrôles aléatoires, et surtout très laxiste réglementation européenne, autorisent tous les espoirs : désormais, même les poulets élevés dans des hangars concentrationnaires, ébecqués et traités aux antibiotiques, ont le droit d’obtenir l’estampille « Agriculture biologique »… »


On lit cet essai comme on tourne les pages d’un livre de recettes ; mais à l’envers. Au lieu de s’en lécher les doigts par avance, on se sent frustré, trompé, dégoûté, écœuré à chaque page. Si l’on est un tantinet masochiste, on en retire du plaisir. Si l’on se sent sincèrement écolo, on a envie de se révolter et d’aller gentiment fracasser divers rayons de supermarché. Si l’on a des actions chez Aspartame SA, General Fongicides, Huile de Palme Frères, Bœuf aux Hormones Inc. ou Truandage Chimiquement Pur, on a bon espoir de finir l’année en positif sur son compte en banque.


Mais si, comme le Candide de Voltaire, on ne désire rien d’autre que « cultiver son jardin », alors je rappelle que c’est le moment de retourner la terre avec du fumier « bio », de semer des carottes et des radis, de repiquer des salades et des betteraves, bref de confier à l’humus fécond du courtil maints végétaux non seulement délicieux et sains, mais indispensables à l’ouverture d’esprit de l’honnête homme du XXIème siècle. Lorsque nous aurons rallié à cette cause suffisamment de bonnes volontés, nous pourrons jeter à la poubelle ce Vive la malbouffe, à bas le bio !, cet essai d’ironie bienfaisante dont nous espérons qu’il sera rongé par de vrais rats garantis 100 % « bio ». Puis recyclé par des lombrics roses et vigoureux comme on en trouve encore dans nos vertes campagnes !


En attendant ce jour (hélas) improbable, permettez-moi de vous souhaiter à tous un sincère et chaleureux : « Bon appétit, m’sieurs dames ! »

 


 

Source : http://www.yves-paccalet.fr/blog/2013/04/17/bon-appetit-msieurs-dames/

 

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