Castelsarrasin : Le référendum citoyen sur la LGV n’a pas eu lieu
L’idée était simple : le 20 mars informer les citoyens avec quelques arguments pour et contre la LGV pour les inciter à voter le 27 mars : Oui à la LGV, Non à LGV ni ici ni ailleurs, Blanc(1). Après une journée de distribution paisible et riche en discussions, d’un tract, le 20 mars, voilà qu’un arrêté municipal interdit ce référendum le 24 mars. Peu soucieux de chercher l’incident, les organisateurs (les Editions la Brochure) se sont inclinés. Donc, le 27 mars, ils ont souhaité distribuer, à distance respectable des bureaux, l’arrêté de la mairie.
Surprise : non seulement le référendum était interdit, mais il était aussi interdit de faire connaître cet interdit ! Surprise d’autant plus grande qu’il n’y avait pas parmi les deux candidats en lice, un pro-LGV contre un anti-LGV. Un entretien télé montre sur ce point que les idées de l’un restaient proches de celles de l’autre ! (nous disons « restaient » puisque les deux candidats sont issus du même parti, le PRG).
Surprise d’autant plus grande qu’il y a six mois, le maire de Castelsarrasin nous avait assuré que la population était très favorable au projet, ce que le référendum, réalisé sous les yeux des citoyens, aurait dû confirmer.
En partant, nous avons croisé un électeur dépité de n’avoir pu mettre son bulletin dans l’urne du référendum et qui nous expliqua : « il n’y a pas si longtemps quand on n’avait pas de voiture, on pouvait prendre le train pour réaliser des examens médicaux à Montauban. A présent, il faut utiliser le taxi qui coûte cher à tout le monde. Comme beaucoup, je n’ai jamais pris le train pour aller à Paris, et je sais que ces nouvelles lignes à grande vitesse détruisent la gare de Castelsarrasin. »
Non, ce n’est pas un témoignage inventé, c’est un type de propos considéré comme quantité négligeable par les divers maîtres de la France ou du Département. Il nous conforte dans notre démarche démocratique : le peuple a droit à la parole.
Pour une part, les autorités ont gagné : nous ne pourrons pas diffuser les résultats du vote.
Pour une autre part, elles ont perdu : l’interdiction aggrave leur part d’illégitimité.
La LGV est un projet illégitime que nous continuerons de dénoncer, en contenant notre colère devant les arguments d’autorité, en guise de réponse à des arguments démocratiques.
27-03-2011 Jean-Paul Damaggio
(1) De tels référendums ont eu lieu sans problèmes au moment des Européennes de 2009 dans les Pyrénées Atlantiques et au moment des Régionales de 2010 en Gironde.
P.S. : Cet article est une présentation pour la presse. Un récit plus détaillé sera le premier d'un chapitre d'un nouveau livre que je prépare sur la LGV sous la forme d'un pamphlet comique et dont vous trouverez des éléments sur ce blog prochainement.