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8 juin 2011 3 08 /06 /juin /2011 10:29

 

 

 

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Au pied des falaises du Jaizkibel. PHOTO anselme Éric

 

 

Le projet d'une zone marine protégée entre Saint-Sébastien et Biarritz serait fortement compromis.

 

 

8 juin 2011 08h13 Par Emmanuel Planes

 

 

L'organisation non gouvernementale Oceana, qui se consacre exclusivement à la protection des océans dans le monde, et le Collège officiel de biologistes du Pays basque (Cobe) ont un projet qui leur tient à cœur, récemment présenté à Bayonne : la création d'un corridor écologique marin entre Saint-Sébastien et Biarritz, couvrant 27 000 hectares, soit environ 35 kilomètres de côtes. S'ajoutant aux zones déjà proposées par le gouvernement français pour faire partie du réseau Natura 2000 marin, un tel corridor permettrait, selon les deux organismes, plus de cohérence, et représenterait une avancée vers le respect de la législation européenne.

 

 

D'autres Corridors 

Ricardo Aguilar, directeur de recherche d'Oceana en Europe, affirme que « la création de ce type de corridors n'est pas quelque chose de nouveau. Il existe déjà de tels corridors transfrontaliers dans diverses mers et divers océans du monde comme le détroit de Bonifacio, entre la Corse et la Sardaigne, le corridor des îles du Pacifique, entre l'Équateur, la Colombie, le Costa Rica et le Panama. Il s'avère qu'ils constituent tous un extraordinaire outil de conservation de la biodiversité. Ce corridor entre Saint-Sébastien et Biarritz serait l'un des plus importants et divers de l'Atlantique européen, essentiel pour la pêche et le tourisme. »


Oceana parle en connaissance de cause. En 2008, l'ONG s'est lancée dans une expédition dans le golfe de Gascogne, à bord du catamaran de recherche « Oceana Ranger ». Pendant plus de deux mois, une équipe de scientifiques, de plongeurs, de photographes et de cameramen a étudié les fonds marins. Avec l'aide d'un robot sous-marin, ils ont pu recueillir des informations sur les habitats et les espèces présentes jusqu'à 300 mètres de profondeur. La découverte de la richesse des fonds marins, face aux falaises de Jaizkibel et Ulia, a incité l'équipe d'Oceana à revenir deux ans plus tard pour réaliser de nouvelles explorations sous-marines.


Un « maillon clé »

« Cette zone est une des plus riches en biodiversité, avec un maillon clé qui est le Jaizkibel », a souligné, à Bayonne, Nicolas Fournier, coordinateur du bureau d'Oceana à Bruxelles. Les superbes falaises du Jaizkibel et d'Ulia sont, rappelons-le, des zones côtières de la province du Guipuzcoa. Or, le Pays basque d'Espagne serait, selon Nicolas Fournier, à la traîne par rapport aux objectifs européens de protection de la biodiversité marine. Le Jaizkibel n'a qu'une protection terrestre.


Retard espagnol

« Sur la côte du Labourd (province basque de France, NDLR), estime Nicolas Fournier, la France a rempli sa mission. Mais l'Espagne est très en retard quant au respect de la réglementation et des conventions internationales. Elle a seulement protégé 1,3 % de la surface marine, bien loin des 10 % requis par la convention sur la diversité biologique des Nations unies. »


Ce couloir écologique et marin, s'il voit le jour, permettrait d'assurer une réelle protection à près de mille espèces différentes, y compris certaines espèces déjà protégées comme le grand dauphin, le requin-pèlerin, l'hippocampe, le mérou, l'éponge, le homard et l'araignée de mer. Plus de cent communautés et habitats marins, zones de reproduction et de croissance comprises, seraient aussi préservés par ce corridor : par exemple les groupements d'éponges, de moules des zones de marnage, les dalles rocheuses couvertes d'algues, les bancs de sable, les récifs et les grottes submergées.


Un port face aux falaises

Cette protection, a annoncé Nicolas Fournier, aurait également un impact sur l'économie et le tourisme. « Le corridor n'impactera pas la zone de pêche, a précisé le coordinateur d'Oceana. D'autant qu'il y a de moins en moins de bateaux. Ceux qui restent bénéficieront de ce corridor. » Une précision importante pour Albert Larrousset, maire du village de Guéthary et président de l'Association des élus du littoral basque : « Je suis d'accord avec ce projet, sous réserve qu'il n'empêche pas la pêche. »


Seulement voilà : la création d'une zone marine protégée risque, selon les responsables d'Oceana et du Cobe, d'être fortement contrariée par la construction d'un port extérieur à Pasajes, face aux falaises de Jaizkibel. Cette proposition est, pour le moment, en cours d'étude environnementale stratégique.


« Ce projet ne respecte pas les réglementations européenne et internationale, a déclaré Sophie Jouan, d'Oceana Madrid. De nombreuses espèces d'oiseaux vivent sur ce site. Si ce port est construit, il aura un impact sur le milieu marin irréversible. »


Pour les représentants d'Oceana et du Cobe, ce bassin aurait aussi des incidences considérables sur le réseau Natura 2000 français, face à Hendaye et Biarritz, et entraînerait de graves dommages sur le littoral du Labourd. En outre, sa construction et l'augmentation du trafic maritime prévu par les autorités portuaires pourraient, toujours selon les deux organismes, avoir des conséquences sérieuses sur la pêche et le tourisme.


Le rôle du gouvernement français

La décision finale, autorisant, ou non, ce port extérieur de Pasajes, viendra du gouvernement espagnol, en collaboration avec le gouvernement basque. Iñaki Azkarate, du Cobe, a néanmoins insisté sur le rôle que peut remplir le gouvernement français pour paralyser le projet.


« L'interruption de ce type de projet dépend du gouvernement basque, mais aussi des gouvernements espagnol et français. Nous déplorons que les autorités françaises ne se soient pas prononcées sur le sujet. Nous les encourageons à participer au débat et à étudier en profondeur les impacts que ce projet aurait sur les côtes du Labourd. »


 

Source: http://www.sudouest.fr/2011/06/08/la-faune-marine-ou-le-futur-port-420252-4018.php


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