Le parc d’innovation de la Jonxion, à deux pas de la gare TGV Belfort-Montbéliard (en insert Valérie Facchinetti-Mannone et Pascal Bérion du laboratoire TheMA). Photos Jacques Balthazard et Patricia Louis
le 20/03/2012 à 05:00 par Patricia Louis
Le TGV est un outil de transport, ce n’est pas lui qui crée le dynamisme du territoire mais c’est sur lui que s’appuie le dynamisme existant, affirment des chercheurs de l’Université de Franche-Comté après observation du développement autour des gares TGV.
L’effet aménageur de la grande vitesse ? Un mythe et une incantation des politiques que vient démentir une étude réalisée par le laboratoire TheMA après analyse des zones des gares TGV. Étude présentée dans le cadre des jeudis des villes ADUrables de Pays de Montbéliard agglomération (PMA). Les chercheurs notent l’échec des zones technopolitaines du Creusot, en Saône-et-Loire, et de Vendôme, dans le Loir-et-Cher, et le rayonnement limité de Rovaltain, près de Valence. En Espagne, devenue le premier pays en nombre de kilomètres de lignes à grande vitesse, les programmes résidentiels de grande envergure ont connu de sérieux revers.
L’effet TGV ne pèse pas plus que l’accessibilité par la route dans les motivations d’implantations des entreprises, souligne Valérie Facchinetti-Mannone, docteur en géographie. En revanche, l’effet image existe. Autre constat : un quart des entreprises dans les zones concernées utilisent la LGV.
« Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain, relativise Patrick Petour, directeur de l’Insee Franche-Comté. Il y a un jeu d’interactions complexe et une certaine confusion entre accessibilité et attractivité. Les pertes d’accessibilité de desserte locale sont une dimension à prendre en compte ».
Les propos des chercheurs ne rassurent pas Didier Klein, chargé du développement des parcs d’activités de PMA. « Le temps de développement est plus long semble-t-il. On fait bien de continuer à développer nos zones d’activités ».
Son collègue, Alain Aubert, président de l’Agence de développement et d’urbanisme de PMA, s’étonne que pour les gares excentrées les effets attendus en matière de pôle d’activité ne se concrétisent pas car à l’origine c’est bien ce qui a motivé l’éloignement de ces gares des centres-villes. Et de s’interroger sur ces erreurs d’analyses.
Le représentant de l’ADU de Belfort rappelle que le TGV Rhin-Rhône est dans une logique de maillage européen et qu’on aura du mal à le détourner de cette logique lourde. « Cette gare est une plus-value pour notre territoire. C’est un effet de reconnaissance ».
En Franche-Comté, la LGV pose de nouveaux jalons sur le territoire et autant de questions quant à son impact sur le développement local ? « Les acteurs font preuve de pragmatisme et de prudence, résume Pascal Bérion, enseignant-chercheur. Le TGV est un outil de transport. Ce n’est pas lui qui crée le dynamisme existant ».
Une nouvelle enquête sur les mobilités et l’intermodalité et les dynamiques métropolitaines sera lancée. Il y a un avant et un après 11 décembre, date de l’arrivée de la LGV. À confirmer.
Source : http://www.lepays.fr/actualite/2012/03/20/l-effet-amenageur-de-la-grande-vitesse