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10 avril 2012 2 10 /04 /avril /2012 10:48

 

 

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C'était il y a un an. Un prospecteur mandaté par RFF est « retenu »

par les militants anti-LGV. Ce jour-là, la maire d'Urrugne, Odile de

Coral (à droite) et les militants ont obtenu le gel des sondages.

Mais cela n'a pas empêché RFF d'avancer et de proposer un tracé

définitif en janvier. (ARCHIVES R. G.)

 

 

[DOSSIER : LA LGV EN PAYS BASQUE] Mis à part quelques édiles, les maires du Pays basque avaient décidé de ne pas négocier avec RFF. Mais ce dernier a réussi à briser l'entente


Par Arnaud Dejeans

 

 

Les « petits » maires avaient décidé de se serrer les coudes pour résister au rouleau compresseur LGV. En face : Réseau ferré de France (RFF), l'Europe, l'État, la Région et le Département. Rien que ça… Sur les 16 communes directement traversées par le tracé, 14 se sont officiellement opposées au projet. Mis à part Jean Grenet (Bayonne), farouche partisan d'une voie nouvelle, et Jean-Michel Colo (Arcangues), qui ne souhaite pas se battre contre « l'inéluctable », les autres maires avaient tous opté pour une ligne de conduite claire : ne pas ouvrir la porte des négociations avec RFF.


Ces derniers mois, les élus des trois Communautés de communes concernées (CCSPB, Errobi, Nive-Adour) n'ont pas fait que soulever des banderoles et scander des slogans contre un projet qu'ils jugent « inutile » et « dévastateur ». Ils ont décidé de porter le dossier sur le terrain judiciaire, en remettant en cause l'arrêté de prise en considération (la décision sera rendue le 2 mai par le tribunal administratif), et mis la main à la poche (150 000 euros) en commandant une étude indépendante au cabinet suisse Citec.


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 Le rouleau compresseur RFF 

L'opposition des élus basques n'a jamais empêché RFF d'avancer stratégiquement ses pions. Même si les sondages géotechniques ont dû être abandonnés après la « prise d'otage » d'un technicien il y a un an, la machine LGV est bel et bien en marche. Le 9 janvier dernier, le tracé - presque - définitif a été présenté à Bordeaux. On retiendra deux changements.


À Biriatou, la hauteur du viaduc a été revue à la baisse. « Au lieu de 38 mètres d'altitude, on sera à 22 mètres, soit à peu près la hauteur du pont de l'autoroute. C'était une demande forte du maire de Biriatou (Michel Hiriart) », insiste Christian Maudet, chef de mission à RFF.


Second point : le secteur de Saint-Jean-de-Luz, qui reste encore en suspens, même si l'option sud, qui évite la cité des Corsaires, semble la plus probable. « Nous devons encore faire des études d'impact sur le scarabée pique-prune, pour confirmer cette option », ajoute Christian Maudet.


C'est moins la présence de ces adorables scarabées que la force de persuasion du maire de Saint-Jean-de-Luz et de sa première adjointe qui explique cette modification de tracé de dernière minute. « La solution qui convient le mieux à Saint-Jean-de-Luz a été retenue, même si cela repousse le problème sur Ascain et Saint-Pée-sur-Nivelle. Mais ces deux derniers ont toujours refusé de discuter », n'hésite pas à lâcher le chef de mission RFF. Le maire luzien tient quand même à relativiser son intervention : « Ce ne sont pas des négociations ! Mais à partir du moment où le rouleau compresseur avance, je suis dans mon rôle en disant que tel tracé est moins impactant qu'un autre ».


 Saint-Pée tombe de haut

Pour les associations anti-LGV, cette méthode ne surprend pas : « RFF a les moyens de mettre la pression sur les élus. C'est le cas à Urrugne par exemple. Une tranchée couverte, initialement prévue, a été raccourcie. Quatre maisons seront détruites au lieu de zéro sur ce secteur. C'est une façon d'obliger les élus à venir à la table des négociations et de dire aux citoyens : "Si votre maison est détruite, c'est parce que votre maire n'a pas voulu négocier". »


Que ce soit à Biriatou ou à Saint-Jean-de-Luz, le préfet de région et RFF ont donc réussi à forcer le verrou. De quoi briser l'unité des élus opposés au projet ? C'est possible. Jean-Louis Laduche, le maire d'Ascain, qui voit débarquer le tracé sur la zone artisanale Lanzelai, joue la modération et ne parle que de « surprise ». La maire de Saint-Pée-sur-Nivelle, Christine Bessonart, prend moins de gants : « Nous avions décidé de ne jamais accepter les négociations avec RFF. Certains maires n'ont pas respecté cet accord ». La première magistrate n'est pas dupe : les porteurs du projet feront tout pour créer la division dans leur camp.


Christine Bessonart a encore cette histoire « en travers de la gorge » : « Le nouveau tracé se rapproche des habitations, avec les nuisances sonores que cela comporte ». Estimant que ses collègues de la Communauté de communes n'ont pas fait preuve d'esprit d'équipe, elle a décidé de riposter en refusant d'accueillir le futur chenil intercommunal sur sa commune. Cet épisode a certainement jeté un pavé dans la mare. Mais qu'ils négocient de gré ou de force, les élus opposés au projet n'ont certainement pas dit leur dernier mot.

 

« Nous défendons un outil de travail »

Il suffit d'entrer dans cette ferme d'Urrugne pour savoir ce que pensent les trois exploitants du projet LGV. Des « AHT EZ » et des mots fleuris visant le président du Conseil régional, Alain Rousset (partisan du projet), ont été inscrits sur le portail. « Certains pensent que nous nous opposons aveuglément à la LGV, mais nous réagissons de la même façon contre l'urbanisation galopante des terres agricoles ou l'élargissement de l'autoroute », tiennent à préciser, en préambule, les trois éleveurs de cette exploitation de 25 hectares, située le long du chemin du Calvaire. Ttotte, Marie-Christine Elizondo et Pantxika Etcheto veillent sur 240 brebis et 50 chèvres qui pacagent au pied des montagnes de Biriatou.


« Le tracé passe en plein milieu de notre exploitation et devrait amputer 12 hectares, soit la moitié de nos terres. Et il y a un paramètre qui n'est jamais pris en compte par RFF : le stress des bêtes situées près de la ligne ferroviaire. Un animal perturbé ne produit plus de lait. »


Après avoir été privés par l'État de plusieurs hectares de terres en 2008 pour l'élargissement de l'autoroute, les agriculteurs voient débouler une nouvelle menace qui risque de mettre en péril cette exploitation historique : « Nous ne souhaitons pas de compensations financières. Nous voulons simplement préserver notre outil de travail. » Le berger regrette que les problématiques agricoles passent au second plan dans ce dossier.


« Nous sommes attaqués »

Du côté de RFF, la position est claire : « On travaille avec la Safer pour acquérir des terres agricoles à redonner aux exploitants, même si c'est plus difficile ici que dans les Landes », avoue Christian Maudet. Les producteurs de lait fulminent : « Mais le remembrement est impossible sur la Côte basque ! Il n'y a plus aucune terre disponible ».


Conscient du problème, RFF a un autre angle de défense : « Selon l'Agence de développement, 600 à 650 hectares de terrains agricoles disparaissent chaque année depuis dix ans à cause de l'urbanisation. La LGV nécessite 450 hectares de foncier, l'équivalent de trois trimestres d'urbanisation au Pays basque. Ce n'est pas la LGV qui va détruire l'agriculture ».


Pour les antis, la LGV risque encore de provoquer une vague d'urbanisation, ce que réfute RFF. Qu'en pensent les agriculteurs du chemin du Calvaire ? « Les maisons qui vont être détruites pour la construction de la voie nouvelle seront reconstruites une fois de plus sur des terres agricoles. C'est la double peine. »


On comprend mieux pourquoi de nombreux agriculteurs du Pays basque se battront pour éviter de perdre leurs terres. Jusqu'où iront-ils ? Ttotte Elizondo soupire longuement : « N'inversons pas les rôles. Nous sommes attaqués et nous nous défendrons. Ils veulent imposer un projet contre l'avis des populations locales Ça s'appelle de la dictature ».

 


Source : http://www.sudouest.fr/2012/04/11/des-negociations-de-gre-ou-de-force-684577-642.php

 

 

 



 


 

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