Michèle Alliot-Marie - AFP
Après l'approbation ministérielle du tracé ferroviaire à grande vitesse entre Bordeaux et Hendaye, la députée Michèle Alliot-Marie, les défenseurs de l'environnement et les élus locaux élèvent à nouveau la voix.
19/04 | 14:56 | Pierre Etcheleku
Après la validation le 9 janvier à l'échelon régional du tracé définitif, le ministère des Transports a, le 6 avril, approuvé « le tracé et les fonctionnalités de la ligne nouvelle Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Espagne ». Soit un total de 417 km. Les oppositions n'ont pas pour autant désarmé : riverains et élus en Lot et Garonne ou en Béarn envisagent de ne plus verser leur quote-part au chantier Tours-Bordeaux en cours, tandis que divers comités locaux ou des défenseurs de l'environnement annoncent des actions en justice.
3,5 km de tunnels et 8 viaducs
Et la polémique enfle à nouveau au Pays basque. Ici la future ligne à grande vitesse comptera, de Dax à la frontière, 35,6 km et 2,2 km de raccordements entre l'Adour (Bayonne) et la Bidassoa avec 13,5 km de tunnels et 8 autres de viaducs. Le coût moyen devrait atteindre 55 millions d'euros du km pour un maillon de la liaison Paris-Madrid jugé essentiel.
Députée UMP de la VIe circonscription des Pyrénées Atlantiques (Biarritz/(Saint-Jean de Luz), Michèle Alliot-Marie a aussitôt contesté cette décision sur le tracé, affirmant que celle-ci n'était pas le fait des autorités politiques, mais de « corps intermédiaires qu'il faut ramener à une juste mesure ». L'opposante de toujours à la LGV envisage une action en justice. Réaction rapide tant de Matignon qui a rappelé que la validation du tracé « a été prise en toute transparence (...) et en plein accord avec le gouvernement » et aussi du Conseil régional d'Aquitaine (PS) qui lui y a vu « une posture purement électoraliste ».
Pas de saturation
De leur côté, les associations de défense de l'environnement, regroupées en Pays basque dans le Cade, estiment que les perspectives de croissance en France comme en Espagne sont si mauvaises que le trafic fret n'entraînera pas de saturation de la ligne actuelle, ni en 2020 comme le pensait RFF, ni en 2030-2035 comme l'avançait le Conseil général de l'environnement, mais plutôt en 2040.
« RFF évalue ce trafic à 5,7 millions de tonnes par an, or en 2011 il n'a pas dépassé 2 millions de tonnes ! observe Victor Pachon, porte-parole du Cade. En outre les travaux en cours sur la ligne actuelle Bayonne-Bordeaux vont augmenter la capacité des voies existantes ». Cette dernière option est considérée, tant par les écologistes que par Michèle Alliot-Marie, comme la solution pour absorber tout nouveau trafic. « Nous nous opposerons aux sondages pour la LGV ainsi qu'à l'enquête publique en 2013 et à la DUP en 2014 », affirme aujourd'hui le Cade.
Les élus des communes de la côte basque, à l'exception de l'agglomération de Bayonne, ont déposé un recours au tribunal administratif de Pau. Elles contestent l'arrêté préfectoral gelant toute construction sur le tracé de la future LGV. Avec leur avocate, Corinne Lepage, elles comptent sur un délibéré pour le 2 mai.