Azketa par France3euskalherri
07/06/2012 Benjamin DUINAT
Dans la nuit du mardi 29 au 30 mai, un incendie a eu lieu au centre d’enfouissement de déchets Hazketa d’Hasparren. En un an, c’est la troisième fois, après les incidents des 28 et 31 mai 2011, que des détritus s’embrasent et provoquent ainsi la stupeur et le désarroi des riverains. “Nous voulons pointer du doigt les dysfonctionnements de plus en plus fréquents d’Hazketa”, prévient Peio Durruty, membre de l’association Hazketa -du nom du site- qui rassemble des Hazpandar cherchant à ce que la réglementation soit respectée sur le site.
“Encore une fois, avance Miren Amestoy, le feu s’est déclaré dans la nuit et il n’y a pas eu de détection, sinon une fois de plus l’intervention par hasard d’un voisin. Alors que nous pouvions espérer que la mise en place du capteur thermique donnerait l’alerte, nous avons constaté que le système n’a pas fonctionné.” Peio Durruty témoigne la voix vacillante, affectée par l’émotion : “Je me suis levé et c’était quelque chose de spectaculaire.”
“Un fort vent dispersait les nuages de fumée. Les tractopelles de l’entreprise ont déversé de la terre pour étouffer le feu. Dès le lendemain, la zone endommagée a été recouverte sans aucun constat sur les dégâts éventuels et la société exploitante a continué son activité alors que la fois précédente, par mesure de sécurité, l’activité avait été suspendue pour vérification à la suite du blocage du site le 1er juin 2011”, détaille M. Amestoy.
Victor Pachon, porte-parole du CADE (Collectif des Associations de Défense de l’Environnement), pose le problème de la nature des détritus enfouis : “C’est censé être des déchets inertes. Or, on sait qu’il y a production de méthane. Cela signifie, par conséquent, qu’ils ne sont pas inertes et que les produits ne sont pas dûment contrôlés. Il faut exiger une obligation de résultats.”
Miren Amestoy, présidente de l’association Hazketa, revient sur le fonctionnement actuel du site d’enfouissement : “En 2007, la commune d’Hasparren, propriétaire du site, a délégué la gestion de ce dernier au syndicat Bil ta Garbi. Ce dernier est par ailleurs client, c’est-à-dire fournisseur de déchets. France-déchets reste l’opérateur technique.”
Reste que les membres d’Hazketa jugent le mode de fonctionnement du site d’enfouissement opaque : “en 1994, France-Déchets devient Sita/FD puis Sita Sud-Ouest et enfin récemment CEPB. En 15 ans, ces changements de nom de la filiale du groupe SUEZ ont eu des vertus insoupçonnées : rénover l’image véhiculée auprès du public, gommer les erreurs du passé et enfin, il rend difficile voire impossible tout recours judiciaire, l’entreprise n’existant plus.”
En définitive, les membres de l’association Hazketa se disent excédés par la situation et formulent une série d’exigences : entre autres, des conditions de surveillance renforcée par la mise en place d’une caméra vidéo sur la zone d’exploitation, l’installation de capteurs thermiques, le contrôle accru de la nature des déchets, une redéfinition des responsabilités respectives. Enfin, ils exigent “la fermeture de cette usine à gaz à l’échéance du contrat en 2 014.” Si les réponses ne sont pas satisfaisantes, Victor Pachon prévient vouloir “aller jusqu’à bloquer le site”.