Fukushima vient de passer le cap des 500 jours depuis la catastrophe, et malgré des manifestations massives du peuple japonais, le gouvernement a tout de même décidé de relancer un réacteur nucléaire, alors qu’un rapport récent démontre que l’accident de Fukushima est d’abord imputable à une erreur humaine.
C’est Junko Matsubara, ancienne représentante de la Commission de la Sûreté Nucléaire japonaise qui l’affirme : « l’accident à la centrale de Fukushima n°1 est un désastre généré par l’erreur humaine », rapprochant une fois de plus la catastrophe de Tchernobyl et celle de Fukushima.
Elle a déclaré : « s’il est vrai que les réacteurs de la centrale se sont mis à l’arrêt immédiatement, j’ai commencé à douter fortement sur le fait que tous les groupes électrogènes diesel de secours avaient perdu leur fonction de refroidissement en même temps (…) les groupes électrogènes (…) n’ont pas été endommagés par le tsunami ».
Elle s’étonne aussi du fait que seulement la moitié des réacteurs nucléaires du pays soient équipés de groupes électrogènes de secours situés à l’intérieur du bâtiment du réacteur. Lien
Il y a plus grave : pour la 3ème fois en 3 mois, les japonais découvrent qu’une de ses centrales nucléaires est construite sur une faille sismique active : Il s’agit de la centrale de Shiga, ainsi que l’affirme Mishima Watanabe, professeur à l’université de Tokyo.
Après celle de Tsuruga, et celle de Ohi, voila donc 3 centrales nucléaires qui sont construites sur des failles sismiques actives, ce qui est totalement interdit au Japon. lien
Au moment où l’on apprend qu’un nouveau séisme vient de se produire à proximité de la centrale de Fukushima, il est difficile de se rassurer, d’autant que les experts affirment que ce qui reste de la centrale ne résisterait pas à un séisme identique à celui qui a frappé la centrale le 11 mars 2011. lien
Il y a quand même une bonne nouvelle : le 18 juillet 2012, Tepco annonce avoir réussi à extraire 2 barres de combustible de la piscine de stockage et refroidissement. lien
Cette bonne nouvelle ne devrait pas cacher la situation, car cette piscine contient plus de 1300 barres de combustible usagées, et 200 neuves, d’autant que cette piscine est en mauvais état, fuyant régulièrement et que le mur ouest représente une déformation qui augmente jour après jour. lien
On savait que la dissimulation était une donnée constante en matière nucléaire, et on vient de découvrir qu’un certain nombre d’ouvriers japonais envoyés au feu pour tenter d’empêcher l’irrémédiable ont été obligés de cacher le taux important de radioactivité reçu.
C’est Build-Up, une entreprise sous-traitante qui aurait poussé ses ouvriers à cacher le niveau de radiation auxquelles ils étaient soumis en leur suggérant de recouvrir d’un boitier de plomb les dosimètres dont ils étaient porteurs.
L’un des dirigeants de l’entreprise avait donné l’exemple, et ceux qui ont refusé d’appliquer cette mesure ont été menacés de licenciement. lien
Il faut savoir que sur les 21 634 ouvriers qui travaillent sur le site, pas moins de 18 217 appartiennent à des entreprises sous-traitantes, et l’on comprend mieux le nombre relativement faible des travailleurs qui ont reçu des doses supérieures à 100 millisieverts, puisque sur les 167 ouvriers qui sont dans ce cas, ils sont seulement 21 a avoir atteint ce seuil.
Il est donc vraisemblable que le nombre d’irradiés est beaucoup plus important que celui que les autorités japonaises ont bien voulu donner aux médias. lien
Attendons sans trop d’illusions le résultat de l’enquête lancée par le ministère de la santé et celui du travail et des affaires sociales japonais. lien
En attendant, le 16 juillet 2012, pas moins de 170 000 japonais (75000 selon la police. lien) ont manifesté dans le centre de Tokyo, aux cris de « pas besoin d’énergie nucléaire », ou de « rendez nous la région de Fukushima » protestant contre le redémarrage d’un réacteur nucléaire. lien
Dès lors, il est normal que le japon ait décidé de marcher au soleil et au vent, mettant toute son énergie à faire décoller les renouvelables, se disant prêt a prendre la tête des pays industrialisés en matière d’énergies vertes.
Le gouvernement vient de voter une loi « accélérateur d’énergie renouvelable » obligeant les compagnies d’électricité à acheter plus cher le courant produit par l’éolien, le solaire, et la biomasse. lien
En France, l’information met toujours un certain temps à parvenir aux médias, puisque c’est seulement le 18 juillet 2012 que nous apprenons qu’un « incident » s’est produit le 3 juin 2012 sur le réacteur n°4 de la centrale de Cruas, provoquant la fuite de 150 m3 d’eau radioactive dans l’enceinte du bâtiment du réacteur.
Une erreur de réglage sur une vanne du circuit de contrôle du réacteur N°4 est à l’origine de cette fuite du circuit primaire.
Next-up vient d’écrire au préfet. lien
Cet évènement a été classé 1 sur l’échelle internationale des évènements nucléaires. lien
Les problèmes nucléaires ne s’arrêtent pas aux frontières, puisqu’en Argentine, un poisson avec 3 yeux a été péché près d’une centrale nucléaire, (lien) et en Californie, à San Onofre, une centrale nucléaire « endommagée » a du être définitivement fermée (lien) alors que le trafic de déchets nucléaire hautement radioactifs a repris entre la France et l’Italie. lien
Les villes traversées sont sur ce lien.
Toujours dans notre pays, au sein du nouveau gouvernement, des voix se font entendre, et Arnaud Montebourg vient de déclarer qu’il faut « dépasser le nucléaire » évoquant une « mutation écologique », critiquant la « surconsommation », le « cout exorbitant de notre modèle de consommation » et affirmant que le nucléaire ne peut être qu’une « solution transitoire » lien
C’est ce que confirme un récent rapport sur les perspectives industrielles du nucléaire, considérant que cette énergie en déclin n’est plus rentable et que la décroissance du nucléaire va de pair avec l’ascension des nouvelles énergies de plus en plus performantes.
D’ailleurs, nous sommes prévenus, le prix du kilowatt nucléaire va augmenter de 50% d’ici à 2020 ainsi que le révèle un rapport de la commission d’enquête du Sénat, doublement du en partie à l’enchérissement du coût du nucléaire.
D’ailleurs, ce n’est pas une nouveauté, la facture d’électricité des ménages français a déjà augmenté de 49% durant ces 9 dernières années, et le chauffage électrique en est pour une bonne part responsable. lien
Aujourd’hui, les énergies propres ont enfin le vent en poupe : la puissance éolienne sur la planète vient d’atteindre le 1/8ème de la puissance nucléaire en service, alors que l’Union Européenne a vu sa capacité nucléaire baisser de 14 GW depuis 2000, et que 142 GW d’énergies propres et renouvelables y ont été développées.lien
En France les manifestants rivalisent d’ingéniosité et d’imagination pour porter la bonne parole, et après le succès de la chaine antinucléaire commémorant la tragédie de Fukushima, laquelle a réuni le 11 mars 2012, plus de 60 000 personnes entre Avignon et Lyon, (lien) une marche des réfugiés se prépare pour le 13 octobre prochain entre Bugey et Lyon, mettant en scène des marcheurs qui, suite à un accident nucléaire à la centrale de Bugey, prendront leur baluchon pour rejoindre un camp d’accueil en plein cœur de Lyon, jalonnant leur marche de panneaux « zone d’exclusion », afin de mettre en garde les populations locales du risque encouru.
Les 13 et 14 octobre 2012, les antinucléaires japonais de la révolution des hortensias se retrouveront dans la rue pour fermer définitivement l’option nucléaire dans leur pays, attendant la solidarité des antinucléaires du monde entier. lien
D’autres vont sillonner le pays en vélo, organisant du 5 août au 8 septembre une caravane pour joindre Plogoff, site d’une lutte antinucléaire gagnée, à Fessenheim, l’une des plus vieilles et dangereuses centrales nucléaires françaises.
Ils ont 4 buts : réveiller le souvenir des résistances victorieuses, exiger le débat sur l’énergie promis par le nouveau président français, protéger les intérimaires du nucléaire, et obtenir la date de fermeture du site de Fessenheim promis par le candidat François Hollande. lien
Au cours de leur périple, les caravaniers vont décerner plusieurs prix, dont une étape contre la montre dans le Tour de France 2013, un diner aux chandelles dans un restaurant bio avec Delphine Batho, la nouvelle ministre de l’écologie, et un prix surprise…lien
Ces manifestants vélo-actifs vont se déplacer de manière autonome, prévoyant tout ce qu’il faut pour semer bonne humeur tout au long de leur parcours et on peut les contacter sur « karavelopf1@gmail.com ».
Entre le soutien à la maison de résistance au nucléaire de Bure dans la Meuse, au jeune international pour l’abolition des armes nucléaires, en passant par les rencontres d’été antinucléaire à la Féclaz, en Savoie, ou à la marche pour la vie, au cœur du triangle de la mort, entre Vaucluse, Gard et Drôme, (lien) L’été 2012 sera chaud et comme dit mon vieil ami africain : « la vie est un si bon prof que si t’as pas retenu la leçon, elle te la répète ».
L’image illustrant l’article provient de « paris-normandie.fr »
Merci aux internautes de leur contribution efficace.
Olivier Cabanel
Source: http://www.agoravox.fr/actualites/environnement/article/nucleaire-courage-fuyons-120424