C’est la toute première étude du genre et les résultats sont alarmants ! Des chercheurs de l’Université de Caen ont testé sur le long terme la toxicité d’un maïs OGM et d’un herbicide, le Roundup. La mortalité des rats qui ont consommé ce maïs est bien plus rapide que la normale. Le professeur Gilles-Eric Séralini qui a dirigé l'étude détaille pour ARTE Journal l'impact des OGM sur ces rongeurs et critique le laxisme des autorités de contrôle.
Pour réaliser cette étude baptisée "In vivo", l’équipe scientifique dirigée par le professeur Gilles-Eric Séralini (CRIIGEN) a produit dans le plus grand secret du maïs OGM NK 603, breveté par Monsanto. A partir de ce maïs elle a alimenté près de 200 rats selon un régime équilibré. Un groupe a consommé ce maïs OGM seul, un autre ce maïs OGM traité au Roundup, un herbicide fabriqué également par Monsanto, et enfin un autre du maïs non OGM traité au Roundup, sans oublier un groupe témoin nourri au maïs conventionnel.
Plus de tumeurs
Les résultats montrent que les rats qui ont été nourris au maïs transgénique ou au Roundup ont vu leurs reins, leur foie et leurs glandes mammaires touchés. Les constats du professeur sont édifiants : « Le premier mâle nourrit aux OGM meurt un an avant le premier témoin. La première femelle huit mois avant. Au 17ème mois, on observe cinq fois plus de mâles nourris avec 11% de maïs (transgénique, ndlr) morts. »
Monsanto connaît-il la vérité?
Dans le cas des groupes nourris au maïs transgénique, les mâles peuvent développer d’importantes tumeurs au niveau des reins et ce, dès le troisième mois, c’est-à-dire juste après le terme de l’étude menée par le semencier Monsanto. Cette observation a soulevé de nombreuses interrogations chez le professeur Séralini. Monsanto le savait-il et a-t-il décidé en toute conscience de ne dévoiler que les résultats des trois premiers mois d’études ?
Roundup aggrave le tout
Autre fait troublant, les chercheurs vont découvrir qu’à partir du 13ème mois les tumeurs se multiplient notamment chez les femelles et l’augmentation rapide de leur taille handicape fortement les animaux même si elles ne se révèlent que rarement cancéreuses. Si les animaux ingurgitent également de l’eau contaminée au Roundup, 80% d’entre eux deviennent malades.
Les femelles sont plus sensibles
Au final, les rats mâles nourris au maïs transgénique meurent plus vite et développent plus tôt de tumeurs que des rats mangeant un maïs conventionnel. Chez les femelles, c’est l’apparition d’imposantes tumeurs mammaires qui provoquent une mortalité anticipée. Les chercheurs constatent encore que les femelles sont plus sensibles au maïs transgénique et au Roundup que les mâles.
Quid de l'homme?
Ces tests vont bien au-delà de ce que les agences sanitaires, les industriels ou les gouvernements ont fait jusqu’à présent. Il reste maintenant à savoir si ces tests ont une signification chez l’homme. Les scientifiques estiment en tout cas qu’un an de la vie d’un rat équivaut à 40 ans pour un être humain.
Eviter un grand scandale alimentaire
Le professeur Séralini s’inquiète de l’impact sanitaire de la découverte de son équipe et s’interroge sur la responsabilité des semenciers et des pouvoirs publics. Face à l’omerta qui règne dans le monde scientifique, où la recherche est souvent sponsorisée par les grands groupes industriels, les travaux des universitaires de Caen ont finalement trouvé un mode de financement original. C’est la fondation Ceres, qui regroupe une cinquantaine d’entreprises parfois de l’alimentaire mais qui ne produisent pas d’OGM, et la Fondation Charles Leopold Meyer pour le progrès pour l’homme qui ont rassemblé des fonds. Parmi les membres de Ceres, des groupes puissants comme Auchan ou Carrefour qui verraient d’un mauvais œil l’irruption d’un nouveau scandale alimentaire. Car selon le professeur Séralini, les produits chimiques que nous ingérons tous les jours sans le savoir dans nos aliments représentent le plus grand danger à venir.
Le professeur Gilles-Eric Séralini explique sa démarche pour prouver la toxicité des OGM dans un livre, "Tous cobayes !" qui sort le 26 septembre aux Editions Flammarion.
Arte a consacré un dossier spécial à Monsanto, le créateur d'OGM : le monde selon Monsanto
Source: http://www.arte.tv/fr/les-ogm-ne-sont-pas-sans-risques/6939762.html