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25 août 2013 7 25 /08 /août /2013 12:40

 

 

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Cubelles. Greenpeace a placé la station balnéaire dans son Top 10 des municipalités espagnoles qui ont « le plus détruit le littoral » entre 1987 et 2005. (photo DR)


Publié le 25/08/2013 à 06h00 | Mise à jour : 25/08/2013 à 07h49
Par Damien Lemaître


Il est désormais légal de construire jusqu’à 20 mètres du rivage. Une réforme juridique et économique face à la crise « pour garantir l’emploi ». Les écologistes sont vent debout.


Cubelles, son église, ses 14 500 habitants, ses quatre plages… et sa pression urbanistique parmi les plus fortes d’Espagne. C’est sur cette tranquille localité catalane, située à 50 kilomètres au sud de Barcelone, bercée entre mer et montagne et bien connue des touristes français, que se concentre le feu des critiques de Greenpeace. L’organisation écologiste a placé la station balnéaire dans son Top 10 des municipalités espagnoles qui ont « le plus détruit le littoral » au cours des années de la bulle immobilière, entre 1987 et 2005.


Le palmarès, publié il y a deux semaines, a relancé le débat de ce côté-ci des Pyrénées alors que les députés espagnols ont légalisé ce « non-sens urbanistique », selon Greenpeace, en rendant licite la présence d’édifices côtiers jusqu’à 20 mètres de la mer. « Le taux d’augmentation annuel de sa superficie artificielle est de 1,6 % », ajoute Greenpeace, à propos de l’expansion urbaine du village de Cubelles.


Le cas polémique de la station balnéaire catalane est loin d’être isolé. En Espagne, ce sont plus de 36 000 logements se trouvant en situation illégale (car construits au-delà de la règle des 100 mètres du rivage) qui vont être épargnés d’une démolition certaine et continuer de provoquer la colère des écologistes.Les députés espagnols ont voté en effet, en mai dernier, une profonde révision de la loi littoral, datant de 1988, qui soulage les propriétaires de ces constructions - dont de nombreux richissimes étrangers -, mais durcit les contrôles et accroît le pouvoir de l’État sur ses terrains.


La nouvelle législation prévoit ainsi d’allonger le délai de concession d’un bien immobilier bâti sur le domaine public jusqu’à 75 ans ; de réduire la frange du littoral protégé de 100 à 20 mètres, permettant aux constructions déjà existantes de réaliser des travaux de réparation, de rénovation, donc d’éventuelles extensions ; et de déclassifier 12 zones d’habitation du domaine public pour les reconsidérer en zone urbaine. Au total, ce sont plus de 154 000 édifices côtiers dans lesquels résident 500 000 habitants qui vont bénéficier de cet assouplissement législatif, selon des estimations du gouvernement.


La réforme « évite de nouvelles constructions sur le littoral » et « fournit des instruments plus puissants pour éviter les horreurs en matière d’urbanisme commises sous le couvert de la loi de 1988 », se défendait le ministre de l’Agriculture, Miguel Arias Cañete, devant les députés, le 9 mai dernier. « La législation environnementale est inefficace si elle ne donne pas une réponse à la réalité que nous vivons », enchaînait le lendemain le secrétaire d’État à l’environnement, Federico Ramos, ajoutant : « On ne pourra pas construire non plus là où avant on ne pouvait pas. »


La nouvelle loi met fin à une sorte de « défaillance juridique ». La loi littoral, instaurée sous le Premier ministre socialiste Felipe González, ne cessait en effet d’être bafouée jusqu’à ce qu’en 2004, son homologue José Luis Rodríguez Zapatero ne décide de l’appliquer à la lettre, lançant de nombreuses procédures d’expropriation et de démolition.


Si le conservateur Mariano Rajoy, au pouvoir depuis novembre 2011, a choisi de changer la donne, il pourrait se heurter à un écueil administratif de taille, puisqu’en se substituant aux législations locales, cette réforme entraverait les compétences des communautés autonomes et leur pouvoir de décision sur l’aménagement de leur territoire. L’Andalousie, les Asturies, les îles Canaries, la Catalogne et le Pays basque, toutes gouvernées par des partis d’opposition, ont porté un recours devant le tribunal constitutionnel, début juillet.


« Nous faisons des pas de géant en arrière en matière de protection de l’environnement », fulmine pour sa part Pilar Marcos, responsable du volet littoral pour Greenpeace Espagne. « Sous l’excuse d’un manque d’application de la loi et du contexte économique actuel, le gouvernement autorise la reprise du bétonnage de nos côtes. C’est inacceptable ! » La sauvegarde de 150 000 emplois dans un secteur qui génère 2 milliards d’euros chaque année, dépendrait de cette nouvelle loi, selon le ministère.


Greenpeace a prévu de porter plainte devant la Commission européenne « cet automne », car elle estime que la réforme viole neuf directives européennes. L’organisation a déjà récolté 150 000 signatures autour d’une pétition.


Le vent de la colère monte.


 

Source : http://www.sudouest.fr/2013/08/25/l-espagne-rebetonne-ses-cotes-1149874-4688.php

 

Plus d’information sur ce sujet :

http://www.boe.es/diario_boe/txt.php?id=BOE-A-2013-5670

http://ace.hendaye.over-blog.fr/article-sonia-ortiga-zarazaga-avocate-environnementaliste-analyse-de-la-loi-littorale-du-29-mai-2013-au-n-119695569.html

http://ace.hendaye.over-blog.fr/article-graves-contradictions-au-niveau-de-la-revision-de-la-loi-littorale-iberique-119696005.html

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