Geneviève Darrieussecq, présidente de la Communauté d’agglomération du Marsan : « Il y a encore trop d’incertitudes financières sur les prolongements de la LGV au sud. » (Archives N. L. L.)
Publié le 25/10/2013 à 06h00 | Mise à jour : 25/10/2013 à 07h18
Par Jean-Bernard Gilles
Deux agglomérations aquitaines viennent de recevoir une lettre les priant de reprendre le paiement des travaux en cours. Avec menace d’intérêts de retard
Geneviève Darrieussecq n’en revient toujours pas. À peine la présidente de la Communauté d’agglomération du Marsan a-t-elle lu dans « Sud Ouest », mercredi, l’annonce par le ministre des Transports du lancement opérationnel du projet de ligne à grande vitesse entre Bordeaux et Toulouse, et jusqu’à Dax, qu’elle reçoit une lettre recommandée de Réseau ferré de France (RFF).
Le directeur du projet de LGV Sud Europe Atlantique lui demande de bien vouloir honorer la contribution financière de l’agglomération du Marsan au chantier de la LGV Tours-Bordeaux en construction. Au total, 3 millions d’euros. « Nous vous rappelons que les retards de paiement sont susceptibles de faire l’objet d’intérêts », précise la lettre adressée à l’élue.
La maire de Mont-de-Marsan est d’autant plus furieuse qu’elle a délibérément interrompu - comme la plupart des collectivités locales au sud de Bordeaux - ses versements. Une position politique qu’elle entend voir traiter autrement que par la voie du recouvrement. « Nous voulons des engagements plus précis, car il y a encore beaucoup trop d’incertitudes financières sur les prolongements de la LGV au sud », indique Geneviève Darrieussecq.
S’il n’a pas reçu, à ce jour, la même lettre, Georges Labazée, le président du Conseil général des Pyrénées-Atlantiques, est sur la même position. Sa collectivité s’était engagée sur une centaine de millions d’euros pour la construction de la ligne Tours-Bordeaux, avec l’espoir de voir la LGV gagner les Pyrénées dans un second temps. « Nous sommes désormais prêts à reconsidérer notre suspension des paiements, mais nous voulons un autre tour de table, car quid de la desserte de Pau et du Béarn ? »
Décisions politiques
Jean Grenet, le président de la Communauté d’agglomération Côte basque Adour, n’est pas choqué par la lettre de RFF, qu’il a lui aussi reçue. L’agglomération bayonnaise, sollicitée à hauteur de 24 millions d’euros, a interrompu ses versements cette année, dans l’attente des décisions gouvernementales. Elle pourrait les reprendre, mais la décision sera prise collectivement en bureau dans une dizaine de jours.
Dominique Bussereau, lui, a mis le sujet à l’ordre du jour d’une séance plénière du Conseil général qu’il préside aujourd’hui à La Rochelle. Il a suspendu son versement de 14 millions d’euros (10 ont déjà été versés par la Charente-Maritime) l’été dernier, après la publication du rapport Duron, dans lequel le Bordeaux-Hendaye passait à la trappe.
Henri Emmanuelli, le président du Conseil général des Landes, ne recevra pas la lettre, car il n’a pas signé la convention financière à ce jour (pas plus que la Région Poitou-Charentes). L’élu landais attend de connaître plus en détail le calendrier du projet pour engager les 40 millions d’euros demandés pour la Tours-Bordeaux. « 2027 pour Dax, c’est un peu tard », dit-on autour de lui.
On comprend l’embarras de RFF, déjà endettée au-delà du supportable. Car c’est l’entreprise qui fait aujourd’hui l’avance. On peut estimer à ce jour le manque à percevoir à quelque 300 millions d’euros. Bien au-delà de la provision pour risque que RFF avait budgétée dans ce tour de table impossible à 57 collectivités.
Frédéric Cuvillier nie avoir lancé la LGV Bordeaux-Toulouse et Dax - dont le financement reste à construire - sous la pression des élus et pour sécuriser celui de la ligne Tours-Bordeaux. Réseau ferré de France a sans doute une autre appréciation du timing financier que son ministre de tutelle. À moins que les deux n’agissent de concert. Qui sait ?
Source : http://www.sudouest.fr/2013/10/25/les-elus-sommes-de-payer-la-lgv-1210060-2780.php