14/12/2013 Argitxu DUFAU
Le Collectif des associations de défense de l’environnement (Cade) Pays Basque-Sud Landes, alerté cette semaine sur un trafic de camions de terres excavées des chantiers Rivadour et de l’Acba, a suivi ce trafic. Le collectif a découvert que ces “terres noires” sont déversées sur une parcelle située sur la route des cimes à Villefranque, sur le versant d’Elizaberri.
Ils ont constaté que la terre y était déversée dans un talweg utilisé comme dépotoir pour des déchets du bâtiment de quelque nature que ce soit. Après enquête de voisinage, le terrain est propriété depuis plusieurs années de l’entreprise de bâtiment Toffolo qui l’aurait acquis aux enchères d’une famille dont les représentants sont aujourd’hui décédés.
“Ils continuent dans la combine malgré toutes nos dénonciations”, se désole Victor Pachon, membre du Cade. Ces terres jugées “très noires” (très polluées) par le collectif contiennent des hydrocarbures benzéniques et d’autres substances cancérigènes.
Le Cade constate que le cahier de charges établi par les promoteurs concernant la dépollution du site n’a pas été respecté. Théoriquement, ce type de terre doit être trié selon son niveau de pollution. À chaque degré de pollution correspond un lieu de traitement. Il existe quatre types de terres : la terre inerte qui doit être expédiée sur la décharge de Biltoki, la terre non dangereuse à Hazketa (Hasparren), la terre dangereuse à Changé (en Mayenne) et celle qui est très dangereuse aux Pays-Bas.
Or, selon le Cade, la terre n’est “certainement pas triée, nous avons d’ailleurs réalisé des prélèvements, ce remblaiement est illégal”, s’indigne V. Pachon. Ce dernier préconise de “rapporter ces terres et les traiter comme prévu”.
L’association a d’ores et déjà contacté la police des eaux pour qu’elle vienne constater les dégâts de pollution. Mais le membre du collectif déplore qu’une nouvelle fois ce soit une association et les riverains qui découvrent et dénoncent “cet abus” : “C’est une machine arrière des autorités”, remarque-t-il. “Le responsable, c’est l’Acba, les temps ont changé, les combines de ce type, ça ne marche plus”, poursuit-il.
Après ce constat, plusieurs questions restent en suspens pour le Cade. À savoir : “Combien d’autres camions et combien d’autres sites naturels ont-ils pu être utilisés à de telles fins ?” et “comment, à Villefranque, les autorités locales ont-elles pu ignorer de tels agissements malgré toutes les réglementations en vigueur (schéma de cohérence territoriale – Scot –, SDAGE, Sage, loi sur l’eau, Grenelles de l’environnement) ?” Des pratiques assimilées par le Cade à “des arrangements entre amis”.