11/2014
Une étude montre que la lavande serait en fait plus efficace qu’un antidépresseur. En France, où la prise de ces médicaments est importante, il serait peut-être temps de considérer à nouveau la phytothérapie comme alternative aux psychotropes.
La phytothérapie, alternative sérieux aux antidépresseurs ?
Quand on demande son avis au docteur C., exerçant en région lilloise, le médecin est très clair vis à vis des antidépresseurs : « ils ne sont pas toujours indiqués. Il y a des cas pour lesquels ils seront la seule solution, mais ils restent bien trop prescrits en France, parfois sans réel suivi psychologique. Dans un premier temps, je préfère prescrire de l’Euphytose et orienter le patient vers un psy* ».
Le docteur C. n’est pas le seul à « en revenir » et pour cause : les antidépresseurs restent trop prescrits. En Europe, la France est en tête des dépenses de médicaments par habitant et en 2e position des volumes consommés parmi les 8 principaux pays européens et pour les 8 classes thérapeutiques majeures.
Une consommation en augmentation depuis quinze ans
Boîtes de benzodiazépines vendues en France
En ce qui concerne les antidépresseurs, la France a perdu le record en 2013, ce dont on ne se plaindra pas, mais la santé mentale des habitants n’est pas forcément meilleure pour autant et les Français prennent toujours beaucoup d’antidépresseurs. La consommation augmente toujours, juste un peu moins vite que dans d’autres pays, et elle reste tout de même de 50 comprimés pour 1000 habitants au quotidien, contre 40 en l’an 2000.
En parallèle, des études montrent que les personnes traitées ne seraient pas correctement prises en charge (ce serait même une personne sur deux, selon l’association France Dépression). Sans parler des effets secondaires, et notamment l’addiction, et les effets dangereux étudiés, sur le cerveau par exemple. Un tableau peu joyeux.
Les plantes scientifiquement crédibles
Résultat : dans certains cas, certains médecins comme le docteur C. ont pris l’habitude de prescrire des cocktails de plantes comme Euphytose. Le produit a été reconnu récemment comme médicament par l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé (Afssaps). Et pourtant, la composition pourrait étonner de prime abord : des plantes :
- la valériane (utilisé comme sédatif léger)
- l’aubépine (antispasmodique)
- la passiflore (anxiolytique)
Certains prescrivent aussi d’autres plantes comme la rhodiole (Rhodiola rosea), souvent en association avec du magnésium.
De quoi soigner les états dépressifs légers, « mais sans les effets secondaires des médicaments classiques » , tout en n’oubliant pas « la prise en charge psychologique« , insiste le Docteur C.
Cesser de prescrire des psychotropes à tout va
Dans certains cas, prescrire un psychotrope ne serait absolument pas adapté. Pour une dépression saisonnière, par exemple on s’orientera aussi vers la luminothérapie et toute l’année on surveillera sa consommation en oméga-3 de manière à combattre les cytokines, ces composés inflammatoires produits en cas de stress.
« Prescrire des antidépresseurs dans ce type de cas, c’est quasiment de l’inconscience« , explique le Docteur K., autre praticien de la région lilloise, « la dépression saisonnière est un phénomène classique, dû notamment à la baisse de lumière.
Il est temps de réaliser que les psychotropes ne sont pas la panacée : c’est un traitement qui a ses conséquences«. Le Docteur K. aussi insiste sur la prise en charge, « pas toujours en cohérence. Prescrire des médicaments de cette nature sans un suivi psychologique bien mené, c’est de l’inconscience, et pourtant cela arrive toujours.»
Sans toutefois laisser les patients avec leur mal-être : « la clé est la discussion, prendre le temps de bien comprendre chaque personne. Certains patients ‘profiteront’ ainsi de cette ‘excuse’ pour venir consulter, alors que le problème dépasse largement le phénomène saisonnier. Chaque cas est unique et il faut cerner le problème soigneusement, sans jamais tomber dans la prescription hâtive.»
Un antidépresseur ? ok, voici du millepertuis et de la lavande
Si certains scientifiques avancent l’idée que le millepertuis serait aussi efficace que les antidépresseurs sur les états dépressifs, une autre plante est étudiée de près : la lavande. Elle fait même l’objet d’un nombre d’essais cliniques croissant, certains portant sur le cancer et d’autres sur les états anxieux.
Si l’huile essentielle de lavande est utilisée en aromathérapie pour traiter l’agitation et l’anxiété, des études vont plus loin en essayant même de comparer la lavande aux antidépresseurs.
Une étude de 2010, randomisée en double-aveugle (pour éviter l’effet-placebo), montrait que la lavande, administrée en gélules (sous forme de Silexan®) était efficace pour traiter l’anxiété1. Une autre étude de 2010, elle aussi randomisée en double-aveugle, montrait même que pour le traitement de l’anxiété, elle était plus efficace que le lorazépam, un médicament de la famille des benzodiazépines2.
Ces effets, bien que positifs et montrés lors d’essais contrôlés, restent bien entendu à relativiser et à traiter avec prudence et ne pas tomber dans l’automédication pour des questions aussi graves, pour lesquels le médecin est tout indiqué pour vous orienter. Il n’en reste pas moins qu’il faut également relativiser la prise d’antidépresseurs à tout va et il faut espérer que la recherche fasse des progrès en ce sens.
Source : http://www.consoglobe.com/lavande-efficace-antidepresseurs-cg