Le porte-parole du Cade a présenté les risques et dégâts environnementaux liées aux ''décharges sauvages'' du territoire. © Aurore LUCAS
Les décharges sauvages seraient en voie de prolifération sur le Pays Basque, alerte le CADE. Le plan départemental des déchets essaie de mettre de l'ordre dans cette question.
Justine Giraudel|09/03/2015|
La gestion des déchets du bâtiment est un sujet épineux : comment concilier la sauvegarde de l'environnement avec la construction de nouveaux logements et la démolition des anciens ? La problématique est d'autant plus complexe qu'elle touche l'ensemble de la société : riverains, mouvements écologistes, entrepreneurs du bâtiment, pouvoirs publics. Depuis 2005, un plan départemental des déchets a été adopté par le Conseil général des Pyrénées-Atlantiques, afin d'accompagner les acteurs concernés sur cette question.
Le CADE annonçait mercredi 4 mars l'ouverture du "front des décharges sauvages" et dénonçait leur multiplication dans le Pays Basque nord, ainsi que le manque d'équipements adaptés à ce type de dépôts. Dans sa ligne de mire, huit décharges disséminées sur le territoire : Mouguerre, Bardos, Ustaritz, Bidart, Biriatou, Saint-Pée-sur-Nivelle, Tarnos. Face aux interpellations des comités ou associations de riverains, et bien que ce ne soit pas sa vocation, il a choisi d'entamer diverses procédures juridiques pour contrer la "politique de l'autruche" qui entoure cette question.
Parallèlement, le Collectif participe à la commission de suivi du plan des déchets (voir article associé), conduite par le Département et qui rassemble des représentants touchés par ces enjeux : État, professionnels du BTP, carriers et professionnels du déchet, collectivités territoriales, associations de consommateurs et de défense de l'environnement.
Pour les agents, la première difficulté est technique : quantifier le nombre de déchets produits par le bâtiment. Près de 40 % échapperaient à leur connaissance. Difficile dans ce cas de prévoir le nombre d'équipements nécessaires – plateformes de valorisation permettant le tri des matériaux et installations de stockage de déchets inertes (ISDI) ou carrières.
Cette "fuite" viendrait essentiellement d'une méconnaissance générale des maîtres d'ouvrage des chantiers (notamment privés), à qui incombe pourtant la responsabilité de la gestion de déchets qu'ils ont eux-mêmes du mal à qualifier.
La deuxième difficulté est économique : valoriser (trier), stocker, enfouir les déchets a un coût et il peut être élevé. Le collectif et les agents sont unanimes : cette donnée doit être anticipée et faire partie intégrante du budget des constructions et démolitions, "mais aujourd'hui elle est tertiaire", estime le technicien de l'environnement.
Pas de ligne budgétaire
L'exemple des PLU, montés par les collectivités territoriales, serait sur ce point édifiant : ils ne prévoiraient pas de ligne budgétaire sur cette question. "Comment peut-on ne pas penser à ce problème quand on veut construire 30 000 logements ?", s'indigne le CADE.
La question est d'autant plus urgente que les trois ISDI et les deux carrières du Pays Basque ont une durée de vie limitée qui s'arrêtera, pour la plupart, aux alentours de 2022. Elles pourraient certes être reconduites avec les autorisations nécessaires. Mais d'ici-là, le collectif et les agents vont devoir ferrailler dur pour impulser une nouvelle dynamique, qui, pour les agents, relève aussi bien du public que du privé : aux entreprises et aux collectivités territoriales de se responsabiliser sur la gestion de leurs déchets du bâtiment. Ils seront là pour les y aider. Le CADE, lui, continuera à veiller au grain.
Source : http://mediabask.naiz.eus/fr/info_mbsk/20150309/ces-dechets-qui-derangent