Pour les «liquidateurs» c'est déjà plus de 100 000 morts et plus de 200 000 invalides, et pour les populations exposées à la contamination le bilan (serait déjà selon les estimations) probablement supérieur à 985 000 de morts à travers le monde.
En janvier 2010, l'Académie des sciences de New York (NYAS) a publié le recueil (sous la direction d'Alexei Yablokov) le plus complet de données scientifiques concernant la nature et l'étendue des dommages infligés aux êtres humains et à l'environnement à la suite de l'accident de Tchernobyl «Chernobyl: Consequences of the catastrophe for people and the environment». Cet ouvrage (dont on peut lire une version réduite et traduite par Wladimir Tchertkoff en Word (.doc), ou en PDF,) met à la disposition du lecteur une grande quantité d'études collectées dans les pays les plus touchés: la Biélorussie, la Russie et l'Ukraine. Les auteurs estiment que les émissions radioactives du réacteur en feu ont atteint dix milliards de curies, soit deux cents fois les retombées des bombes atomiques lancées sur Hiroshima et Nagasaki, que sur les 830 000 «liquidateurs» intervenus sur le site après les faits, 112 000 à 125 000 sont morts, et que le nombre de décès à travers le monde attribuables aux retombées de l'accident, entre 1986 et 2004, est de 985 000, un chiffre qui a encore augmenté depuis cette date.
Sommaire :
1) Des témoins racontent
2) Le bilan est minimisé
3) Les responsabilités occidentales
4) Mensonges d'Etat en France
5) L'accident nucléaire est possible en France
6) Livres
1) Des témoins racontent l'apocalypse nucléaire :
Samedi 26 avril 1986, un programme d'essais faisant entorse aux règles de sûreté tourne très mal... à 1 h 23 min 40 s, le réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl explose.
Vladimir Starovoitov, habitant de Bourakova, village proche de Pripyat.
Témoignage de Ludmila Alexandrovna Kharitonova, ingénieur principal à l'entreprise de construction de la centrale de Tchernobyl.
Ivan Petrovich Makarenko, responsable régional de la Défense civile à Narodichi, décrit l'état de la situation dans cette région en avril 1986.
A propos d'évacuation... Dans la journée du 27, des relevés dosimétriques ont été effectués toutes les heures dans la ville de Pripyat. Des échantillons ont été prélevés sur l'asphalte, dans l'air, sur la poussière des bas-côtés. Les analyses ont montré que 50 % de la radioactivité provenaient de l'iode 131 : près de l'asphalte, elle atteignait presque 50 roentgens/h, à 2 mètres du sol à peu près 1 roentgen/h.
Le rédacteur en chef du journal Le drapeau léniniste raconte comment la situation fut abordée dans la région de Khoïniki en Biélorussie.
Les dosimétristes estimaient que le 27 avril vers 14 heures que la dose cumulée chez chaque habitant de Pripyat et chez les membres de la Commission gouvernementale atteignait en moyenne 40 à 50 rads.
Les hélicoptères du général Antochkine.
Le 7 mai, la radioactivité dans la zone de la catastrophe (signalée à l'état major du ministère de l'Énergie) était la suivante :
- Aux alentours de la centrale ; graphite : 2 000 roentgens/h (à proximité) ; combustible : jusqu'à 15 000 roentgens/h. Dans l'ensemble, le niveau de rayonnement autour de la tranche était de 1 200 roentgens/h (près des éboulis).
- A Pripyat, de 0,5 à 1 roentgen/h (air) ; de 10 à 60 roentgens (routes, asphalte).
- Toit du bâtiment de stockage des déchets solides et liquides : 400 roentgens/h.
- A Tchernobyl : de 15 milliroentgens/h (air) à 20 roentgens/h (sol).
- A Ivankovo, située à 60 kilomètres de Tchernobyl : 5 milliroentgens/h.
Une explosion atomique d'une puissance de 3 à 5 Mégatonnes pouvait-elle se produire à Tchernobyl ?
"Plus tard, j'appris que l'expression «compter les vies» avait acquis les jours précédents une signification particulière. Durant les séances que la Commission gouvernementale tenait le soir et le matin, alors que l'on débattait de telle ou telle décision à prendre, par exemple, ramasser le combustible ou le graphite du réacteur derrière le réacteur accidenté, pénétrer dans la zone de haute activité pour rouvrir ou refermer telle ou telle vanne, Silaïev, président de la Commission gouvernementale, vice-président du Conseil des ministres de l'URSS disait: «Pour ça, il faut compter deux ou trois vies, et pour ça une vie»..." G. Medvedev.
Le général de division Nikolai D. Tarakanov raconte les opérations de décontamination des toits du bloc 3 qu'il supervisa.
Le suicide de Valeri Legassov, un membre de l'Académie des sciences de l'URSS, qui fut parmi les initiateurs et les concepteurs du programme nucléaire soviétique et qui participa à la Commission gouvernementale qui fut envoyée à Tchernobyl moins de vingt-quatre heures après le début de l'accident. Il dirigea l'équipe scientifique et technique qui eut la charge de la gestion de l'accident sur le site. Il cosigna le rapport d'août 1986 et il était à la tête de la délégation soviétique à Vienne. Il a été, même après l'accident de Tchernobyl, un propagandiste zélé de l'énergie nucléaire. Il se suicide le 27 avril 1988 en laissant un "testament" qui sera publié le 20 mai 1988 dans la Pravda.
Lettre ouverte du Comité d'action des femmes biélorusses (Gomel) à Gorbatchev, Ryjhkov et à tous les députés du Soviet suprême (avril 1990).
Le dernier combat de Lioubov Kovalevskaïa (Lire: Ma catastrophe de Tchernobyl, Libération en PDF).
2) Le bilan est minimisé non seulement en Biélorussie et Ukraine, mais aussi par les organisations internationales :
Les experts, les médias et Tchernobyl.
"On nous cache tout On nous dit rien" par Bella Belbéoch, extrait de Ecologie n°371 mai 1986 en PDF.
"Où est la catastrophe ?" par Bella Belbéoch, extrait de Ecologie n°372 en PDF.
"L'appel des daltoniens", extrait de Ecologie n°372 en PDF à propos de l'Appel pour une Commission d'enquête à Tchernobyl (le Monde du 9 mai 1986), voir la lettre ouverte au Docteur B. Kouchner et sa réponse.
Le silence est retombé sur Tchernobyl. Les Nouvelles de Moscou ont mené l'enquête et mesuré la gravité des séquelles: maladies, monstruosités et mutations génétiques contredisent l'optimisme officiel :
- Trois ans après la catastrophe, le bilan s'alourdit
- Tout va bien dans le meilleur des mondes
- Les contre-vérités sur la catastrophe s'accumulent
Tchernobyl déjà des leucémies (Le généraliste, mai 1990).
L'irradiation aggrave la morbidité (incidence des maladies).
Véritable négationnisme de l'ONU sur Tchernobyl.
Quelques remarques sur le communiqué de presse et le rapport des experts OMS.
Les effets biologiques des faibles doses de rayonnement.
Conséquences de Tchernobyl en République de Bélarus :
- Interview de Vassili Nesterenko
- Interview du Professeur Yuri Bandazhevsky (l'ex-prisonnier de Tchernobyl)
La catastrophe de Tchernobyl et la santé par Michel Fernex.
Interview de Bella Belbéoch (en RealVideo 19Kb).
Visitant l'hôpital de Kiev vers la fin d'avril 89, la biologiste Rosalie Bertell a appris "que sur 1000 femmes des environs de Tchernobyl, enceintes au moment de l'accident, seulement 65 auraient accouché et, sur les 65 enfants nés, seulement 37 auraient survécu." (Témoignage de Pierre Lehmann, "Retour de Tchernobyl", SEDE SA).
Un premier bilan sanitaire présenté par les experts soviétiques (voir: annexe 7 du rapport de l'AIEA, Vienne, août 1986 en Pdf 3,3 Mo).
La remise en cause de l'estimation initiale.
A propos des congrès officiels (OMS, AIEA...) sur Tchernobyl.
Quelques faits dérangeants (dossier très long, il est préférable de l'imprimer pour le lire).
Les mutations dans la région de Tchernobyl.
Porcs à deux têtes et autres monstres.
A la ferme du kolkhoze Petrovski, on m'a montré un porcelet dont la tête ressemblait à celle d'une grenouille: à la place des yeux il avait des excroissances tissulaires où l'on ne distinguait ni cornée ni pupille.
- C'est un de nos nombreux monstres - m'a expliqué Piotr Koudine, vétérinaire du kolkhoze - Ordinairement, ils meurent sitôt venus au monde, mais celui-là vit encore.
La ferme est petite: 350 vaches et 87 porcs. En cinq ans avant l'accident nucléaire, on n'y a enregistré que trois cas de monstruosité parmi les porcelets et pas un parmi les veaux. En un an après l'accident, il y a eu 64 monstres: 37 porcelets et 27 veaux. Dans les neuf premiers mois de 1988: 41 porcelets et 35 veaux. Ces derniers naissent le plus souvent sans tête ni extrémités, sans yeux ou côtes. Les porcelets sont exophtalmiques, ont le crâne déformé, etc.
- Et que disent les savants ? à Kiev, on a créé un institut spécial de radiologie agricole.
- Ils n'ont pas manifesté un intérêt particulier pour notre ferme, m'a répondu Piotr Koudine. Ils ont examiné plusieurs cadavres de nouveau-nés monstrueux et déclaré que ce phénomène pouvait être provoqué par des centaines de causes n'ayant rien à voir avec la radiation. Je suis vétérinaire, donc je le sais moi aussi, mais les statistiques de la monstruosité m'obligent à distinguer une cause bien déterminée. Car les fourrages sont produits par des champs contaminés par les radionucléides. Et puis, les responsables du stockage refusent notre bétail car les doses de radiations qu'il a reçues sont supérieures à la norme.
La porchère ayant sorti le porcelet monstre pour que je puisse le photographier, m'a dit, les larmes aux yeux:
- Ma fille vient de se marier. Comment sera mon petit-fils ?
Extrait de l'article «Les séquelles»,Les Nouvelles de Moscou,édition française du 19/2/1989.
Quelques indications sur la situation sanitaire en Bélarus, Ukraine et Russie (mai 1999).
Bélarus : Rencontre avec les professeurs Alexeï Okeanov, Ladjuk et avec le médecin Viatcheslav Stanislavovitch.
Le point de vue d'une généticienne sur les conséquences sanitaires en Bélarus (mai 1999).
Ukraine : Seulement 20% des nouveau-nés sont en bonne santé (PDF).
Russie : Novozybkov, les oubliés de Tchernobyl.
La mer Noire n'échappera pas à la contamination.
La Pologne après Tchernobyl.
Taux élevée de leucémies en Turquie.
Le dossier norvégien (mars 1990).
18 ans après l'explosion, à plus de 150 km de Tchernobyl, on enterre des villages radioactifs !
L'oubli pour les liquidateurs de Tchernobyl :
- Hommage aux liquidateurs inconnus
- Non, les liquidateurs ne se sont pas sacrifiés pour sauver l'Europe, on les a sacrifiés !
Une radiologue soviétique témoigne.
L'énergie nucléaire ou l'avènement de la mort statistique
Le point final concluant les enseignements de Tchernobyl peut se trouver dans Le Monde du 28 août 1986 citant M. Rosen, le directeur de la sûreté nucléaire de l'AIEA, qui déclare à la conférence de Vienne d'août 1986 : "Même s'il y avait un accident de ce type tous les ans, je considérerais le nucléaire comme une source d'énergie intéressante."
Il ne faut donc pas oublier à chaque fois que cette Agence intervient dans les questions nucléaires, que c'est à un promoteur du nucléaire qu'on a affaire !
Un procès contre des officiels soviétiques responsables de la gestion post-accidentelle (juin 1991).
- "Une estimation des pertes occasionnées par la contamination des terres suite à l'accident de Tchernobyl s'élève à 94,5 milliards de roubles. Il est clair qu'il sera impossible d'utiliser ces terres pendant des décennies. Le montant total des pertes causées par l'accident avoisinerait 215 milliards de roubles" (Moscou, 24/11/1990, retransmis par la BBC).
- "L'accident de la centrale nucléaire de Tchernobyl en 1986 a coûté à l'ex-Union soviétique plus de trois fois la totalité des bénéfices commerciaux enregistrés par l'exploitation de toutes les autres centrales nucléaires soviétiques entre 1954 et 1990." (Richard L. Hudson, "Cost of Chernobyl Nuclear Disaster Soars in New Study," Wall Street Journal, le 29 mars 1990.)]
3) Responsabilités occidentales dans les conséquences sanitaires de la catastrophe de Tchernobyl :
- Tchernobyl, la tragédie optimisée, Yves Lenoir, Comité de Liaison Tchernobyl, mai-juin 1996 (en format Word .doc).
- 3 000 villages et villes encore habités sont fortement contaminés.
- La non-évacuation des habitants des zones contaminées de Biélorussie : à qui la faute ?
- Interview de Pierre Pellerin directeur du SCPRI réalisée par Alexandre Sidorenko le 19 juin 1989 pour le journal Kiev-Soir.
- A propos de la CIPR (Dr. Rosalie Bertell).
- Des structures écrans au service du nucléaire.
- Erreur ou manipulation ? à propos du dossier IPSN de 1998, "Tchernobyl, douze ans après" (mai 1999).
- Exemples de mensonges et de désinformation sur Tchernobyl.
Rappel: Lorsque les promoteurs occidentaux de l'industrie nucléaire en vantaient la fiabilité, l'URSS n'était pas mise à part, la filières RBMK de Tchernobyl non plus...
4) Mensonges d'Etat sur le nuage de Tchernobyl en France :
- Les doses en France étaient corsées.
- La Corse frappée par la "psychose".
- L'inquiétude grandit en Corse.
- Effets sur la santé en France (janvier 1998).
- Une opération pour blanchir définitivement le Professeur Pellerin et sa "gestion" post-Tchernobyl en 1986.
- Retour sur la gestion en France de la crise ouverte par Tchernobyl.
- Dysfonctionnements et mensonges des services de l'État en 1986 (dossier en PDF).
- La CRIIRAD demande la mise en examen du Pr Pellerin.
5) Qui pense encore que l'accident nucléaire est impossible en France alors que les autorités s'y préparent ?
Chronique d'un désastre annoncé.
Sortir du nucléaire: pourquoi ? Quand ? Comment ?
Tchernobyl-sur-Seine (1998).
6) Livres :
La supplication - Svetlana Alexievitch.
Tchernobyl une catastrophe - Bella et Roger Belbéoch (voir la revue de Presse).
Le Crime de Tchernobyl - Le goulag nucléaire -Wladimir Tchertkoff.
Les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl pour l'homme et la nature, version en Word (.doc), ou en PDF, réduite et traduite par Wladimir Tchertkoff du livre publié à Saint Petersbourg en 2007 sous la direction de Alexeï Yablokov «Chernobyl: Consequences of the catastrophe for people and the environment».
L'héritage de Tchernobyl - Paul Fusco.
Tchernobyl - Confessions d'un reporter - Igor Kostine.
Sous l'épaisseur de la nuit - Documents et témoignages sur le désastre de Tchernobyl - Association Contre le Nucléaire et son Monde.
La vérité sur Tchernobyl - Grigori Medvedev.
Tchernoblues - De la servitude volontaire à la nécessité de la servitude - Roger Belbéoch.
"La philosophie de ma vie" - Journal de prison - Tchernobyl 20 ans après - Youri Bandazhevsky.
Source : www.dissident-media.org/infonucleaire