Le Ministre des Transports qualifie le financement de la LGV entre Tours et Bordeaux de " choix singulier."
SV avec AFP Publié le 15/03/2016 | 16:06, mis à jour le 15/03/2016 | 16:06
Le secrétaire d'Etat aux Transports Alain Vidalies a estimé mardi que le montage financier de la ligne ferroviaire à grande vitesse Tours-Bordeaux, qui prévoit notamment un partenariat public-privé entre les collectivités, la SNCF et le concessionnaire Lisea, filiale de Vinci, était un " choix singulier ".
Dans un entretien accordé au quotidien Le Monde (article abonnés), Alain Vidalies confirme que la LGV Tours-Bordeaux ouvrira le 1er juillet 2017, et assure qu'une solution " négociée " entre le concessionnaire et la SNCF sera trouvée pour son financement. Il ajoute toutefois que l'on " peut s'interroger sur le financement décidé en 2007.
"En faisant payer 48 collectivités locales, on a fait croire que le TGV était un TER et que tout le monde pourrait avoir sa desserte. C'est impossible " souligne Alain Vidalies.
Les 7,8 milliards d'euros du projet sont financés par l'Etat et les collectivités locales à hauteur de 3 milliards d'euros, SNCF Réseau (ex-RFF) pour 1 milliard, et le reste par Lisea. Une contribution a été demandée aux collectivités locales pour la moitié du financement public, qui vont donc débourser 1,5 milliard d'euros. Mécontentes des prévisions de dessertes, jugées trop peu nombreuses, certaines avaient suspendu leurs financements.
L'ex-ministre du Travail Jean Auroux, chargé d'une médiation entre la SNCF, le concessionnaire et les collectivités locales, avait indiqué l'an dernier qu'il manquait " quelques centaines de millions " d'euros, du fait de cette suspension.
La LGV Tours-Bordeaux, longue de 340 kilomètres, doit mettre Paris à 2H05 de Bordeaux, contre au minimum 3H15 actuellement. Elle fait l'objet de vives passes d'armes, notamment en raison de son montage financier. Alain Vidalies a estimé ainsi que le recours au partenariat public-privé était un choix "singulier dès lors que le concessionnaire n'a qu'un client, la SNCF".
Lisea, qui construit cette LGV, en sera également le gestionnaire, c'est-à-dire que les opérateurs ferroviaires, pour y faire circuler leurs trains, lui verseront des redevances (en moyenne 22 euros par kilomètre), et non à SNCF Réseau (ex-RFF) comme c'est le cas sur la majeure partie du réseau français. Or la SNCF prévoit une perte d'exploitation annuelle de 150 à 200 millions d'euros sur cette ligne.
Alain Vidalies a assuré cependant qu'une solution négociée " acceptable " allait être trouvée. " Après un moment de tension entre Lisea et la SNCF, le dialogue a été renoué par mon intermédiaire ", a-t-il expliqué au Monde.