08/01/2013 L'opinion - Tribune Libre
Dans une interview donnée à Sud Ouest, Alain Rousset “s’énerve” à nouveau après Gilles Savary, l’accusant de “déposer les armes” dans le dossier du GPSO [Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest, ndlr]. Pour lui, il faut “ne pas douter et foncer”. C’est ce qu’il a fait, dans le passé, avec l’A65. On connaît le résultat : 35 millions de déficit la première année d’exploitation !
Il ne désespère toujours pas de faire appel au financement privé, lui, le fustigeur des PPP [partenariats public-privé]. Le GPSO serait donc “des plus rentables”. Ce n’est pas l’avis de personnes autorisées comme Hervé Mariton, qui écrivait dans un rapport à la commission des finances de l’Assemblée nationale : “Les nouvelles lignes risquent de n’être finançables ni par des fonds privés du fait d’une trop faible rentabilité attendue, ni par des fonds publics sous contraintes. […] Le faible niveau d’autofinancement par le système ferroviaire est un indice important du faible bénéfice socio-économique prévisible.”
La construction de cette infrastructure est “indispensable” aux yeux du président de la région “quand on connaît l’impact économique des LGV”.
Quel déni de la réalité !
Pas d’effet sur l’économie
Marie Delaplace, professeure d’urbanisme à Paris-Est et qui anime une équipe de chercheurs autour de l’impact des LGV, ne cesse de clamer que “la LGV n’a pas d’effet sur l’économie d’un territoire. Il faut vraiment dépasser ce cliché, […] il n’y a aucune corrélation entre LGV et dynamisme d’un territoire”. D’autres études concluent dans le même sens.
Mais ce qui compte avant tout, pour ce président “pressé”, ce sont “les gains de temps spectaculaires”. Parlons-en ! Quatre minutes entre Bordeaux et Bayonne par rapport à la ligne rénovée, de l’aveu même de RFF [Réseau ferré de France] dans un document intitulé “Études de marché et trafic voyageurs/Situation de projet 2020”.
Technique limitée
Selon lui, “l’impact sur le report modal du trafic marchandise sera décisif”. Soit, mais sait-il que 58 % des trains de fret proviendront du réseau classique espagnol et ne seront pas compatibles avec la nouvelle ligne selon Fomento ? Sait-il comment est jugé le choix de mettre en place une autoroute ferroviaire par les spécialistes ? Récemment, Patrice Salini, professeur des universités, consultant spécialisé des transports et ancien directeur de cabinet d’un ministre des Transports, écrivait dans Les Échos : “Cette technique ne peut aucunement prendre une part de marché massive (ou décisive) ni répondre à une organisation industrielle du transport combiné – où finalement les boîtes (conteneurs) demeurent l’outil idoine.” Ce que les opposants au projet ont toujours affirmé.
Décidément, monsieur Rousset maîtrise mal ce dossier ! C’est l’amer constat fait, il y a un an, par les opposants lors de sa présentation des vœux au Pays Basque où, contraint de les recevoir, il s’était vu obligé de discuter une dizaine de minutes avec eux.
Il s’était alors défait de ces encombrants visiteurs en leur promettant un rendez-vous à l’hôtel de région.
Ils attendent toujours…