par JOCELYN L HERMITTE, passionné de chemin de fer
04.11.10
L'actuel ministre de l'Environnement, présumé prochain Premier ministre, se gargarise d'avoir réussi un grand coup avec le Grenelle de l'Environnement. N'importe quelle personne s'intéressant à la question est obligée de reconnaître que l'écologie n'y a rien gagné bien au contraire.
Exemple : la ligne à grande vitesse entre l'Alsace et la Bourgogne, en voie d'achèvement, est exactement l'illustration d'une fausse bonne idée.
Sauf à être anti-ferroviaire à tout prix — et il s'en trouve —, il faut se féliciter de cette construction qui raccourcira les temps de parcours entre l'Est (et l'Allemagne) et le grand Sud dès la fin de l'année prochaine en attendant la construction de la branche sud. Mais pourquoi ne pas avoir profité de ce chantier pour relancer le ferroviaire dans toute la région ?
Il ne sera toujours pas possible d'aller de Vesoul à Besançon par le train, alors qu'il était facile de reprendre l'ancienne voie pour permettre une liaison directe et rapide entre la Haute-Saône et la préfecture de la région, tout en desservant la gare construite sur la LGV. Je connais d'avance l'argument : Vesoul est une petite ville et l'investissement ne serait pas rentable. Sûrement, mais alors pourquoi la route nationale 57 est-elle en train de devenir une route à quatre voies ? Pour un coût beaucoup plus élevé d'ailleurs... D'autant qu'il était possible de prolonger la ligne réhabilitée entre Besançon-Viotte (en ville) et la nouvelle gare en longeant la LGV jusqu'à Montbozon.
Une telle opération, conjuguée à l'électrification de la ligne historique Paris — Bâle par Troyes et Vesoul, aurait de multiples avantages :
— des dessertes améliorées par TER,
— des lignes classiques modernisées permettant des solutions de rechange en cas d'empêchement d'utilisation de la LGV,
— une meilleure fluidité des trains de marchandises (absence de changement de traction)...
Les Suisses l'ont bien compris qui réclament l'électrification de la ligne Belfort — Delle — Porrentruy — Delémont afin de rejoindre par train la future gare TGV Belfort-Montbéliard. Ce sera au mieux pour 2013.
Malheureusement, contrairement aux promesses, la réalité, en France, est beaucoup moins engageante. Le pire, c'est que les autres projets à venir — LGV Aquitaine, LGV Bretagne — vont confirmer ce triste constat : aucun projet de réhabilitation de voies anciennes n'est prévu, malgré des besoins évidents : Fougères, Mayenne, Laval — Angers, Cholet — Poitiers, Niort — Saintes, La Roche sur Yon — Bordeaux par La Rochelle... ah si, il est toujours prévu une ligne à grande vitesse, à voix unique, entre Poitiers et Limoges ! Sans commentaire.