Par admin le mardi 22 janvier 2013, 12:53 -
Un wagon chargé d'uranium "appauvrit" en provenance du site nucléaire de Tricastin vient de dérailler dans la gare de triage de Saint-Rambert d'Albon (Drôme) ce lundi 21 janvier 2013 à 17h30. Chaque semaine la mort rôde par la route et le fer sur les populations et territoires de France et notamment de la région la plus nucléarisée de l'hexagone : la vallée Rhône-Durance. Ce sous-produit des usines d’enrichissement de l'uranium et des centres de traitement du combustible est utilisé dans les blindages de chars militaires et de composant de projectiles d'armes de guerre. Pourquoi de l'uranium dit "appauvri" sort-il du Tricastin ? Quel est son origine : civile ou militaire ? Pourquoi la destination de la Hollande ? Vers où ensuite ?...
Un wagon chargé d'uranium vient de dérailler dans la gare de triage de Saint-Rambert d'Albon (Drôme) ce lundi 21 janvier 2013 à 17h30. Le convoi nucléaire transportant ces fûts d'uranium "appauvri" provenait de la centrale nucléaire du Tricastin (Vaucluse-Drôme) et prenait la direction de la Hollande. Un trafic récurent de matières radioactives qui emprunte la route et le fer menaçant les populations et les territoires tous les mois.
900 000 colis de substances radioactives nucléaires sont transportés chaque année en France.
Selon les autorités le wagon ne se serrait pas couché et aucune fuite radioactive n'aurait pu être repérée. La préfecture et le groupe nucléaire Areva, en charge du convoi invoquent qu'un essieu du wagon serait sorti de la voie lors d'un passage d'aiguillage ce qui a conduit à bloquer l'ensemble du transport nucléaire pendant plusieurs heures. Les opérations de relevage étaient toujours en cours lundi soir et "devraient aboutir en soirée" selon Areva. La vie ne tient qu'à un fil!
Selon l'ASN, le convoi de wagons d'uranium est reparti vers Pierrelatte le mercredi 23 janvier au matin pour un transbordement du chargement du wagon accidenté sur un wagon de remplacement.
Un mystère inquiétant : quel est le type d'uranium appauvri concerné ?
Sous-produit des usines d’enrichissement de l'uranium et des centres de traitement du combustible usé, l'uranium "appauvri" (1) n'a pas de composition définie et donc il n'est pas possible d'en donner une caractérisation précise. Ses propriétés mortelles peuvent se situer entre l'uranium naturel et l'uranium-238. L'uranium dit "appauvri" se désintègre et génère des descendants radioactifs (composants de sa chaîne de désintégration), ce qui augmente au fur et à mesure l'activité radioactive de l'uranium appauvri initial. Cette concentration en isotope radioactif rend l'uranium de retraitement appauvri beaucoup plus dangereux sur le plan de la radiotoxicité que son homologue obtenu à partir d'uranium naturel. La période radioactive de l'uranium 235U est de 710 millions d'années, celle de l'uranium 238U est de 4,5 milliards d'années et ses descendants tel le Proactinium 234 ou le thorium 234 (234Th) qui à une demi-vie de 14,05 milliards d'années, soit bien plus que l'âge de la Terre.
L'uranium dit "appauvri" est militaire et utilisé depuis plusieurs années pour fabriquer des munitions (obus de 20 à 30 mm des avions ou hélicoptères chasseurs de chars) qui ont été utilisées notamment lors des guerres du Golfe contre l'Irak, puis au Kosovo, dernièrement en Lybie. Les dispersions de particules radioactives ont ainsi contaminé des milliers de soldats et d'habitants des régions victimes de ces actes de guerre, et bien au-delà, du fait des vents rabattants. On n'exclue pas ainsi que ce que les puissances occidentales ont largué sur la Lybie ne reviennent en Europe de par le "sirocco".
L'uranium appauvri a été aussi disséminé dans la fabrication des lest pour quilles de bateaux de compétition ou dans les parties mobiles de la queue et des ailes d'avions de ligne jusque dans les années 1980. Bonjour les doses pour les passagers ignorants du danger.
L'uranium dit "appauvri" est aussi transformé en oxyde d'uranium et utilisé avec un complément de plutonium pour créer le terrifiant combustible nucléaire "MOX" celui de la centrale nucléaire de Fukushima-Daïchi et qui alimente aussi depuis quelques années certains réacteurs nucléaires en France. Un contrat lie Areva et les Pays-Bas pour la fourniture de matière fissiles et la production du Mox à l'usine Melox de Marcoule (Gard)
Uranium "appauvri" : le lien mortel du nucléaire militaire et civil
La première production historique d'uranium dit "appauvri" a été celle des centrales nucléaires destinées à la production de plutonium à des fins militaires puis plus tard à la production électrique. Cet uranium contient des traces de produits de fission, mais également des isotopes U-234 et U-236, beaucoup plus radioactifs, qui ne peuvent pas être séparés chimiquement du reste de l'uranium. Le nombre de recyclage est limité par l'accumulation progressive dans l'uranium de retraitement des isotopes U-234 et U-236 présents dans le combustible irradié, qui ne sont pas fissiles et sont de plus fortement radioactifs. L’enrichissement de l’uranium à partir de l’uranium naturel a été ensuite développé, afin de produire l'uranium enrichi nécessaire aux bombes atomiques puis aux centrales nucléaires à eau pressurisée ou à eau bouillante. Enfin, l'uranium de retraitement peut lui-même être enrichi, à la place d'uranium naturel, pour récupérer l'uranium 235 qu'il contient (si les conditions de buiseness économiques rendent cette opération intéressante). L'enrichissement isotopique tend à séparer l'U-234 avec la fraction enrichie, mais l'U-236, plus lourd, tend à rester avec la composante appauvrie.
Il y a dix ans, en 2001, Areva NC indiquait avoir sur les bras 190 000 tonnes d'Uranium appauvri.
Pourquoi la Hollande? pourquoi Tricastin?
Si, comme l'indique Areva, le convoi nucléaire d'octaoxyde de triuranium (U3O8) est a destination de la Hollande, comment se fait-il qu'il provienne du Tricastin/Pierrelatte (rappel : la plus importante concentration d'industries nucléaires et chimiques de France)? Du Tricastin alors que, selon le contrat signé avec l'exploitant du seul réacteur à eau pressurisée (REP) des Pays-Bas, celui de Borssele (construit par Siemens pour produire de l'électricité pour le producteur d'aluminium Pechiney) le combustible usé est traité officiellement par Areva dans son usine de la Hague dans la Manche en Basse-Normandie? Uranium "appauvrit" renvoyé ensuite aux Pays-Bas vers le centre de stockage provisoire à long terme de déchets radioactifs de la COVRA pour... au moins un siècle. La Hague serait-elle donc bien à saturation et ne pourrait plus traiter de déchets supplémentaires comme des indiscrétions le laisse entendre depuis quelque temps. Ou bien serait-ce une "fuite" de matières fissiles pour alimenter la filière du "Mox"?
S'agirait-il d'une opération purement spéculative de test de réenrichissement en Hollande à Urenco (Areva a racheté des brevets à Urenco pour le processus d’enrichissement) où en fonction du prix de l'uranium cette opération peut être utile? Ou bien finalement, malgré les déclaration de Areva, la destination finale serait, en fait, l'Allemagne et l'usine d'enrichissement de l'uranium de Gronau située au nord-ouest de l'Allemagne près de la frontière avec les Pays-Bas ? Une usine approvisionnée en matière première par des trains d'hexafluorure d'uranium (UF6) en provenance de l'Usine Georges-Besse de Pierrelatte (Drôme). Ces transports d’uranium UF6 de Gronau qui ont comme destination, non seulement la France mais aussi la Russie, sont depuis plusieurs années l'objet d’une critique toujours plus grande et au centre d’activités de résistance à dimension internationale.
Les fûts d'uranium "appauvrit" du Tricastin/Pierrelatte seraient-il donc lié au chargement de 6,7 tonnes de combustibles nucléaires usés, parti du terminal ferroviaire situé près de la centrale de Borssele à destination de l’usine de La Hague en juin 2012, et qui auraient atterri finalement dans l'usine Eurodif /Georges Besse II du Tricastin ou bien à l'usine Melox de fabrication du Mox à Marcoule, ou alors, pourquoi pas, à l'usine Centraco de Marcoule où s'est produit l'accident mortel de septembre 2012 et où les tonnages officiels traités étaient faux et bien supérieurs à ce que la direction déclarait. Si tel était le cas un chassé-croisé de matières fissiles aurait eu lieu sur le réseau ferré et peut-être aussi par la route et pourrait révéler un étonnant circuit emprunté par les déchets nucléaires et les matières radioactives. Beaucoup de questions se poseraient alors.
Les Collectifs antinucléaires du sud-est exigent de mettre un terme à ces transports répétés de matières radioactives mortelles, à leur production et aux atteintes quotidiennes perpétrées contre les populations et les territoires et par conséquent exigent l'arrêt immédiat et définitif du nucléaire.
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(1)l'uranium dit "appauvri" est produit à l'usine "Georges Besse" au Tricastin. Il s'agit d'uranium naturel auquel on a retiré l'uranium U235, et qui contient donc plus de U238. L'Uranium naturel contient 0,7% de 235, le reste étant pour l'essentiel de l'Uranium 238. L'uranium dit "appauvri" qui ne contient presque plus de U235 est légèrement moins radioactif mais tout autant radiotoxique si on l'inhale ou si on l'avale car ce sont des émetteurs alpha provoquant de très gros dégâts sanitaire. L'uranium issu du retraitement à la Hague est très difficile à utiliser par l'industrie nucléaire car pollué par actinides dits "mineurs" et autres éléments issus des réactions dans les coeurs de réacteurs. Donc pas question de le recycler, outre sa dangerosité, cela est trop compliqué donc cher.