Les amis du Bathos réunis à la veille de l'ouverture de l'enquête publique sur la LGV. Gilles Savary, député, au micro © Photo dowmont catherine
Publié le 13/10/2014 à 06h00 , modifié le 13/10/2014 à 09h19 par CATHERINE DOWMONT
Les Amis du Barthos ont tenu une réunion à la veille de l’ouverture de l’enquête publique sur la LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux Dax. Parmi les sceptiques, le député PS Gilles Savary
Demain mardi marque l'ouverture de l'enquête publique sur la LGV. Jusqu'au 8 décembre, dans les mairies des 24 communes du Sud-Gironde concernées par ce grand chantier, des registres seront mis à la disposition des citoyens afin qu'ils puissent s'exprimer. Vendredi soir, les Amis du Barthos et la Sepanso (société pour l'étude, la protection et l'aménagement de la nature dans le Sud Ouest), ont tenu la première d'une série de quatre réunions afin de mobiliser les opposants à la LGV.
Pour qu'ils puissent se faire une idée de cet épineux dossier, une présentation détaillée du projet a été faite par Philippe Barbedienne, de la Sepanso. « Il ne faut pas laisser faire les choses. Cette enquête publique est la dernière occasion de s'exprimer » rappelle-t-il en revenant sur les caractéristiques techniques de ce train à grande vitesse qui devrait rouler entre 320 et 350 km/h et qui s'adressera « aux clients du toujours plus, les entreprises du BTP et quelques élus mégalos ».
Ce « Grand Projet Inutile et Impossible » (GPII) est, selon ses détracteurs, « une insulte au bon sens et un affront au Sud Gironde ». Et de revenir sur le triangle maudit « qui passe sur le Ciron et le Barthos. Il n'y a pas de pire endroit. On voit que la nature passe au dernier plan… » « C'est un projet dévastateur » poursuit Philippe Barbedienne.
Un projet, qui plus est, onéreux puisque les deux nouvelles lignes, Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax, devraient coûter 8,037 milliards d'euros, valeur annoncée en 2011 et non actualisée.
« Un kilomètre de GPSO, c'est 30 crèches de 50 places ou un lycée de 850 élèves. Deux kilomètre c'est trois maisons de retraite de 85 lits. 20 kilomètres c'est un hôpital de 1200 lits avec un plateau ultramoderne » insiste Philippe Barbedienne. de plus « il n'est pas question de faire un omnibus à grande vitesse »… Entendons par là qu'il ne fera que traverser le territoire, sans s'arrêter.
Cette présentation a été appuyée par les propos de Jacques Lacampagne, des Amis du Barthos, sur l'importance de la participation de tous à l'enquête publique. « Il ne faut jamais désespérer. Il faut se battre », recommande l'opposant en proposant d'entamer une « guérilla juridique », de déposer « des recours tous azimuts » et « d'occuper le terrain ». « Vous devez aller signer le registre d'enquête publique. Le dire à vos amis, vos voisins. Vous devez, en toutes lettres, écrire que vous êtes opposés à ce projet ».
Invité à prendre la parole, le député PS Gilles Savary a mis en perspective ce projet poussé, selon lui, par Alstom « qui fait un train superbe qui ne se vend nulle part. En 2005, le schéma national des infrastructures des transports prônait le tout TGV. Ce plan a été rédigé par Patrick Kron, PDG d'Alstom. Deux ministres l'ont appuyé, Jean-Louis Borloo puisqu'une une usine Alstom est chez lui à Valenciennes, et Dominique Bussereau qui a une usine à Aytré. Il faut savoir qu'Alstom vend à 80 % sur le marché français. La SNCF est obligée d'acheter des trains à Alstom pour faire marcher ses usines… »
Une étude menée par l'école polytechnique de Lausanne fait apparaître que le réseau ferré français classique vieillit dangereusement. Un problème majeur auquel il faut ajouter celui de l'Île de France où les voyageurs, qui n'ont que cette solution, circulent dans des conditions épouvantables. Le réseau et l'île de France devraient compter parmi les plus grandes priorités de la SNCF au détriment de la LGV. Mais c'est loin d'être le cas.
« J'ai pris du recul avec ce projet LGV quand j'ai vu combien de dégâts il faisait », reconnaît Gilles Savary avant de suggérer aux opposants de « saisir les commissions parlementaires concernées, de leur écrire, de faire des recours ». « Il ne doit pas y avoir de groupuscules désordonnés qui agissent de part et d'autre du projet. Il faut une incarnation forte, il faut que quelqu'un assure le leadership… Nous devons nous désintoxiquer du tout TGV. C'est comme si Air France avait fait du tout Concorde… L'Allemagne, elle, a décidé de faire mieux avec ce qu'elle avait en optimisant son réseau. »
Gonflés à bloc par ces propos, les opposants réunis à Cudos vendredi soir, sont repartis avec la ferme intention d'écrire noir sur blanc leur opposition à ce projet.
Source : http://www.sudouest.fr/2014/10/13/les-opposants-a-la-lgv-affutent-leurs-stylos-1701924-2780.php