En plus des trains de fret, quelques trains régionaux desservent la gare de Canfranc actuellement. Mais pour combien de temps ? (photo thierry suire / «sud ouest»)
Publié le 28/12/2012 à 06h00 | Mise à jour : 28/12/2012 à 07h56
Par nicolas rebière
Les restrictions budgétaires en Espagne menacent les trains de voyageurs qui desservent la gare à l'autre bout du Somport. Inquiétudes pour la réouverture de la Pau-Canfranc?.
C'est une autre conséquence des coupes budgétaires du gouvernement espagnol de Mariano Rajoy aux prises avec une crise sans précédent. Le ministère des transports espagnol envisage de cesser ses aides aux lignes régionales (l'équivalent de nos TER) les moins rentables. Sur cette liste noire, on retrouve notamment la ligne qui relie Jaca à Canfranc, en Aragon.
On devrait savoir aujourd'hui si cette ligne, ô combien symbolique en Béarn à l'heure où l'on n'a jamais autant parlé de la réouverture de la Pau Canfranc, sera effectivement fermée, sachant que le fret pourrait de son côté être épargné par ces mesures d'économies.
Des projets pour la gare
Pour l'instant, ce n'est qu'une guérite et une borne interactive qui fait office de gare à Canfranc. Le reste des bâtiments est condamné. Cette immense gare qui fit la fierté de l'Aragon est à l'abandon depuis des années.
Mais cette semaine, le ministre des transports de la province a confirmé l'achat dès que possible de la gare de Canfranc par le Gouvernement d'Aragon pour être transformée en un centre dédié à des activités éducatives, avec par exemple des formations comme des Masters universitaires autour de l'histoire des voies ferrées, les relations internationales ou l'écologie de la montagne. Nos confrères du « Heraldo de Aragon » évoquent également de possibles activités culturelles, touristiques et hôtelières. Mais cette réouverture d'un édifice mythique ne devrait pas survenir avant trois ans.
Par ailleurs, le ministre a indiqué qu'une entreprise canadienne étudiait le projet d'exploitation d'un train touristique. L'annonce, effectuée la semaine dernière, n'a pas manqué de faire réagir du côté aragonais où, contrairement à la France, on a toujours maintenu des trains jusqu'à la gare de Canfranc, malgré la fermeture de la liaison ferroviaire transfrontalière dans les années 70, après l'effondrement d'un pont côté français.
Pression sur Mariano Rajoy
Le député du Parti socialiste (PSOE) José Ramón Ibáñez s'est tout de suite tourné vers la présidente du gouvernement de l'Aragon pour qu'elle fasse pression sur le gouvernement Rajoy afin d'éviter la suppression ou la réduction des trains vers Canfranc, quand les partis régionalistes le CHA et le PAR embrayaient sur l'aménagement du territoire en Aragon.
Côté français, on attend avec une certaine impatience les arbitrages de Madrid. Notamment du côté du CRELOC (lire ci-dessous), qui vient juste de changer de président, mais se bat toujours pour la réouverture de la voie ferrée Pau-Canfranc. « On attend de voir ce qui sera décidé », estimait cette semaine François Rebillard, qui ajoute aussitôt qu'il ne voit aucune menace sur ce projet malgré les coupes budgétaires sévères en Espagne.
« Vous savez, ce sont les Espagnols qui se sont montrés patients jusqu'à présent. Voilà 42 ans qu'ils attendent que les trains circulent à nouveau côté français ! Certes, psychologiquement, la suppression de la ligne espagnole ne serait pas bonne. Mais on serait mal venus, côté français, de donner des leçons… »
Bernard Uthurry, le maire d'Oloron et vice-président de la Région en charge des transports suit bien entendu l'affaire de près lui aussi. « L'Espagne traverse une crise sans précédent et le gouvernement de Madrid a décidé de porter le fer sur les services publics. En France, ce sont les régions qui compensent le déficit des lignes TER. Et si ce n'était pas le cas, il y en aurait très peu qui fonctionneraient encore », relativise l'élu.
Lequel estime que cette annonce ne doit pas remettre en cause la réouverture de la Pau-Canfranc. « En octobre dernier, la présidente de l'Aragon a réaffirmé sa volonté de voir rouvrir la ligne côté français, et l'améliorer côté Espagnol ». Or, c'est bien côté français que le chantier s'avère le plus pharaonique.
« Pour l'instant, poursuit Bernard Uthurry, nous nous concentrons sur le tronçon Oloron-Bedous. L'enquête publique se poursuit, et on table sur les premiers travaux fin 2013 avec la dépose des rails et de la plateforme. Puis réfection de la voie jusqu'à fin 2015. »
Un chantier estimé à 100 millions d'euros, que la Région Aquitaine est prête à supporter seule. Restera ensuite à convaincre l'Europe de participer pour le dernier tronçon, entre Bedous et le Canfranc…
Source : http://www.sudouest.fr/2012/12/28/canfranc-privee-de-trains-920187-710.php