Marre de tout ce blabla sur le Grenelle de l'environnement mis à toutes les sauces et des fameux Agendas 21 ? Et si, tout à coup, la problématique de l'enfouissement des déchets «ultimes" s'invitait près de chez vous...
20/01/2011 Cyrielle BALERDI
Oui, le traitement et la valorisation des déchets font partie intégrante de ce que l'on nomme communément le développement durable. Tri sélectif, récupération, éco-conception des produits et diminution des déchets en amont... Et en aval ? Le stockage, dernier maillon de la longue chaîne de collecte et de traitement des déchets.
Seuls les déchets ultimes peuvent faire l'objet d'un stockage, appelé plus communément mise en décharge ou encore enfouissement. Le Centre d'enfouissement technique (C.E.T), ou Centre de stockage de déchets ultimes, est destiné à recevoir des déchets en évitant toute pollution. Sa structure et son fonctionnement sont soumis à des règles strictes concernant notamment la protection des sols et la récupération et le traitement des jus.
Miren Amestoy, présidente de l'association Hazketa 2010, revient dans cette interview sur un site qu'elle connaît bien puisqu'elle en est la première voisine : Hazketa. A l'aune des élections cantonales sur Hasparren, la question de l'avenir du traitement des déchets revient, plus brûlante que jamais. En effet, si l'arrêté d'exploitation se termine au 1er juin 2015, les solutions alternatives font défaut. Si, demain (2013), les encombrants de l'intérieur du Pays Basque iront sur le site de Charitte-de-Bas, cela ne représentera que 4 000 tonnes par an. Autrement dit, nous sommes loin des 60 000 tonnes de déchets ultimes réceptionnés chaque année sur Hazketa. Où iront ceux de la côte ? On peut encore tout imaginer...
Tout d'abord pouvez-vous nous présenter l'association Hazketa 2010 que vous présidez?
L'association a été créée en 1995, au moment même où nous avons appris qu'Hasparren deviendrait le centre d'enfouissement de la côte basque. Dès lors, nous avons toujours dénoncé le fait que ce projet était évolutif. Au départ, nous accueillions les DIB, les Déchets industriels banals, du Bab. Aujourd'hui, nous recevons les déchets ultimes de tout le Pays Basque, voir même du département et au-delà. Nous avions raison.
Quel a été son rôle durant toutes ces années ?
Au départ, les riverains se sont regroupés pour tenter de s'opposer à l'installation du CET (collecte, enfouissement et traitement des déchets) dont ils pressentaient qu'il allait prendre de l'envergure. Depuis son ouverture, nous représentons surtout un moyen de surveillance et de pression. On tente de défendre l'environnement et les intérêts des personnes concernées par les nuisances du site d'Hazketa. On fait des visites sur le site et on intervient auprès de la société ou des autorités locales en cas de besoin.
Avez-vous l'impression d'avoir été entendus ?
D'une certaine manière oui, puisque nous avions toujours demandé une réduction de la superficie exploitée, dont une partie est restée longtemps «le ventre à l'air» et dégageait de fortes odeurs. Maintenant, la zone d'exploitation a été réduite de moitié, les déchets sont moins visibles et les gaz mieux récupérés.
Le Conseil général est compétant en matière de gestion des déchets : qu'attendez-vous de votre futur conseiller, qui sera élu sur Hasparren en mars prochain ?
En ce qui nous concerne, on peut considérer que le site d'Hazketa doit fermer en 2014, échéance à laquelle se termine le contrat de Sita France Déchet (SFD), l'exploitant. Le plan départemental 2009 s'est positionné pour cette fermeture. Notre souhait est donc de voir notre futur conseiller général s'engager à dire «stop» pour Hasparren en 2014, et sensibiliser d'autres communes à cette problématique pour faire une proposition réelle. La question du traitement des déchets nous concerne tous et je crois qu'il faut partager le gâteau. Ça ne peut pas être toujours les mêmes qui accueillent. Une fois que notre site sera comblé, une autre zone devra être ouverte ailleurs. Ceux qui se présentent aux élections pourraient prendre leur responsabilité en éclaircissant le sujet et en faisant des propositions concrètes, notamment sur leur propre commune lorsqu'ils sont maires. Ah, c'est sûr, ça n'est pas très porteur auprès des électeurs... mais ce serait faire preuve de solidarité. Il faut donner l'exemple !
Quels sont les désagréments causés par un tel site sur les alentours ?
On n'est jamais tranquille, car il peut y avoir des dysfonctionnements. Et il y en a... Le porchère [appareil pour brûler les gaz, ndlr] peut tomber en panne et occasionner de fortes gênes odorantes. Mais le dernier gros désagrément date de juin dernier, quand les eaux ont été souillées après que plusieurs bassins de la décharge ont été endommagés par les intempéries. Nous avons essayé d'alerter les autorités compétentes, mais personne n'a bougé. Ni Bil ta Garbi, le gestionnaire du site, ni SFD, l'exploitant. Du moins avant que cela ne sorte dans votre journal...
Pensez-vous à l'après ? Qu'est-il prévu pour le site ?
Normalement, les sociétés ont l'obligation de surveiller le site pendant au moins 30 ans. Les liquidates, produits par la désagrégation des déchets ultimes, devront être traités avant d'être rejetés dans l'eau. La porchère devra aussi rester en activité car des gaz continueront d'être rejetés pendant encore des années. L'association restera vigilante.
LA VIE SECRETE DE NOS DECHETS
La nouvelle politique de gestion des déchets ménagers consiste dans «le réemploi, le recyclage ou toutes autres actions visant à obtenir, à partir des déchets, des matériaux réutilisables ou de l'énergie» (loi du 13/07/1992). Cette valorisation peut prendre plusieurs formes : organique, matière et énergétique.
La valorisation organique : le compostage ou la méthanisation.
- Le compostage : consiste à transformer les matières fermentescibles (déchets verts et déchets de cuisine) par des micro-organismes, en présence d'oxygène et d'eau. Le compostage peut être individuel (chez soi avec les déchets de cuisine et de jardin) ou industriel (installations dédiées au traitement des déchets verts).
- La méthanisation : est un procédé de fermentation sans insufflation d'air, qui aboutit à un dégagement de biogaz pouvant être récupéré.
La valorisation énergétique : c'est la récupération de l'énergie à partir de la combustion des déchets dans une unité de traitement des ordures ménagères.
La valorisation matière ou le recyclage par filière : après leur transfert et séparation dans un centre de tri, chaque matériau reprend vie. Les emballages vont servir de matière première pour fabriquer de nouveaux produits.
* Le verre : se recycle à l'infini. Une bouteille sur deux est fabriquée avec du verre recyclé. Une tonne de verre recyclé permet de préserver 660 kg de sable.
* L'acier et l'aluminium se recyclent à l'infini. Ils permettent de fabriquer des vélos, des pièces pour l'industrie automobile, des outils... Une tonne d'acier recyclée permet de préserver une tonne de minerai de fer.
* Le papier et le carton sont recyclables 4 ou 5 fois. 70 % de la pâte à papier des quotidiens est issue de pâte recyclée. 1 tonne de briques alimentaires recyclées permet de préserver 2 tonnes de bois.
* Les emballages plastiques sont transformés en tuyaux, vêtements polaires... Avec 27 bouteilles, on fait un pull en polaire. Une tonne de plastique recyclé permet de préserver 700 kg de pétrole brut.
TRUCS ET ASTUCES POUR MOINS PRODUIRE
Les bons gestes pour moins produire : mieux acheter !
1. Opter pour les éco-recharges : Moins volumineuses, moins lourdes, moins polluantes et aussi moins chères !
2. Eviter les produits suremballés et préférer les grands conditionnements : Moins d'emballage et plus d'économies.
3. Privilégier le vrac pour limiter les emballages inutiles : Produits frais achetés à la coupe ou à la pesée.
4. Pensez bien à utiliser cabas, paniers, ou sacs réutilisables plutôt que des sacs de caisse jetables.
5. Choisir des produits durables et réparables : Prolonger la durée de vie d'un produit en le réparant permet des économies de matières premières plus importantes que celles liées à l'achat d'un appareil neuf, même plus performant.
6. Choisir des produits en matières recyclées ou issus de matières renouvelables : préférer des jouets en bois issus de forêts gérées durablement.
7. Acheter des produits de seconde main : Dans les recycleries, les ventes des associations, dans les vide-greniers.