À Aigné, où des maisons ont déjà été rasées, des habitants ne pourront plus accé Aigné. Une des vingt-huit communes du département concernées par la future ligne à grande vitesse. Rue de Maquère, entre les premières maisons du bourg et la route de Sillé-le-Guillaume, on entend déjà à 2 km de là les engins de chantier qui tracent le sillon.
Une famille relogée pendant deux ans
Nadine et Jean-Louis Pelouard ont fait construire en 1982. Belle maison. Terrain de 2 500 m2. À l’époque, pas question de projet. « Les premiers bruits, on les a eus en 1987 », se souvient le couple. D’année en année, les choses se sont précisées. Aujourd’hui, tout est bordé. Dans quelque temps, la rue de Maquère sera coupée en deux par la ligne TGV. A priori, c’est pour le mois de mai. En bordure du terrain de Jean-Louis Pelouard, il y aura une tranchée couverte que les rames emprunteront. On leur promet des merlons paysagers.
« Et encore, dit le propriétaire comme pour se consoler, nous ne sommes pas les plus impactés. Nos voisins seront à quarante mètres de la ligne. Ils leur ont pris 1 500 m2 de terrain et ils auront un merlon de terre quasiment devant leur porte. »
Le paysage a d’ailleurs déjà changé. Pour la construction de la tranchée, trois maisons ont été rasées. De l’autre côté de la future ligne, en allant vers le bourg, une famille devra être relogée pendant deux ans. Le long de la propriété des Pelouard, c’est un spectacle de désolation. Comme un bombardement. Des arbres déracinés. « Ils sont venus un beau matin pour arracher toute la haie, sans même prévenir. On n’a jamais vu personne. »
Travaux de 6 heures à 22 heures
Et ce n’est que le début. « Quand ils vont commencer à creuser à côté, je ne vous dis pas les vibrations dans la maison. Et on nous annonce des travaux de 6 heures à 22 heures cet été. Il y en aura peut-être aussi certaines nuits. »
Comme d’autres riverains, Nadine et Jean-Louis Pelouard s’inquiètent aussi de la circulation des camions dans le secteur. « Il faudra bien qu’ils passent par la rue de Maquère, même si elle est mise en sens unique. La voirie sera quasiment impraticable. »
Résignés, ils voient leur vie de retraités à côté de la ligne TGV, propriétaires d’une maison dont la valeur va inévitablement chuter. L’effet de souffle, quand les trains entreront et sortiront de la tranchée. L’impossibilité d’accéder au bourg sans faire tout le tour. « On peut comprendre parfois la nécessité de nouvelles infrastructures. Mais dans ce cas, des milliards sont engloutis pour gagner quelques minutes, pour aller à la pêche aux moules. Où est la notion de rentabilité ? »
Philippe LAVERGNE