Elus et citoyens unis à Bayonne le 17 octobre contre le projet de LGV en pays Basque nord. Photo : eitb
Ramuntxo Garbisu - 04/12/2009 | eitb.com |
Le projet de nouvelles voies LGV en Pays Basque nord pourrait ne pas attendre son enquête publique fin 2010 pour voir ses fondements s'effondrer sous la poussée du front grandissant de ses opposants, mais également du fait de l'accumulation de revers que l'opérateur Réseau Ferré de France (RFF) constate en de nombreux points du territoire.
La réunion dite "de concertation" de ce début de semaine à Bayonne, si elle se présentait de prime abord comme un jeu de dupes, aura permis de multiples enseignements, passablement contraires aux desseins de RFF.
La prise de position de l'ancien Maire d'Urrugne Daniel Poulou en faveur de nouvelles voies aura fait sortir Michèle Alliot-Marie de sa réserve qu'elle observait depuis janvier 2009, lui faisant ré-affirmer, hier, dans les colonnes de Sud-Ouest, son opposition de Ministre à un projet n'ayant de sens "ni à court, ni à long terme".
Une voix qui s'ajoute à celle, pas suffisament médiatisée, du Ministre de l'Environnement lui-même, Jean-Louis Borloo, demandant fin juin 2009 à RFF d'emprunter les voies existantes dans le Sud-Est, afin de "s'inscrire dans le respect d'un territoire très contraint avec son relief et ses espaces naturels".
Les tracas de l'opérateur ne s'arrêtent pas là, puisque ce vendredi 4 décembre, la SNCF elle-même défend devant le Conseil d'Etat la nécessité pour RFF de s'engager sur les régénérations des lignes existantes, préférables à de nouveaux tracés.
Ni plus ni moins que les arguments des collectifs pas tant que arc-boutés sur l'utilité de promouvoir le fret et le transport de passagers que le refus de voir le territoire balafré de nouvelles voies.
Est donc débattu aujourd'hui au plus haut niveau de l'Etat ce projet LGV "Bretagne pays de la Loire" estimé non viable au regard de sa faible rentabilité, avec, à l'appui de cet argumentaire, un rapport de la Cour des Comptes sur les estimations jugées exagérée telles que présentées par RFF lors des études publiques.
Pas de scénario différent du côté d'Agen, où un médiateur accepté par RFF a rendu en juin dernier un rapport de 45 pages, où cet ingénieur des Ponts et Chaussées estime la demande réelle de fret largement sur-estimée.
Face à un projet dont la "grandeur symbolique" n'aura convaincu que les grands élus (à la recherche perpétuelle de grandes infrastructures), force a été de constater lundi à la sous-préfecture de Bayonne que l'union des "petits élus", fragilisée au fil du temps dans d'autres régions, ne bouge pas d'un iota en Pays Basque nord.
Et même dans les rangs des Verts, l'avertissement n'est pas sans frais : la tête de liste attendue des Landes, Jacques Papon, a été mis en ballotage défavorable du fait de sa position conciliante avec la création de nouvelles voies LGV dans le département.
Boxeur groggy refusant d'être déclaré KO, RFF devrait mettre un peu de temps à profit pour envisager de rassembler les points d'accords existants (développement du fret et du transport voyageurs, renforcements des gares existantes, réductions des nuisances pour les riverains).
Une attitude d'obstination forcénée et souriante ne permettra pas d'éviter de toute façon ce changement d'époque que l'opérateur refuse également de considérer : avec l'affaiblissement financier des collectivités territoriales (disparition de la taxe professionnelle), même les élus pro-LGV pourraient se retrouver un jour à leur demander combien tout cela va coûter réellement.
Une question que les opérateurs privés se sont posés depuis bien longtemps, à en juger par la tiédeur de leurs engagements sur ce projet...
Source : http://www.eitb.com/infos/societe/detail/307763/pourquoi-rff-risque-perdre-lgv-pays-basque-nord/