31/10/2012 P.M.
Le couple du rail se reforme. Quinze ans après leur séparation, Réseau ferré de France (RFF) et la Société nationale des chemins de fer (SNCF) s’apprêtent à convoler en seconde noce. La nouvelle de ce re-mariage (forcé) entre le propriétaire-gestionnaire du réseau et l’opérateur a été annoncée ce mardi par le ministre des Transports Frédérique Cuvillier.
L’union prendra la forme d’un GIU, Gestionnaire d’infrastructures unifié, regroupant RFF, la direction de la circulation ferroviaire et les cheminots de la SNCF Infra (infrastructure dépendant de la SNCF) soit un total de 50 000 personnes œuvrant à l’entretien du réseau français. Ce GIU, dont la forme juridique reste à définir, sera rattaché à la SNCF au sein d’un “pôle public ferroviaire unifié”, ce qui fait dire à certains observateurs que l’exploitant historique est le grand gagnant des épousailles.
Auquel cas, cela aura-t-il des conséquences sur la poursuite du projet de ligne à grande vitesse (LGV) Bordeaux-Hendaye ? Pour Pantxo Tellier, président de l’association Nivelle-Bidasoa, “il est encore un petit peu tôt pour se prononcer”. Il esquisse néanmoins une piste favorable aux antis : “Le patron de la SNCF Guillaume Pépy annonce depuis longtemps que la SNCF doit se recentrer sur son service premier, le service public, le train du quotidien. S’il applique ces grands principes et ne se déjuge pas, cela peut-être positif pour nous car la grande vitesse est dévolue à une élite : moins de 8 % des usagers du train empruntent le TGV”.
Addition des endettements
Le président du Cade (Collectif des associations de défense de l’environnement) Victor Pachon, s’il ne voit pas autant d’impact potentiel sur le projet LGV, pointe tout de même du doigt le niveau d’endettement du futur “pôle” : “Tout ça ne règle pas le problème de la dette. À eux deux, RFF et la SNCF sont endettés à près de 40 milliards”. Précisément 36,9 milliards en 2011, répartis en 28,6 milliards (source RFF) et 8,3 milliards (source SNCF). La dot de Réseau ferré de France pourrait donc bien être empoisonnée, d’autant que 13 autres milliards se cachent dans un fond opaque appelé Service annexe d’amortissement de la dette (Saad) : “Il s’agit de la dette irremboursable de RFF, celle que l’entreprise ne pourrait pas rembourser en vendant tout son patrimoine”, développe Pantxo Tellier. “L’Etat a tranché le débat sur le mode d’organisation du ferroviaire (RFF aurait souhaité rester seul, ndlr), mais il n’a pas fait la même chose sur le plan financier”, conclut Victor Pachon.
Source: http://www.lejpb.com/paperezkoa/20121031/370055/fr/Pole-SNCF-RFF--frein-pour-grande-vitesse-