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10 septembre 2014 3 10 /09 /septembre /2014 13:38

 

 

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Thierry Jaccaud rédacteur en chef du trimestriel « L’écologiste »


N° 43 Juillet/Août/Septembre 2014


Transition. N’importe quel dictionnaire définit ce terme comme le passage d’un état à un autre. Mais cette définition ne semble pas connue du gouvernement français, qui vient de présenter une loi sous le label »transition énergétique » afin de mettre en œuvre la proposition phare numéro 54 du candidat François Hollande sur la réduction de la place du nucléaire et la fermeture de la centrale alsacienne de Fessenheim.


Quel est donc l’état de départ en matière nucléaire ? La France compte actuellement une puissance nucléaire installée de 63,2 gigawatts. Retenons ce chiffre clé.


Le projet de loi sur la transition énergétique, présenté par la ministre de l’Ecologie Ségolène Royal en conseil des ministres le 30 juillet 2014, prévoit de modifier en profondeur la politique énergétique de la France d’ici à 2050. Son article 55 veut ainsi graver dans le marbre de la loi la limitation du parc nucléaire français à précisément……. 63,2 gigawatts. Il ne s’agit pas d’une coquille. Il s’agit bien très exactement du même chiffre. Et la fermeture de la centrale de Fessenheim n’est même pas mentionnée. Force est de constater que l’emploi du terme « transition » est abusif, pour dire le moins.


C’est à se demander si Nicolas Hulot a vraiment lu ce projet de loi, lui qui réagissait sur Europe 1 en se’ disant » très enthousiasmé » par ce projet de loi, qu’il qualifiait même dans la foulée « d’outil extraordinaire de sortie de crise ».


Il est vrai que les objectifs affichés sont remarquable, variés et nombreux. Le plus spectaculaire est peut-être celui qui vise à diviser par deux la consommation globale d’énergie en France, toutes énergies confondues. Mais à l’horizon…. 2050, autant dire aux calendes grecques.


Dans un véritable tourbillon d’objectifs, avec des échéances plus rapprochées et des déclinaisons concrètes, citons : La réduction de la consommation d’énergies fossiles de 30% en 2030 par rapport à 2012, l’augmentation de la part des énergies renouvelables à 23% de notre consommation énergétique finale brute d’énergie en 2020  et 32% en 2030…. Citons également un plan très ambitieux d’isolation thermique des logements. Et, donc, revenons aux promesses de François Hollande, le nucléaire. En valeur absolue, ce projet de loi prévoit une parfaite stabilité ; mais en valeur relative, il s’agirair de réduire sa part du nucléaire à 50% dans la production d’électricité à l’horizon 2025.


Concrètement donc : la production d’électricité d’origine nucléaire resterait stable et la production d’électricité globale augmenterait fortement, grâce aux énergies renouvelables. Au final, il s’agit d’une loi de programmation d’une forte croissance de la production et de la consommation d’électricité – un volet très important de cette loi consiste par exemple à développer le véhicule électrique.


Qu’en pense AREVA, le constructeur de réacteurs nucléaire français ? Luc Oursel, son président, est lui aussi très content du projet de loi qu’il trouve « très équilibré », et qui « évite le piège d’enfermer le débat sur la seule question du nucléaire » !


Résumons ce projet de loi en deux mots : nucléaire et croissance. La croissance est d’ailleurs la motivation officielle principale du projet de loi, qui est titré : « la transition énergétique pour la croissance verte ». L’exposé des motifs explique fièrement que, pour la première fois, la « croissance verte » sera inscrite dans notre droit national.


Le projet classique de sortie du nucléaire repose sur trois piliers : la sobriété énergétique, les économies d’énergies et le fort développement des énergies renouvelables.


Le projet du gouvernement repose sur un seul pilier : le nucléaire. Comme Ségolène Royal l’a expliqué à la sortie du Conseil des ministres : « le nucléaire reste le socle énergétique de notre pays ». La sobriété énergétique est absente du projet de loi. Les énergies renouvelables sont fortement présentes, mais comme alibi de la poursuite du programme nucléaire français.


Il est prévu que le projet de loi soit présenté début octobre au Parlement pour une adoption en début d’année 2015. Il est encore temps de se mobiliser pour que cette loi entame une réduction de la place du nucléaire et non sa relance.

 

 

 

 

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