Affrontements le 20 novembre 2013 lors du sommet franco italien qui relance le projet de LGV Lyon-Turin
23 novembre 2013 | Par Bob 92 Zinn
Le 31ème sommet franco-italien que se tient à Rome depuis le 20 novembre est l'occasion rêvée pour nos dirigeants de réaffirmer leur volonté de voir aboutir la ligne à grande vitesse qui relierait à l'horizon 2026 Lyon à Turin. Parallèlement le Ministre délégué aux transports français clamait sa volonté politique de voir aboutir l'aéroport HQE des mafieux de Vinci/AGO.
Des sujets de gros sous, l'Union Bancaire Européenne, de sécurité intérieure et extérieure, répression des populations, arrêt des flux migratoires, stygmatisation des Rroms, de politique de défense commune, oppression et pillage des ressources (Areva, Bouygues, Total, Vinci, GDF-Suez, etc) des anciennes colonies, sont à l'ordre du jour. Last but not least, cerise sur le gâteau, le dessert TAV (LGV Lyon-Turin) complète le menu putride d'un sommet franco-italien où des activistes «ont menacé de lancer "l'assaut" pour protester contre le projet phare de TGV Lyon-Turin ».
Dans un communiqué laconique les deux pays "considèrent la nouvelle ligne Lyon -Turin comme un travail en cours et soulignent la priorité de son accomplissement." (…) " Les deux gouvernements se félicitent de la confirmation, renouvelée le 17 Octobre par la Commission européenne de Bruxelles, de la répartition du co- financement par l'Union européenne (jusqu'à 50 % pour les études, enquêtes géologiques et travaux préparatoires et jusqu'à 40 % pour les travaux finaux ). Les deux pays rappellent que ce soutien financier est essentiel à la réalisation des travaux. » (1)
Le siège des sociaux-démocrates (ex-communistes) repeint.
Mercredi 20 novembre, pendant que les zombies qui nous bouffent nos vies se réunissaient au sein d'une grande messe consacrée au diktat des marchés financiers et des entreprises du BTP, le siège historique du Parti Démocrate (PD) de la rue dei Giubbonari était redécoré sans frais par des activistes du NoTav et du Mouvement contre le mal-logement (movimento per la Casa). De sympathiques bénévoles surmotivé.e.s ont tagué de peinture aérosol l’extérieur du bâtiment. «Ils ont essayé d'entrer, ils se sont jetés sur les fenêtres en essayant de briser les grilles mais quand j'ai vu qu'ils taguaient nos symboles, la faucille, du marteau et de la plaque, je suis intervenue et j'ai essayé de les arrêter " (1), affirme Giulia Urso, secrétaire de la section.
Une redéco du siège du PS, rue de Solférino, en 2014 ?
Notre-Dame des-Landes relancé
Reboosté par une communauté Européenne, toute acquise à la cause des multinationales et des lobbies industriels, qui décide d'accorder son feu vert à une aide publique d'État de 150 millions d'euros, Philippe Cuvillier déclarait dans les pages de Stress Océan (2) du vendredi 22 novembre « je souhaite qu'il soit construit et je ferais en sorte qu'il puisse l'être. » plus loin le forcené ministre nous resservait jusqu'à la nausée l'argument béton (sic) de tout bon capitaliste qui se respecte « Cet aéroport répond à une nécessité de croissance. »
Le PS et l'UMP sur une même longueur d'ondes et de portefeuilles d'actions
Pas moins de 11 ministres se sont déplacés à Rome et les infrastructures ferroviaires sont l'un des sujets principaux débattus si l'on sait que 60 parlementaires français ont lancé un appel à François Hollande afin d'accélérer le calendrier des travaux. L'enthousiasme est le même à l'UMP qui a officiellement fait savoir son attachement désintéressé à la LGV Lyon Turin et à l'Aéroport HQE d'Ayrault/Vinci/AGO.
En 24 heures, deux grands projets inutiles parmi les plus contestés d'Europe sont relancés par l'alibi ultime du capitalisme : la sacro-sainte croissance que les partis politiques nous font bouffer par toutes les pores de notre peau.
Deux symboles de la lutte anticapitaliste se retrouvent sous les feux croisés des deux gouvernements qui clament leur foi au béton-armé et se succèdent aux affaires dans les deux pays.
L'Union Européenne complète le tableau, renforçant de fait l'idée d'une réponse répressive qui serait en capacité de faire avancer une bonne fois pour toute les deux projets de concert. Projets à l'arrêt grâce à une mobilisation très importante en Italie comme en France et la détermination des opposant.e.s. Seuls des enjeux électoraux, qui risquent de rabattre les cartes d'un PS hégémonique sur tout le territoire français, sont en mesure de freiner (pour quelques mois) les velléités d'un appareil répressif d’État incapable d'endiguer la contestation.
Hollande prend ses désirs pour des réalités
En évoquant un début des travaux fin 2014 pour la LGV Lyon-Turin de concert avec son homologue italien et en tenant compte de la sortie médiatique synchrone de son Ministre délégué aux transports, qui braille haut et fort la reprise des travaux à NDDL d'ici peu, il est clair que la volonté est de voir éradiquer conjointement en Italie comme en France toute contestation politique (anarchistes, autonomes, insoumis.e.s, etc). Par quels moyens ? Les plus répressifs possibles à n'en pas douter.
De la Vernée aurait mieux fait de la fermer lui-aussi
La méthode Coué pratiquée par le Préfet de Loire Atlantique De la Vernée n'a pas porté ses fruits jusqu'à présent dans le dossier de l'aéroport, il faut bien le reconnaître.
Le 16 octobre 2012, ce sombre crétin haut-gradé se ventait devant les médias bourgeois d'avoir évacué la ZAD de NDDL 5 heures après le début de l'opération César. Il doit s'en mordre encore les doigts aujourd'hui.
Vinci touche le fond.
Toujours vendredi 22 novembre, un énième titre racoleur de Stress Océan annonçait « Les anti-aéroports comblent des marres ». Un Vinci à la ramasse lançait une énième procédure au pénal pour dénicher les coupables d'avoir rebouché 4 marres de compensation écologiques creusées pour les espèces protégées déplacées.«C'est un acte répréhensible qui relève du pénal. Une plainte à donc été déposée, une enquête est en cours » déclarait Vinci/Ago dans un communiqué. On leur souhaite bon courage pour la suite qui ne s'annonce pas des plus rose.
Suicide mode d'emploi
13 mois ont passé depuis, et les enjeux électoralistes des municipales et européennes laissent les socialistes dans l'impasse. Une attaque de la Zone à Défendre serait suicidaire politiquement. Le sourire béat d'un dirigeant fantôme, Hollande, qui relance grâce à son inaction politique deux grands projets très contestés, dopé par une qualification des bleus oh combien attendue (et bien juteuse pour TF1 et consort), ne change en rien cet état de fait.
Le soutien au gouvernement saucialiste d'un UMP en mort cérébrale à un démarrage de travaux NDDL/NoTav courant 2014 est une bonne occasion pour le feu parti gaulliste de se refaire une santé politique à moindre frais.
2014, du pain et des feux
Le mondial brésilien, très contesté à l'intérieur même de la société civile brésilienne (l'argent public est dilapidé dans la construction de grands stades et infrastructures), sera le terrain d'autres enjeux bien plus mouvementés que la course sponsorisée d'un ballon rond, arme ultime de contrôle social, qui risque, et c'est tant mieux, de ne plus faire illusion longtemps.
Les luttes indigènes, quilombolas, du Movimento Sem Terra, des communautés des favelas déplacées par quartiers entiers pour cacher la misère sociale aux yeux des touristes, les grèves d'une fonction publique sacrifiée sur l'autel du dieu profit, les professeurs de Rio protégés par les Black Bloc des assauts de la police, toute une jeunesse dans la rue pour des services publics gratuits (transports, éducation, santé, logement) font de ce mondial de foot le lieu de toutes les contestations sociales.
Face à la destruction du vivant...
« Sur les questions de l'aide financière aux pays du sud, les gouvernements ont craché aux visage de ceux qui souffrent du changement climatique. » Kumi Naidoo
La conférence de l'ONU à Varsovie sur le climat, qui s'est achevée ce vendredi, s'est soldée par un échec cuisant. La Pologne bloque les négociations, embourbée dans des contrats juteux avec Chevron et consort sur l'exploitation de gaz de schistes. Les USA, le Canada et l'Australie reculent sur leurs engagements passés aveuglés par le modèle économique libéral qu'ils vénèrent. Le Japon annonce une augmentation de ses émissions de CO2, etc
L'objectif de réduire à deux degrés le réchauffement climatique planétaire d'ici à 2050 est voué à l'échec alors que le modèle économique mortifère dominant nous mène tout droit vers un chaos social et environnemental, vers une planète probablement plus chaude de 4-5 degrés dans une trentaine d'années.
Pologne, comble du cynisme le plus abjecte, qui organise lors de la conférence sur le climat un sommet mondial du charbon en plébiscitant l'exploitation des gaz de schiste. Discuter d'une réduction globale et rapide des émissions de CO2 est quelque peu illusoire alors que cette farce sert de tremplin à la cause du réchauffement climatique, l'oligarchie capitaliste, lobbyiste suprême des énergies fossiles.
La conférence sur le climat de Paris de 2015 ne sera qu'une pitrerie médiatisée de plus d'une oligarchie aveugle et sourde qui n'a que pour seul objectif le profit immédiat, responsable d'un désastre écologique planétaire sans précédent.
...Résistance
La lutte à NDDL comme dans le Val de Susa a de beaux jours devant elle et il y-a fort à parier qu'il ne s'agit pas que d'une question de développement de méga infrastructures (plus que jamais obsolètes) mais surtout de s'attaquer à tout type d'alternative à un système décadent, le capitalisme et à son modèle économique dominant, le libéralisme.
Système qui n'est plus en capacité de faire face à une contestation radicale liée à l'urgence écologique et sociale. L'abandon où le report de plusieurs grands projets annoncés par Ayrault était un mensonge bavé de plus.
Deux nœuds de rébellion, parmi tant d'autres (Khimky, Stuttgart 21, Belo Monte, Chiapas, Atenco, Idle no More, etc) entravent le bon déroulement économique de la machine néolibérale. C'est un des axes du mécanisme qui est grippé.
Il faudrait à nos élites les capacités répressives de leurs ambitions (encore un petit effort à l'extrême droite, Valls) en détruisant toute contestation dans le Piémont, à NDDL où ailleurs et trouver une légitimité politique désormais impossible à atteindre car injustifiable, voire obscène aux yeux d'une partie grandissante de la population.
(1) http://qn.quotidiano.net/cronaca/2013/11/20/985224-manifestazione-no-tav-roma.shtml
Presse Océan du 22/11/2013 : Cuvillier : l'aéroport sera construit ».