2/03/11 | 07:00 | Joel Cossardeaux
RFF peine à boucler le financement de la future ligne TGV Tours-Bordeaux. Certaines collectivités, quand elles n'imposent pas leurs conditions, comme vient de le faire la région Midi-Pyrénées, s'opposent au principe même d'une participation.
L’opposition des écologistes, le Conseil régional de Midi-Pyrénées a voté lundi sa contribution de 102 millions d'euros au financement du TGV Tours-Bordeaux. Mais à une condition : que la ligne soit bien prolongée jusqu'à Toulouse d'ici à 2020. « Nous ne paierons que de 60 % à 70 % de notre contribution pour Tours-Bordeaux tant que les travaux du barreau Bordeaux-Toulouse ne seront pas lancés », a affirmé son président, Martin Malvy (PS). Il n'exclut pas non plus d'imiter la région Poitou-Charentes si l'offre d'avance remboursable émise par Ségolène Royal en lieu et place de son concours (« Les Echos » du 23 février) était retenue. Dans les Hautes-Pyrénées, certains élus se font aussi tirer l'oreille. Ceux du conseil général et de la communauté d'agglomération du Grand Tarbes demandent une ristourne de 50 % sur leurs participations (28,5 et 11,5 millions d'euros) et un engagement ferme sur la réalisation d'une desserte à grande vitesse Bordeaux-Pau-Tarbes. Plus catégorique, le Conseil général du Tarn refuse de payer pour une ligne qui n'empruntera pas son territoire. Dans le Tarn-et-Garonne, où une gare sera implantée près de Montauban, le département attend de connaître le sort fait à ses requêtes sur le tracé avant de voter sa participation de 6,9 millions.
Un suspense entretenu
En Aquitaine aussi, les élus regimbent. D'emblée, ceux de la communauté de communes Sud Pays basque (Guéthary, Hendaye, Saint-Jean-de-Luz...) et des deux communautés de communes du bassin d'Arcachon ont refusé tout net de signer. D'autres font durer le suspense. Les départements des Pyrénées-Atlantiques (79 millions) et de la Dordogne (15 millions) ont différé leurs délibérations pour continuer à négocier. Dans les Landes, département sollicité pour 35 millions, Henri Emmanuelli va jusqu'à remettre en cause le calcul de la participation financière de RFF qui pèse sur celle des collectivités. « Il nous semble que RFF a minoré les bénéfices qu'il va tirer de sa participation au projet tout en constituant des provisions pour risques excessives. Et dans des proportions telles que la contribution des collectivités pourrait même ne pas être appelée ! », Signale une note technique du conseil général. Fort de ce raisonnement, son président propose de signer « un accord provisoire pendant la durée duquel le calcul de la part de RFF serait établi ». En Poitou-Charentes, 4 des 14 collectivités conviées à mettre au pot, refusent de s'exécuter : les communautés d'agglomération de Niort et de Saintes, le département des Deux-Sèvres et surtout la région. Sa présidente, arguant que l'ouvrage à venir « relève de la stricte compétence de l'Etat », s'oppose au principe même d'une participation (103 millions). Les autres collectivités récalcitrantes font peu ou prou la même analyse.
Pas de chèque en blanc
Quant à celles qui ont accepté de payer, hormis le département de Charente-Maritime, que préside Dominique Bussereau, secrétaire d'Etat aux Transports jusqu'en novembre 2010, elles l'ont fait du bout des lèvres. L'agglomération d'Angoulême n'y a consenti (pour 10 millions) qu'avec la garantie que le TGV s'arrêterait chez elle. Celle de La Rochelle a fait valoir le même type de considération.
Ailleurs, certains se demandent comment va évoluer leur participation. « Nous en avons voté le principe, mais nous n'avons pas signé la convention. Nous attendons de savoir qui paiera pour ceux qui n'y vont pas », fait valoir Robert Richard, président (PS) de la communauté de communes de Cognac. « Pas question de signer un chèque en blanc, nous ne voulons pas voir notre participation augmenter par la suite en fonction des refus de financement d'autres collectivités », lui fait écho Jean-Pierre Tallieu, son homologue (divers droite) de Royan. RFF, qui doit réunir auprès des collectivités près de 1,5 milliard d'euros, n'est pas au bout de ses peines.