21/12/2012 P.M.
Il ne regarde plus passer les trains depuis bientôt six mois. Lancé en novembre 2011 pour évaluer l’opportunité de construire une ligne à grande vitesse entre Bayonne et Hendaye (LGV Pays Basque), l’Observatoire dit “des trafics et des évolutions économiques à la frontière franco-espagnole” serait aujourd’hui à l’arrêt.
Le Collectif des associations de défense de l’environnement (Cade, membre de cet Observatoire), fait le constat de cette suspension. “Entre octobre et juillet, on a eu quatre ou cinq réunions, à peu près une tous les deux mois. Là, c’est silence complet depuis le 10 juillet”, observe le porte-parole du mouvement, Victor Pachon.
Multiplication des TER
Pour les “anti”, le porteur du projet, Réseau ferré de France (RFF), serait gêné aux entournures : “L’Observatoire a fonctionné car on n’y parlait que d’une chose : la multiplication théorique de TER, à quatre vitesses différentes, qui amenuiserait la capacité des voies existantes”, explique V. Pachon, avant de préciser que même ce point fait débat : “En 2006, le besoin exprimé par RFF était de 50 TER par jour. On disait que ce serait exagéré, que 30, ce serait bien. Tout d’un coup, c’est 80 qu’il en faudrait. On sait en fait pourquoi : les trains de fret, qui étaient estimés à 196 en 2006, sont à 98 aujourd’hui.”
Sujets tabous ?
Ce désaccord exprimé, deux thématiques resteraient en revanche taboues. “Nous voulons parler des travaux sur la ligne existante, qui feront passer le pont de fer de 240 trains par jour à 298. Et même 320 si l’on y ajoute le stationnement central à la gare de Bayonne. RFF prétend que ces travaux apportent juste du confort. Mais on s’est procuré un document dans lequel l’entreprise détaille l’apport capacitaire. On veut en discuter, le préfet répond que non”, déplore V. Pachon.
Autre “non-dit” : les prévisions de croissance des Etats français et espagnol. “Le document réalisé à la demande de Nathalie Kosciusko-Morizet datant de juillet 2011 [CGEDD, ndlr], dit qu’à cause de la crise de 2008, une décennie a été perdue pour la saturation de la ligne existante. Il ajoute que si la croissance se maintient à un rythme soutenu en France et dans la péninsule ibérique, la saturation se fera en 2030-2035.” Et de pointer que “l’Espagne est à -1,8 %, le Portugal à -3,3 % et la France à 0,3/0,4 %”. L’Observatoire ne serait pas pressé de se saisir de cette question : “On nous dit ‘Oui, on le fera un jour’…”. Sollicité, le sous-préfet ne nous a pas rappelés.