19/10/2011
Les nouvelles voies LGV qui traverseront le Pays Basque seront aidées et reliées à des partenariats public-privés "incitatifs", recommande Bruxelles, mais les travaux seront à réaliser avant 2030.
Rompant avec les différences relevées par le rapporteur Etienne Davignon entre les options présentées par l'Espagne et la France sur leur interconnection transfrontalière, la Commission Européenne vient de donner un grand coup d'accélérateur au projet de nouvelles voies LGV entre Paris, Madrid et Lisbonne, en retenant cet axe ferroviaire dans ses priorités de financement tel que l'a dévoilé ce mercredi le Commissaire européen aux Transports, Siim Kallas.
La Commission Européenne a ainsi dévoilé ses 10 priorités d'investissements pour la création d'axes ferroviaires européens pour la période 2014-2020, doté de d'un fonds global de 32 milliards d'euros, au sein desquels a été choisi l'axe dit du "Corridor Atlantique", traversant le Pays Basque nord et sud.
Comme première conséquence acquise, même si "tous les pays ne pourront pas recevoir de l'argent de l'Europe", prévient la Commission, un soutien sera engagé, de 15 à 30% pour les axes prioritaires, allant jusqu'à 40% des travaux envisagés dans le cas de connections transfrontalières, "dans la mesure où les Etats trouveront la capacité de subvenir au reste".
Après deux ans de travaux pour parvenir à cette synthèse, sous l'égide du nouveau rapporteur européen Carlo Secchi, les transports transfrontaliers européens ont été définis comme la "nouvelle grande priorité" de la Commission, avec une dotation de 31,7 milliards d’euros, contre 9,2 milliards d’euros pour les infrastructures numériques, et 9,1 pour les réseaux d'énergie.
Ce nouveau "Fonds infrastructures" viendra compléter les aides directes européennes via divers instruments financiers, comme des prêts, des garanties, des fonds d’investissement ou encore des emprunts obligataires européens.
Les propositions de la Commission européenne doivent désormais être négociées avec les 27 Etats-membres et votées au Parlement européen, mais Siim Kallas les a présentées comme "un changement fondamental dans la politique européenne des transports".
Selon ses voeux, le réseau européen de transports devrait permettre à terme de faciliter les interconnections européennes entre 83 ports, 37 aéroports, par la réalisation de 15.000 kms de nouvelles voies LGV.
De l'avis de la Commission Européenne, des critères économiques très strictes auraient anticipé toute menace sur le fait que ces investissements très lourds soient annulés du fait de coupes budgétaires dans les pays concernés.
"Nous allons compléter les réseaux d'infrastructure en Europe en construisant enfin les maillons qui leur manquent", a résumé le président de la CE José Manuel Barroso, "et qui, sans nous, continueraient à faire défaut. Cet investissement stimulera la croissance et la création d'emplois et, simultanément, rendra le travail et les transports plus simples pour des millions de citoyens et d'entreprises en Europe".
Pour être aidé, le corridor Atlantique devra être réalisé avant 2030
Concernant le Corridor Atlantique, qui doit permettre de relier Paris à Madrid et Lisbonne, en passant au Pays Basque nord par Bordeaux, Bayonne et Hendaye, la CE a qualifié le tronçon Tours-Bordeaux "d'exemple innovant de montage financier", tout en souhaitant réaliser rapidement "la construction des tronçons manquants dans le réseau principal".
Le prolongement de ce corridor Atlantique doit permettre de relier Bordeaux à la frontière d'Hendaye (Pays Basque nord), puis Irun (Pays Basque sud) à Madrid, Bilbao et Valladolid.
Dans l'objectif de la CE, le tronçon de raccordement entre l'Espagne et la France, dit "Bergara - San Sebastián - Bayonne" devrait être finalisé en 2020 selon ses voeux, au plus tard 2030.
La CE estime également nécessaire de "repêcher" la section Madrid-Lisbonne, pourtant écartée par le gouvernement portugais pour cause de crise financière.
Condition posée par l'Europe : les réalisations aidées devront être finalisées avant 2030, quand, pour le passage du Pays Basque nord, le projet fait l'objet d'une observation des voies actuelles jusqu'à détermination de leurs saturations, "au minimum en 2035".
En pleine tempête financière, l'Espagne a donc fait connaitre sa satisfaction d'intégrer ce programme d'investissements pour la création d'un réseau européen de transports, autant pour les voyageurs que pour le fret, et a avancé la possibilité de réunir près de 50 milliards d'euros pour réaliser les projets qui la concernent.
La traversée Pau-Canfranc pas retenue avant 2030
Pour l'Espagne, ont également été retenus en sus le corridor Méditerranée (de Séville à Perpignan, en passant par Barcelone) et le corridor Central (de la Catalogne vers Madrid).
Par contre, la Commission européenne n'a pas retenu le projet de traversée centrale des Pyrénées, entre Pau et Canfranc, d'une part parce que "les études sur sa viabilité sont en cours" et que, d'autre part, l'obligation de réaliser de nombreux tunnels rend le projet plus "complexe".
Pour cette raison, il n'intègre pas le phasage 2014-2020, mais devrait être repoussé au moins jusqu'en 2030, selon les voeux de la Commission, qui pourrait aidera la motié des études complémentaires, estimées à 110 millions d'euros, notamment pour la création d'un tunnel de 40 kms de long dans le massif pyrénéen.
L'Europe invite à des partenariats "public-privé"
Bruxelles espère ainsi susciter des "effets de levier" pour attirer les capitaux privés et susciter des partenariats public-privé.
La Commission européenne proposera également de lancer des "emprunts européens" pour financer ces grands projets d'infrastructures de transports transeuropéens, comme l'a signifié le commissaire au Marché intérieur, Michel Barnier.
Des emprunts spécifiques pourraient être émis sur le marché à partir de 2014 avec le soutien de l'UE, quand Bruxelles estime que les investissements nécessaires pour les transports transfrontaliers s'élèvent entre 1.500 et 2.000 milliards d'euros d'ici à 2020.