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7 juin 2013 5 07 /06 /juin /2013 07:25

 

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06/06/2013 Pierre MAILHARIN


Le secret était bien gardé. 27 décembre 2010 : 494 citoyens se portent acquéreurs en indivision de deux terrains d’environ 860 m2 (410 et 450) entre Mouguerre et Saint-Pierre-d’Irube, susceptibles d’obstruer le tracé futur de la LGV. Deux ans et demi plus tard, le Cade, Collectif des associations de défense de l’environnement, révèle au public sa manœuvre.


“À l’époque, nous avions obtenu le tracé de RFF [Réseau ferré de France, porteur du projet LGV Bordeaux-Hendaye, ndlr]. Trois ans de concertation ont abouti au même tracé”, ironise Victor Pachon du Cade. “Maintenant, il faut que tout le monde vende tout pour que RFF puisse acheter ces terrains.”


Pousser RFF à l’expropriation 

Les 494 propriétaires, opposés à la construction d’une LGV à travers le Pays Basque Nord, n’ont bien sûr pas l’intention de céder leur lopin de terre à RFF. L’astuce consiste donc à pousser l’entreprise publique dans ses retranchements. “Il faudra qu’elle nous fasse un procès en expropriation, procès qui s’annonce remarquable médiatiquement”, savoure Victor Pachon. Parmi les acheteurs des deux parcelles, perpendiculaires au parcours retenu, figurent notamment le député européen écologiste José Bové ou la veuve de l’ex-maire de Bordeaux Micheline Chaban-Delmas. Chaque copropriétaire a déboursé 20 euros, l’opération se chiffrant à quelque 10 000 euros.


L’initiative s’inscrit dans un “contexte particulier”, rappelle Victor Pachon. Sur le site de GPSO (Grand Projet du Sud-Ouest, Bordeaux-Hendaye et Bordeaux-Toulouse), RFF annonce l’enquête publique du projet Bordeaux-Hendaye “à l’automne” 2013. C’est une fois celle-ci achevée que l’entreprise publique pourra se lancer dans des procédures d’expropriations.


Dans le même temps, deux rapports hexagonaux, les rapports Auxiette et Bianco, “sonnent pratiquement le glas des LGV”, souligne le porte-parole du Cade. Un troisième, “Mobilité 21”, doit être rendu prochainement. “Il semble que nous soyons classés dans le groupe 3, celui des projets qui ne verront pas le jour avant 20 ans. Dans ces conditions, l’enquête publique du mois d’octobre nous semble illégitime”, conteste-t-il avec les siens.


D’ici là, le Cade continuera à “s’opposer de toutes ses forces” aux arrangements à l’amiable proposés par RFF, comme il a pu le faire à Saint-Martin-de-Seignanx le 29 mai. Il appelle les autres propriétaires touchés par le tracé “à n’accepter aucun arrangement à l’amiable avec RFF” sous peine “d’être les perdants de l’affaire, si la LGV ne se fait pas au final”.


Une initiative secrète et prise “bien à l’avance” 

Rendue publique hier lors d’un point presse à Bayonne, la manœuvre des 494 copropriétaires est le fruit d’un timing quasi millimétré. “On s’y est pris bien à l’avance, pour que RFF ne puisse pas intervenir”, a justifié V. Pachon, porte-parole du Cade.


Les démarches auprès de deux propriétaires de Saint-Pierre-d’Irube et Mouguerre ont débuté à la fin de l’année 2010, pour aboutir à l’acte notarié le 27 décembre de la même année.


Entre-temps, le préfet des Pyrénées-Atlantiques a pris un arrêté dit de “sursis à statuer”, permettant notamment à RFF d’être mis au courant des transactions sur le tracé potentiel de la LGV. Cet arrêté a été signé le 26 octobre et publié le 29 novembre. Trop tard pour RFF, qui n’a pu s’apercevoir de la combine des opposants, les formalités ayant déjà été effectuées. Contacté, RFF n’a pas souhaité réagir à l’action du Cade.



Source: http://www.lejpb.com/paperezkoa/20130606/406566/fr/LGV--500-coproprietaires-sur-le-trace

 

 

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