Photo prise à Hendaye par ACE
Lettre ouverte à MM. les maires et M. le président de la Cté de communes Sud Pays Basque
L'opinion - Tribune Libre
03/11/2010
Serge Harismendy / Apiculteur amateur
L'abeille est désormais bien connue pour être la sentinelle de l'environnement. En cette fin d'année 2010, l'abeille lance un signal très fort, que les apiculteurs ont le devoir de relayer vers vous, responsables de nos collectivités.
Arrivés au Pays Basque en nombre limité en 2009, les frelons asiatiques se sont installés un peu partout en 2010. De chaque nid, à la fin de cet automne, vont s'échapper des dizaines et jusqu'à une centaine de femelles fécondées qui vont aller s'enterrer ici ou là pour hiberner dans le sol. Dès le mois de mars, une partie de ces femelles va se réveiller, s'alimenter puis aller fonder de nouveaux nids ; si donc rien n'est fait, le nombre des frelons asiatiques va exploser en 2011.
Quelles en seront les conséquences ?
- La pression exercée sur les ruches va devenir terrible : déjà au début de cet automne un nombre significatif de ruches à Saint-Jean-de-Luz, à Bidart, à Guéthary, à Sare, à Ascain et dans toutes nos communes, a péri. Elles ont été privées de leurs abeilles gardiennes par les frelons puis dévastées par ceux-ci dès qu'ils ont pu y rentrer. Beaucoup d'autres ruches, affaiblies sans avoir succombé, entreront dans l'hiver en état de moindre résistance et périront donc avant la fin de l'hiver. Il s'en suivra qu'à court ou moyen terme la pollinisation printanière sera affectée et donc également les rendements fruitiers et maraîchers.
- Pour la population en général, ces insectes ne présentent individuellement pas davantage de danger que notre frelon européen (vespa crabo). Toutefois, ils vont causer une gêne très importante en raison du nombre de nids que l'on s'attend à voir en 2011 et donc au très grand nombre d'individus qui vont apparaître, sachant que :
- lorsqu'il se sent menacé vespa velutina attaque sous forme d'essaims importants, ce que ne fait pas vespa crabo.
- la population d'un seul nid est en moyenne dix fois plus importante (3 000 individus) que celle des nids de vespa crabo (300 individus), ce qui explique la pression formidable que ces insectes exercent sur notre environnement.
- les vespa velutina ne tuent les abeilles que pour nourrir leurs larves, mais eux-mêmes sont friands de protéines (poisson, viande) et on les voit déjà sur les marchés en plein air venir se servir, mais ils sont aussi friands de pollen et sur certains arbustes à floraison tardive on peut trouver en ce moment des dizaines d'individus tout au long de la journée.
- les nids qui ont été repérés sont en majorité dans les zones urbanisées.
Que pouvons-nous faire ?
Dans l'immédiat une seule chose est possible : détruire très vite tous les nids repérés avant que les femelles fécondées ne les aient quittés pour aller s'enterrer.
Pour cela il conviendrait :
- que les responsables de collectivités incitent leurs concitoyens à signaler les nids existants qui, placés au sommet des arbres sont en train d'apparaître avec la chute des feuilles (création d'une prime pour le premier signalement d'un nid ?).
- que les collectivités prennent financièrement en charge la destruction des nids qui n'est entreprise que par des sociétés spécialisées dont les tarifs sont assez élevés (150 à 400 euros suivant l'accessibilité... et qui pourraient faire l'objet d'une négociation globale). La procédure normale consistant à identifier le propriétaire du terrain où se trouve le nid, puis à le mettre en demeure de faire cesser le danger présenté par ce nid, puis à attendre que le propriétaire s'exécute est beaucoup trop longue et aléatoire quant à son issue, compte tenu des délais dont nous disposons pour agir.
Ultérieurement, au début du printemps, il conviendra de promouvoir une campagne de piégeage, avec des pièges simples, pour attraper les femelles sortant d'hibernation avant qu'elles n'aient eu le temps de démarrer les nouveaux nids (puisqu'il semble que les nids d'une année ne soient pas réutilisés l'année suivante). De nouvelles consignes officielles seront sans doute données d'ici là.
Voici donc, Messieurs les maires et président de communauté de communes, les avertissements et les propositions de quelques apiculteurs de vos communes qui ont déjà attiré votre attention sur ce fléau. Notre activité est en péril, mais les risques que font peser vespa velutina sur l'agriculture, le tourisme et la vie quotidienne de nos concitoyens vont bien au-delà de notre activité et c'est à vous désormais de vous saisir de ce problème.