Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
5 décembre 2014 5 05 /12 /décembre /2014 18:17

 

 

698227-sauternes.jpg

Le raisin utilisé pour la fabrication de vin liquoreux est recouvert d'un champignon, que seul le micro- climat du Bordelais fait apparaître. (Mehdi Fedouach. AFP)

 

 AFP 4 décembre 2014 à 18:01

 

 Les producteurs de vin liquoreux se soulèvent contre la future ligne à grande vitesse Bordeaux-Dax. Un TGV qui pourrait perturber le micro-climat dont bénéficie le raisin, et qui donne tout son sucré au vin de Sauternes.


Le sauternes menacé par un train ? C’est ce qu’affirment les producteurs des grands vins liquoreux de Bordeaux et des élus locaux qui redoutent que la future ligne à grande vitesse (LGV) Bordeaux-Dax ne perturbe le fragile micro-climat permettant la fabrication de ces vins uniques au monde.


«Nous appelons tous les défenseurs des vins liquoreux à faire part de leur mécontentement», a lancé Philippe Dejean, président de l’Union des vins liquoreux de Bordeaux. Ce groupement réunit onze AOC, dont la plus prestigieuse d’entre elles, celle de Sauternes et Barsac qui compte une trentaine de grands crus classés 1855 parmi lesquels le château d’Yquem.

 

 Certes, la ligne ferroviaire prévue pour 2027 ne passerait pas directement sur les terres de ces AOC mondialement connues. Mais elle traverserait la zone humide de la vallée du Ciron, classée Natura 2000, au risque de dérégler son micro-climat si particulier, avertit Philippe Dejean, qui se dit «très inquiet».


Mise en danger d’une brume matinale

Les liquoreux de Bordeaux ne doivent en effet leur existence qu’à une brume matinale générée par les eaux froides de la rivière Ciron - «à température de la terre» précisent les viticulteurs - qui se réchauffent à leur arrivée sur la plaine de Sauternes. C’est ce brouillard qui permet l’apparition sur les grappes d’un champignon, le botrytis, qui va confire les grappes et donner au jus de raisin son arôme spécifique.


«C’est ça, le moteur de nos AOC!, insiste le président de l’organisme de défense et de gestion de Sauternes, Xavier Planty. Et si les eaux du Ciron se réchauffent, la formation du brouillard sera plus compliquée. On ne peut pas prendre le risque de tout foutre en l’air», prévient-il.


Impact environnemental

Outre les risques potentiels pour les vignobles, de nombreuses autres voix s’élèvent pour dénoncer l’impact qu’aurait la LGV sur l’environnement et ce paysage du Sud-Gironde. Le syndicat d’aménagement mixte du bassin-versant du Ciron estime que ce secteur, l’un des plus préservés, «va se retrouver complètement enclavé par les voies et défiguré par l’implantation de nombreux franchissements, dont trois viaducs». Il rejette «ce projet destructeur sur le plan environnemental, issu d’une politique de développement des infrastructures de transport dépassée et économiquement non-pertinente».


L’étude de faisabilité du Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO), qui comprend les lignes Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax, a été confirmée par le gouvernement à l’automne 2013. Réseau ferré de France (RFF), opérateur du projet, assure pourtant avoir «fait des études d’impact». Cela n’a semble-t-il pas suffi à convaincre les détracteurs de tout poil : «tous les petits élus, les associations de défense de l’environnement, les sylviculteurs, les chasseurs, les viticulteurs», détaille le député PS de la Gironde, Gilles Savary, qui y voit «une opposition autrement plus représentative que celle du barrage de Sivens» dans le Tarn.


Vers la Cour de justice européenne

Au terme de l’enquête publique, un rapport de synthèse sera remis au Conseil d’État qui émettra un avis que le gouvernement pourra suivre ou non. Mais les viticulteurs envisagent déjà de «saisir la Cour de justice européenne». «La protection des AOP est contradictoire avec ces projets du gouvernement. C’est une faute, cela remettrait en cause la notion de "lien au terroir" très claire dans le cahier des charges de notre appellation protégée par l’Union européenne», insiste Xavier Planty.


Le Comité interprofessionnel des vins de Bordeaux demande lui aussi «des éclaircissements» à RFF et «une véritable enquête menée sans a priori». Car «aujourd’hui rien n’existe» quant à l’impact des travaux sur les Sauternes, souligne son président, Bernard Farges.


 

Source : http://www.liberation.fr/societe/2014/12/04/le-sauternes-menace-par-une-ligne-a-grande-vitesse_1156827

 

Partager cet article
Repost0

commentaires